La fusillade, la prison, l’attente du procès, le slam… L’ex-attaquant des Bleus Tony Vairelles se confie

par Hamza HIZZIR
Publié le 8 janvier 2018 à 11h21
La fusillade, la prison, l’attente du procès, le slam… L’ex-attaquant des Bleus Tony Vairelles se confie
Source : JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

FOOTBALL – Ex-gloire du RC Lens et de l’OL, Tony Vairelles vit, à 44 ans, une après-carrière bien difficile. Mis en examen pour son implication présumée dans une fusillade, l’ancien attaquant, passé depuis par la case prison, attend désormais l’issue d’une interminable procédure.

Les footballeurs professionnels, quand ils évoluent au plus haut niveau, passent l’essentiel de leur carrière dans un cocon doré, où tout leur est servi sur un plateau tandis qu’ils gagnent bien plus grassement leur vie que la moyenne de leurs concitoyens. Lorsque celle-ci prend fin, généralement entre leurs 30 et leurs 40 ans, le retour sur terre peut s’avérer brutal. Beaucoup connaissent des déboires financiers, comme l’ex-défenseur d’Arsenal Emmanuel Éboué, devenu SDF. Tony Vairelles a, lui, vécu une descente aux enfers peu banale, qui l’a notamment conduit à passer cinq mois en prison début 2012. Il raconte cette expérience, qui n’a pas encore pris fin, ce lundi dans Le Parisien.

La date du procès toujours pas fixée

C’est fin 2011 que sa vie a concrètement basculé : trois videurs d’une boîte de nuit d’Essay-les-Nancy (Meurthe-et-Moselle) sont alors grièvement blessés dans une fusillade qui aurait impliqué l’ex-attaquant des Bleus et trois de ses frères, tous mis en examen dans la foulée pour tentative d’assassinat. "Moi, à 3 heures du matin, j’étais dans mon lit… J’ai fait l’erreur de foncer sur ce parking pour secourir mon petit frère qui avait été agressé, en pensant que la police serait déjà sur place. (…) J’ai hâte d’être au procès pour m’expliquer", affirme Tony Vairelles. Problème : la date dudit procès, malgré six ans d’instruction criminelle, n’a toujours pas été fixée, la faute à un nombre de juges insuffisant.

"C’est assez incroyable. On a pointé toutes les semaines alors qu’il n’y avait plus de juge dans notre affaire. Ça nous prive de notre liberté, c’est compliqué de trouver du travail… Car dans ces cas-là, pour les gens, vous êtes plutôt présumé coupable", déplore celui qui, pour entretenir sa condition physique, joue désormais avec les plus de 40 ans des Girondins de Bordeaux.

Sur son passage en prison, en détention provisoire, il dit : "Quand on m’a annoncé que j’allais être incarcéré à Metz, je me suis un peu inquiété. Ils ont de bonnes raisons de me détester là-bas : les deux titres qu’on a gagnés avec Lens, le Championnat de France et la Coupe de la Ligue, c’était à chaque fois contre le FC Metz ! En réalité, 90% des détenus m’ont bien accueilli."

"Un type m'a dit : 'Tu devrais t'inscrire en club'"

Ou encore : "J’ai gardé des relations avec certains surveillants et deux codétenus. (…) Je ne devais rester que trois jours. Pendant les six premières semaines, je n’ai même pas pu appeler ma famille. Aux parloirs ensuite, je voyais ma femme et mon fils de six ans dépérir. Il y avait heureusement quelques rares moments d’évasion, comme ces parties de foot qu’on improvisait : on posait les blousons par terre pour faire les buts, comme quand on était gamins. Un jour, un type m’a dit : ‘Dis donc, tu joues pas mal, tu devrais t’inscrire en club (rires) !'"

On le voit, même les barreaux n’ont jamais éloigné le foot de la vie de Tony Vairelles. Mais en prison, l’ex-gloire de Lens et de Lyon s’est découvert une autre passion : le slam. "Avec Thierry Coignard, un codétenu qui m’a énormément aidé, on a enregistré une maquette, avec une dizaine de titres. C’est lui qui m’a initié au slam, à écrire en prison, ça a été un vrai défouloir." Aujourd’hui, l’ancien joueur rêve de fonder une académie de football, "pour enseigner aux jeunes les valeurs qui se sont perdues", parce que "les gamins d’aujourd’hui veulent tous être Ronaldo ou Messi, mais personne n’a envie d’être le coéquipier à leur service". Il devra encore attendre de longs mois, voire plusieurs années : l’enquête demeure au point mort, faute de témoignages probants et d’images de vidéosurveillance. Sur la cassette remise aux enquêteurs se trouvait... un concert des Enfoirés.


Hamza HIZZIR

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