AGITATION - Moins de deux mois après sa finale de Ligue des champions, perdue face au Bayern Munich (1-0), le PSG retrouve la Coupe d'Europe ce mardi contre Manchester United. Un retour en C1 qui se fait après un été moins calme que prévu en coulisses.
Enfin la bonne année pour le PSG ? "On va travailler la saison prochaine pour gagner la Ligue des champions parce que c'est notre objectif", avait assuré le président Nasser Al-Khelaïfi, après la défaite en finale face au Bayern Munich (1-0) le 23 août dernier. "On y croit plus qu'avant." Cinquante-huit jours après avoir effleuré son rêve, le club de la capitale renoue avec la Ligue des champions ce mardi 20 octobre (à 21h, en live commenté sur LCI). À huis clos, Covid oblige, le finaliste de la saison passée accueille Manchester United, qui l'avait cruellement éliminé il y a deux ans (2-0, 1-3) en huitièmes de finale de C1.
Face aux Red Devils, qui se déplacent sans l'ancien Parisien Edinson Cavani, qui n'a pas disputé un match depuis mars lorsqu'il évoluait encore à Paris, le vice-champion d'Europe pensait avoir apporté une réponse claire à cette question qui revient en boucle depuis l'arrivée de l'actuel propriétaire qatarien en 2011 : peut-il gagner la Ligue des champions ? Mais, comme si c'était inscrit dans les gènes du club, le PSG a un talent inégalé pour compliquer ce qui semble simple. À l'aube de cette 13e campagne européenne, le club de la capitale n'avance pas l'esprit totalement libéré. La faute à un été agité en coulisses.
Leonardo-Tuchel, le point de non-retour ?
À Paris, c'est peu de dire que l'état de grâce aura été de courte durée. Après avoir hissé le PSG au-delà des quarts, pour la première fois depuis la prise de pouvoir de QSI, et plus loin que les demi-finales, du jamais vu dans l'histoire du club parisien, l'été s'annonçait sans nuage pour Thomas Tuchel. L'Allemand, conforté à son poste, devait capitaliser sur ce parcours historique pour, enfin, aller au bout la prochaine fois. Du moins, c'est que l'on prédisait au lendemain de la finale perdue. À défaut, le coach parisien a vu sa position se fragiliser, en étalant sur la place publique ses états d'âmes. Se plaignant du manque de recrues estivales, il avait fait savoir qu'en l'état, il ne fallait pas lui en demander autant cette saison.
"Si on regarde Liverpool, ils ont acheté Thiago (Alcantara) et Diogo Jota pour s'améliorer. (Manchester) City a acheté deux défenseur et Torres de Valence. L'Atlético joue avec Luis Suarez. L'Inter n'est pas allée au Portugal, mais elle a deux équipes", s'était-il épanché le 1er octobre dernier. "On a perdu des gars. Si ça reste comme ça, on ne peut pas parler ou demander la même chose avec une équipe réduite. On doit combattre avec des équipes très fortes sur le mercato. Le club sait bien de quel joueur, quel profil on a besoin. Maintenant, on doit attendre." Une sortie qui lui avait valu d'être recadré par Leonardo. "On n'a pas aimé la déclaration. Le club n'a pas aimé, moi personnellement je n'ai pas aimé", avait répondu le directeur sportif. "Dans le moment qu'on vit tous, il y a des situations très graves. Ne pas comprendre cette situation, honnêtement, on n'a pas apprécié. On va voir en interne comment on fait. Mais là, c'est très clair. Si quelqu'un n'est pas content, on parle, il n'y a pas de souci. S'il décide de rester, il doit respecter la politique sportive, les règles internes ou le moment que traverse le club, qui est délicat".
En temps normal, le PSG réglerait cette situation assez vite. Il l'a déjà fait par le passé, en mettant à la porte Laurent Blanc, parti avec des indemnités évaluées à 22 millions d'euros. Mais, depuis, le Covid est passé par là. Avec la pandémie, et les conséquences économiques qui en découlent, le club doit y réfléchir à deux fois pour sa santé financière. Si les relations entre "Leo" et Tuchel sont loin d'être idylliques, se séparer de l'ex-entraîneur du Borussia paraît inabordable. Selon L'Équipe, Paris devrait débourser entre 10 et 15 millions d'euros pour virer le coach, payé 700.000 euros par mois, et son staff.
Obligé de se plier à cette union de raison, en attendant qu'elle prenne fin d'elle-même à l'issue de la saison, Leonardo semble avoir choisi un autre angle d'attaque. Durant le mercato, le patron du secteur sportif a écarté son entraîneur du processus de décision. Il a imposé ses choix, fait fi des requêtes de l'Allemand, qui a réclamé sans obtenir gain de cause un défenseur central pour remplacer Thiago Silva, parti à Chelsea. Une reprise en main savamment orchestrée. Ce que les images diffusées par PSGTV, sur lesquelles Tuchel découvre que sa recrue Moise Kean parle français au moment de le rencontrer, tendent à confirmer.
Un mercato qui s'emballe sur le gong
S'il a laissé des traces, c'est parce que le mercato parisien a tardé à se mettre en route. Quatre jours avant la fermeture, hormis Mauro Icardi, transféré définitivement, le latéral Alessandro Florenzi, prêté avec option d'achat, et le gardien Alexandre Letellier, le PSG brillait surtout par son inactivité sur le marché. Et puis, une fois encore, Leonardo a pris tout le monde de court en bouclant trois arrivées. Trois joueurs dont les noms n'ont filtré qu'au dernier moment : Moise Kean, prêté par Everton, Danilo Pereira, débarqué de Porto et censé être le numéro 6 tant recherché depuis le départ de Thiago Motta, et, dans les dernières heures, Rafinha, arrivé gratuitement de Barcelone (contre un bonus et un pourcentage à la revente). "Il faut être créatif, on a beaucoup d'idées, il peut y avoir des échanges", avait-il indiqué sur Canal+ le 6 septembre. Avec un peu de patience et de matière grise, Paris s'en est sorti avec un mercato - presque - à coût zéro. Tout sauf une mince affaire en ces temps de crise sanitaire et économique mondiale.
Et, pour l'heure, cette stratégie semble lui donner raison. Déjà buteur à deux reprises cette saison, Alessandro Florenzi s'est démarqué d'entrée par son hyper-activité dans son couloir droit et sa grande qualité de centres. Rafinha, passeur décisif pour Mbappé contre Nîmes (0-4) le week-end dernier, a apporté de sa créativité. Moise Kean, enfin, a fait preuve d'une grosse activité face aux Crocos mais n'a pas eu la réussite avec lui, touchant la barre transversale. Seul Danilo, cas contact de CR7, positif au Covid, n'a pu étrenner ses nouvelles couleurs. Ce que le milieu portugais devrait faire face à Manchester United.
L'avenir irrésolu du duo Mbappé-Neymar
Le mercato estival sauvé, le PSG va pouvoir se concentrer sur une saison qu'il espère historique. Mais, en coulisses, il se prépare à gérer un ou plutôt deux autres casse-têtes avec les cas Kylian Mbappé et Neymar. "Kylian et lui ne vont jamais partir, ils vont rester (au PSG)", avait glissé dans un élan de méthode Coué le président Nasser Al-Khelaïfi à RMC Sport en août dernier. Le club de la capitale doit maintenant réussir à joindre l'acte à la parole. Facile à dire, plus difficile à faire. La prolongation de "Kyky", sous contrat jusqu'en juin 2022, est tout en haut de la pile sur le bureau des dirigeants parisiens. Pour l'heure, les discussions avec le clan Mbappé n'ont pas abouti. Paris devra se montrer convaincant, financièrement et sportivement, en prouvant au champion du monde qu'il peut y gagner la Ligue des champions et le Ballon d'Or. D'autant que le Real Madrid et Liverpool lui font une cour incessante.
Garder le Français ne veut pas dire oublier Neymar. Là encore, le PSG n'a pas encore avancé ses pions pour prolonger le Brésilien, dont le bail court jusqu'en juin 2022. Mais le deal pourrait se faire plus facilement. Un an après avoir tenté en vain de retourner à Barcelone, l'attaquant auriverde est plus épanoui que jamais dans sa vie parisienne. "Je pense que je vis mon meilleur moment à Paris", a-t-il confié fin août sur son site officiel. Dans la capitale, "Ney" a l'opportunité unique de jouer dans une équipe construite pour le mettre dans la lumière, avec un salaire mirobolant que peuvent de clubs peuvent lui offrir.
Reste désormais à se mettre d'accord avec eux. "On veut continuer avec eux (Mbappé et Neymar), c'est sûr, c'est clair. Tout est clair pour tout le monde. Tout le monde sait comment ça se passe, ce qu'on veut et eux aussi. On a déjà parlé avec eux. Le tout c'est de trouver le bon moment et la bonne manière pour arriver à une conclusion. C'est sûr qu'on veut continuer avec eux, c'est une chance", reconnaissait Leonardo. Le PSG le sait, ce ne sera pas simple, mais le jeu en vaut la chandelle. Son rêve européen aussi.
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