Lavillenie à 6,16m : un exploit vertigineux

Publié le 15 février 2014 à 18h53
Lavillenie à 6,16m : un exploit vertigineux

RECORD – Avec son saut à 6,16m, Renaud Lavillenie a battu un record mythique détenu depuis plus de vingt ans par Sergueï Bubka. Une hauteur longtemps considérée comme indépassable.

Longtemps, on disait ce record imbattable. Une performance de demi-dieu, de héros. Les 6,15m du "Tsar", Sergueï Bubka, devaient résister au temps. Résister à tous les concurrents, plus jeunes, plus grands, plus musclés. Depuis vingt et un ans, le Tsar observait, avec empathie autant que roublardise, ses héritiers désignés retomber, déçus, sur le coussin de réception. Dix, quinze centimètres en dessous de sa marque légendaire.

Il fallait avoir un brin de folie, un entêtement certain, le goût du risque et du travail bien fait pour imaginer détrôner la légende vivante. Il fallait être un champion hors norme. C’est dans cette catégorie que se range, à jamais, le perchiste français Renaud Lavillenie. 1m 77 sous la toise, 67 kg sur la balance. Et un côté tête brûlée qui, à son contact, transforme le saut à la perche en sport extrême.

Le record dans les jambes

Lavillenie (27 ans) n’est pas né en Ukraine mais à Barbezieux (Charente). Mais c’est dans le repère même du Tsar Bubka qu’il est venu effacer son nom des tablettes. Sous ses yeux. Dans la salle de Donetsk, là, précisément, où Bubka s’élevait à 6,15m le 21 février 1993, Lavillenie, qui disait avoir ce record dans les jambes, a réécrit la grande histoire du sport. Quelques semaines auparavant, il battait le record de France, à Rouen (6,04m). Six jours plus tard, à Bydgoszcz, il s’élevait à 6,08m, soit la deuxième marque la plus haute de l’histoire – mais encore bien loin du maître.

Son palmarès, aussi nourri soit-il (champion du monde en salle, médaille d’or olympique, double champion d’Europe) n’a jamais servi d’escabeau pour approcher le record de Bubka – le vrai défi sportif de la perche. Depuis quelques mois, à Clermont-Ferrand où il s'entraîne, Lavillenie ne rêvait plus de médaille. Il n’avait que cette marque en tête. 6,15m. Restait à choisir son heure. Il savait qu’elle viendrait.

Accolade entre légendes

Donetsk, sorte de Mecque de la perche depuis la période Bubka, semblait l’endroit idéal. Ce samedi 15 février, après avoir passé, avec peine, 5,81m, le courageux charentais demandait directement la hauteur record. Façon de dire "même pas peur", et de jouer le tout pour le tout. Comme une routine, le regard enfiévré, il lança sa course d’élan, à bloc, puis monta vers le plafond de la salle des sports, en douceur, habile comme un chat. Son corps léger s’enroula autour de la barre, sans même la faire tressauter, et il se lança tomber, bras écartés, bouche grande ouverte, pour gueuler sa joie.

"C'était totalement incroyable, réagissait ensuite Renaud Lavillenie, savourant sa performance. Je n'avais jamais utilisé cette perche pour 6,16m. Pour ma première tentative, je souhaitais réaliser le meilleur saut possible..." Quelques minutes après son exploit, le Français retrouvait l’Ukrainien. L’heure des félicitations d’usage, du passage de témoin. Au moment de se donner l’accolade, en bout de piste, c’est le tsar qui était dans ses petits souliers. C’est Sergueï Bubka qui, maîtrisant tant bien que mal son émotion, s’inclinait devant le nouveau maître.
 


La rédaction de TF1info

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