Marathon de Paris : "Ça commence au 30e km, avant, c'est facile", à la découverte du "Mur" tant redouté par les coureurs

Publié le 1 avril 2016 à 13h40

TEMOIGNAGES – Parmi les 57 000 inscrits au Schneider Electric marathon de Paris qui se court dimanche 3 avril, combien franchiront le mur des 30 kilomètres, sans y laisser leur rêve de médaille au passage ? Metronews a donné la parole à des finishers qui ont bien cru qu'ils allaient se fracasser sur cette barrière mentale, où le corps à bout de forces craque, et qui ont puisé ailleurs l'énergie pour "l'escalader" et poursuivre.

Et soudain, 30 kilomètres après le départ, surgit le "mur". Cette frontière presque aussi intimidante que celle que la muraille qui sépare le royaume des Sept Couronnes des terres glacées et sauvages dans Game Of Thrones.

Lorsqu'on court un marathon, la barrière des 30 kilomètres, celle que les initiés appellent à juste titre "le mur", révèle les femmes et les hommes qui, un jour s’y sont heurtés. Et Gilles Bouleau, coureur aguerri quand il ne présente pas le JT de 20 heures de TF1, de résumer "le marathon commence au 30e, avant c'est facile". Ensuite, pour le surmonter, c'est à la tête de prendre le pas sur le corps en rupture... ou l'inverse. 

► Maya, 28 ans, son unique marathon
" Ce fut l'enfer. Il n'y a pas d'autre mot. A la base, je ne cours pas mais par défi je me suis lancée dans cette folie l'an dernier. Mon père du haut de ses 35 marathons, ne me pensait pas capable d'en finir un. Sur les dents, j'aurais franchi la ligne. A défaut d'y avoir laissé mes dents, j'y ai laissé des larmes, des seaux de larmes, tant la douleur m'a submergée à hauteur du 32e kilomètre. Sur les 10 derniers, je n'étais qu'un 1,68 m de douleurs. Seule ma tête branchée sur l’envie furieuse de voir la ligne d'arrivée, m'a conduit à boucler mon périple. Je suis une marathonienne."

 Samuel Etienne, 45 ans, journaliste et animateur sur France Télévisions, le marathon des sables et 18 marathons au compteur.
"Je ne pars jamais très vite et les quelques fois où je l'ai fait, j'ai effectivement connu un moment de détresse, autour du 20e kilomètre ! Tu te demandes alors, mais trop tard, qu'est-ce que j'ai fait ? Car tout ton corps te dit 'stop'. Le physique est out mais l'esprit prend la relève. Et, quand j'en suis là, je commence à me crier dessus, je me mets dans une bulle de colère mais contre moi-même. Le temps que je passe à m'engueuler me fait oublier le reste. Depuis dix-huit mois j'ai trouvé un autre moteur bien plus puissant que la colère : l'association Pompier Raid Aventure . Quand ça devient difficile, je pense aux enfants qui, handicapés, n'ont pas la chance de pouvoir courir. Alors j'avance. Pour eux. C'est magique."

 Jean, 51 ans, 11 de marathons à son actif
"Une année, passé le 32e kilomètre, une crampe s’est invitée à la fête. Suffisamment tenace, je me suis demandé comment j’allais gérer les 10 kilomètres qui me séparaient de la ligne d’arrivée avenue Foch. Sous l’effet de la douleur, j'ai marché, puis trottiné jusqu'au ravitaillement où j'ai bu et mangé un peu. Pour atteindre l’arche, j'ai dû aborder la distance à parcourir comme une autre course."

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Gilles Bouleau, 54 ans, 12 marathons dans les jambes, dont celui du Mont-Blanc
"L'insouciance dure jusqu'à ce qu'un char d'assaut vous passe dessus. De fait, le rendement de la machine marche beaucoup moins bien. Il faut composer avec ce corps qui n'obéit plus. Alors commence, un combat mental et physique. Mon premier essai sur la distance a été terrible. Parti comme Usain Bolt, j'ai fini en luttant pour trottiner. Là, j'ai compris que le marathon commence au 30e kilomètre, avant, c'est facile. Les ressorts pour avancer dépendent du temps de passage au 30e. Si je suis dans les temps pour battre mon meilleur chrono, la fierté entre en jeu et je tente d'oublier la douleur. Dans le cas contraire, quand je suis dans les choux, il est, néanmoins inenvisageable d'abandonner ou de marcher. Ne plus courir, c'est déjà un peu renoncer. Alors, je convertis la distance à parcourir en tour de stade, un repère qui m'est familier. Moins sympathique, mais humain, je me dis que si je suis dans la douleur, les coureurs autour de moi le sont aussi. Parfois trouver des compagnons d'infortune m'aide. A partir de là, chaque borne parcourue est un combat gagné."

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La rédaction de TF1info

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