Lyon-Barça : stopper Lionel Messi, compliqué mais pas impossible

Publié le 18 février 2019 à 8h00, mis à jour le 19 février 2019 à 19h51
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Source : Sujet TF1 Info

DANGER N°1 - Opposé au FC Barcelone en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions, mardi 19 février (à 21h), l'OL va devoir surveiller de très près Lionel Messi. Les Gones chercheront à réduire l'influence de l'Argentin, arme fatale des Blaugranas. Et pourquoi pas envisager de le neutraliser, comme d'autres l'ont fait avant eux.

C'est la question que tous les entraîneurs et joueurs se posent depuis une quinzaine d'années maintenant : comment arrêter Lionel Messi ? Depuis le tirage au sort des huitièmes de finale de la Ligue des champions, Bruno Genesio se creuse à son tour les méninges pour résoudre ce casse-tête. En plus de devoir contenir un collectif blaugrana bien huilé, réputé pour sa qualité de possession de balle et l'enclenchement d'actions rapides, l'OL cherchera tant bien que mal à museler le quintuple Ballon d'Or, mardi 19 février (à 21h) dans son antre du Groupama Stadium, à l'occasion de son huitième de finale aller de la Ligue des champions.

Et cela ne s'annonce pas une mince affaire pour les Lyonnais. Car avec Messi, les années passent mais ses statistiques ne déclinent pas. À 31 ans, le numéro 10 du Barça affiche une forme rayonnante depuis le début de la saison. L'Argentin a déjà inscrit 30 buts en autant de rencontres toutes compétitions confondues, soit une moyenne d'un but par match. En Ligue des champions, le meilleur buteur européen, qui a porté les Catalans en tête de leur poule avec 14 points, compte 6 réalisations en seulement... quatre matches.

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Si on exerce un marquage individuel sur ce genre de joueur...

Bruno GENESIO, entraîneur de Lyon

Après avoir soulevé des montagnes lors de la phase de poules, en mettant en échec le Manchester City de Guardiola (1-2, 2-2), "Pep" Genesio doit trouver le moyen de neutraliser "la Pulga". "On peut faire des plans mais tous sont parfois déjoués grâce à son génie", confiait l'entraîneur rhodanien mi-décembre après le tirage au sort. Deux mois plus tard, il a semble-t-il peaufiné sa tactique pour tenter de freiner le stratège argentin. Selon lui, il serait suicidaire d'opter pour un marquage individuel sur le capitaine blaugrana. "Ce sera plus collectivement qu'il faudra être capable de répondre", a-t-il anticipé lors d'un échange avec les lecteurs du Progrès, à une semaine d'accueillir le FC Barcelone. "On devra renforcer notre milieu de terrain et la pression autour de lui. Si on exerce un marquage individuel sur ce genre de joueur, à un moment donné, il fera la différence. Il trouvera la parade au marquage d'un joueur qu'on aura mis sur lui."  

Une appréhension partagée par son joueur, Rafael, le latéral droit de Lyon. "(Lionel Messi) fait partie des joueurs que l'on ne peut pas arrêter dans le football. La stratégie, c'est qu'un joueur ne suffit pas pour le marquer. Il faut que plusieurs joueurs soient attentifs. C'est impossible de le laisser dribbler pendant 90 minutes", a-t-il déclaré au média brésilien Esporte Interativo. Sans Nabil Fekir suspendu à l'aller, Bruno Genesio va chercher à limiter l'influence de l'Argentin dans le jeu catalan en renforçant son milieu de terrain. Il devrait ainsi associer à la paire Houssem Aouar/Tanguy Ndombele un profil à la Lucas Tousart ou à la Martin Terrier.

L'erreur, c'est d'aller sur lui au compte-gouttes

Pascal CYGAN, ancien défenseur de Villarreal

L'idée est claire : faire déjouer Lionel Messi. Compliqué mais pas impossible. L'an dernier, l'AS Rome avait réussi à contenir le génie du numéro 10 catalan en quarts de finale de la Ligue des champions (4-1, 0-3). Les Romains avaient asphyxié "la Pulga" en montant à trois ou quatre sur lui pour couper les espaces. "Nous avions réussi à limiter ses déplacements entre les lignes. On a réduit l'espace autour de lui, peu importe sa position sur le terrain", se félicitait Eusebio Di Francesco, l'entraîneur italien de la Louve. L'Argentin, en petite forme, était apparu plutôt discret au Camp Nou puis au Stadio Olimpico lors de la "romatada", allusion à la "remontada". 

Un an plus tôt, le PSG avait expérimenté une approche plus risquée en huitième de finale aller de la C1 (4-0 à l'aller, avant de s'écrouler 6-1 au retour). Les Parisiens avaient coupé les passes en jouant haut, isolant et frustrant Messi. "On lui a mis une double, voire triple pression, c'est comme ça qu'on a réussi à le maîtriser", racontait Marquinhos dans L'Équipe. Mais il s'était surtout heurté à Presnel Kimpembe, qui avait bluffé son monde, entre agressivité et solidité. Le défenseur parisien, lancé dans le grand bain en l'absence de Thiago Silva, avait totalement éteint les velléités offensives du meneur de l'Albiceleste. Résultat : il n'avait tiré qu'une seule fois au but, sans trouver le cadre. Pis, il n'avait touché aucun ballon dans la surface parisienne. 

Presnel Kimpenbe et Lionel Messi
Presnel Kimpenbe et Lionel Messi - AFP

"L'erreur, c'est d'aller sur lui au compte-gouttes. Un attaquant normal, une double prise est largement suffisante pour le neutraliser", affirmait en 2015 dans les colonnes de 20 Minutes l'ancien défenseur lillois, Pascal Cygan, qui l'a notamment affronté en 2008 lorsqu'il évoluait à Villarreal. "Lui, il faut être à deux, voire à trois, sinon il te donne le tournis."

"La meilleure façon de gêner Messi requiert un énorme travail de toute l'équipe", analysait Carlo Ancelotti, l'ancien entraîneur du PSG et du Real Madrid, dans sa chronique pour le média chinois Sina Sport en mars 2016. "Il faut essayer de réduire les espaces entre les lignes et éviter au maximum qu'il touche le ballon. Il faut aussi positionner beaucoup de joueurs au centre du terrain de manière à limiter le jeu des milieux, et faire en sorte de leur donner le moins de liberté possible. Ce qui réduira les options de Messi et les chances qu'il obtienne le ballon." De fait, il sera moins dangereux dans les 30 derniers mètres adverses. 

Pour stopper Messi, il faut tout un stand de snipers

Quique SETIEN, entraîneur du Betis Séville

Mais, même en appliquant ces préceptes à la règle, il n'est pas dit que Lionel Messi ne donne pas des maux de tête à la défense lyonnaise. Surtout s'il se trouve être dans un grand jour. "Si Messi est à 100% physiquement, tenter de l'arrêter relève de l'impossible, quel que soit l'entraîneur, la tactique ou la stratégie défensive. Son immense talent empêche tout opposant d'anticiper ses mouvements. Il n'y a donc aucun moyen de le contrôler", ajoutait l'actuel coach du Napoli. En 2017, l'ancien entraîneur de Las Palmas, Quique Setien, aujourd'hui assis sur le banc du Betis Séville, ironisait d'ailleurs sur la technique la plus efficace pour neutraliser le quintuple Ballon d'Or : "Pour stopper Messi, il faut tout un stand de snipers."


Yohan ROBLIN

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