Les prostituées brésiliennes déçues par les retombées du Mondial

Publié le 30 juin 2014 à 20h24
Les prostituées brésiliennes déçues par les retombées du Mondial

SEXE - L'industrie de la prostitution au Brésil s'est préparée à l'arrivée de la Coupe du monde. Mais, alors que la compétition entre dans sa dernière moitié, les travailleuses du sexe n'ont pas vu leurs attentes comblées. Metro World News en a rencontré plusieurs, à Brasilia, la capitale du pays.

Il est presque 23 heures et avant de m'engouffrer dans le centre de Brasilia empli d'hôtels, j'aperçois les premières filles. Elles se tiennent debout, tapies dans un coin sombre. Le caractère politique de la ville, où vous pouvez trouver d'imposants buildings du pouvoir fédéral, et les résidences secondaires de beaucoup de hauts fonctionnaires, en fait, à la nuit tombée, un endroit naturel pour la prostitution.

L’industrie du sexe – au Brésil, la prostitution n'est pas considérée comme un crime et la loi donne aux professionnelles du secteur un statut de travailleuse – s'est préparée à l'arrivée de la Coupe du monde. D'ailleurs, dans certains endroits, comme à Belo Horizonte, des cours d'anglais gratuits ont même été dispensés là où les prostituées sont regroupées.

Après avoir arpenté le quartier des hôtels de Brasilia, je décide de pousser plus loin mon exploration. Devant un bureau de poste, je découvre des groupes de prostituées. La plupart du temps, elles sont trois ou quatre, et, pour leur sécurité, accompagnées d'un homme qui est sans doute leur proxénète et qui les protège. Au coin de la rue, une fille me demande si j'ai une cigarette. Et puis une de ses amies m'aborde à son tour, et me demande presque aussitôt : ''Vous voulez faire l'amour ? Faire du sexe ?''

"Je demande 100 dollars mais les étrangers ne veulent payer que la moitié"

Ana Paula commence sa journée de travail à 19 heures. Elle peut s'éterniser jusqu'à 5 heures du matin. Aujourd'hui, elle n'est pas dans un bon jour. Elle a juste gagné 100 reals (environ 33 euros), dont elle reversera la moitié à "un ami" à qui elle doit de l'argent. Sa part, elle la conserve à l'abri, dans son soutien-gorge. ''Parce que les toxicomanes peuvent me voler'', dit-elle.

"Le business n'est vraiment pas bon, ce n'est pas ce que nous attendions'', confie Ana, déjà fatiguée, qui m'invite à boire une bière. Bière, évidemment, que je payerai. Pour une passe, ''je demande 100 dollars (environ 73 euros) mais les étrangers veulent juste payer la moitié'', me raconte-t-elle. Quand elle marche devant une rangée de taxis stationnant devant un hôtel, ils la saluent. ''Ce sont tous mes amis'', assure Ana.

"Je travaille du lundi au vendredi"

Elle peut gagner jusqu'à 500 reals (165 euros) lors d'une bonne nuit, mais à peine 50 lors des mauvaises, voire rien du tout. ''Je travaille du lundi au vendredi, et je me repose le week-end [quand les hommes politiques sont partis, NDLR] pour être avec mes enfants'', explique la prostituée.

Ana vit avec sa tante et elle a des enfants qui ont entre 6 et 13 ans. ''Je suis obligée d'arriver à la maison avec des sous'', se justifie-t-elle, en effectuant des allers-retours pour discuter avec ses amies. Après plusieurs coups de fil de différents clients, arrive une quatrième fille.

Le petit groupe se dirige alors vers une autre zone de la ville, où il pourrait avoir plus de chance. ''La Coupe du monde ne nous a pas donné ce que nous voulions. J'espère que toi, tu pourras nous apporter davantage de chance'', me dit-elle en disparaissant avec une bière à la main. 


La rédaction de TF1info

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