PRÉEMPTION - Depuis l'ouverture du mercato hivernal, le mardi 1er janvier, de nombreux clubs ont officialisé de nouvelles recrues. Toutefois, la plupart d'entre eux ne récupéreront leurs nouveaux joueurs qu'en juillet. Une façon pour eux de préparer la saison suivante en anticipant au mieux leurs besoins et en doublant la concurrence.
Une affaire est une affaire, quelle que soit la saison. Depuis le mardi 1er janvier à minuit, la chasse aux transferts est ouverte. Longtemps marginal et décrié, car il déstabiliserait les effectifs au beau milieu de la saison, le marché hivernal a évolué d'une toute autre manière la saison dernière. S'il a toujours pour vocation première d'être "une période d'ajustement et de correction", comme l'expliquait à LCI, Yvan Le Mée, agent de footballeurs depuis plus de quinze ans, le mercato de janvier répond, aussi, aujourd'hui à une logique d'anticipation pour les clubs européens. En quelque sorte, c'est déjà celui de l'été qui a commencé.
Pour les grosses écuries, particulièrement, la fenêtre hivernale est devenue un moment-clé, servant à se projeter sur la saison suivante. C'est une manière, pour elles, de préparer le futur en bloquant les joueurs désirés, souvent fortement sollicités sur le marché des transferts. Il y a l'équipe qui fait le choix d'intégrer tout de suite sa nouvelle recrue à son effectif, afin de lui laisser un délai de six mois pour s'adapter et s'acclimater à leur nouvel environnement et démarrer la nouvelle saison sur les meilleurs auspices. Et il y a l'équipe, et c'est de plus en plus le cas, qui acte le transfert en hiver mais qui ne récupère son joueur que l'été suivant.
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Les exemples ne manquent pas. L'un des noms qui nous vient tout de suite, c'est celui de Naby Keita, recruté par Liverpool au RB Leipzig l'hiver dernier. Le Guinéen a été prêté jusqu'à la fin de la saison au club allemand, ne rejoignant les Reds de Jürgen Klopp qu'à l'ouverture du mercato estival. Cette année, cette tendance s'est renforcée. Afin de prendre de l'avance sur la concurrence, les écuries européennes finalisent des accords à tour de bras en janvier. Les prix ne sont pas forcément bradés et, pratiquement, tout le monde est persuadé de réaliser une bonne affaire. Que ce soit celui qui est transféré, celui qui vend et celui qui achète.
Sécuriser un transfert, parfois à coût zéro
Le cas de Christian Pulisic en est la parfaite illustration. L'Américain, transféré de Dortmund à Chelsea pour 64 millions d'euros, ne devait à l'origine partir que l'été prochain. Mais "l'offre extrêmement lucrative" des Londoniens, selon le directeur sportif du Borussia, Michael Zorc, a changé les plans de l'équipe allemande. Après négociations, les deux clubs se sont finalement mis d'accord pour une opération d'un nouveau genre. Pour la faire courte, Pulisic finira la saison avec Dortmund avant de rejoindre Chelsea le 1er juillet 2019. De quoi contenter l'ensemble des acteurs du dossier : le joueur s'évite d'être perturbé en changeant de club au beau milieu de sa saison, le BvB - toujours en course pour le titre de champion d'Allemagne - conserve l'un de ses cadres pour atteindre son objectif et les Blues s'assurent dès janvier le recrutement d'un jeune joueur à fort potentiel au nez et à la barbe d'une concurrence féroce.
C'est cette politique qu'a appliquée à moindre coût le Bayern Munich en sécurisant le transfert de Benjamin Pavard. Lié à divers clubs européens ces dernières semaines, le champion du monde s'est engagé pour cinq ans avec les Bavarois à partir de juillet. L'été dernier, le latéral droit des Bleus avait préféré rester à Stuttgart une saison de plus, par fidélité au club l'ayant révélé. Coté à 70 millions d'euros sur le marché après s'être révélé à la Coupe du monde, Pavard va rejoindre Munich, qui ne le paiera "que" pour 35 millions d'euros, soit le montant de sa clause libératoire, activable cet été. Un coup de maître du Bayern. Stuttgart, qui y perd financièrement, peut toutefois se consoler en sachant que l'ancien Lillois l'aidera dans sa mission maintien.
Mais, s'il fallait encore s'en convaincre, le milieu du football reste un monde impitoyable, où les sentiments ont rarement leur place. Dès lors, quand un club peut recruter un futur talent ou un joueur confirmé à prix zéro, il ne se fait pas prier. Toulouse l'a appris à ses dépens avec Jean-Clair Todibo. Écarté par les Violets, après avoir annoncé qu'il ne prolongerait pas son contrat prenant fin en juin 2019, le défenseur de 19 ans a signé avec le Barça. Le club catalan a officialisé l'accord et le joueur arrivera à Barcelone l'été prochain à prix zéro. En patientant six mois pour un joueur dont ils n'ont pas besoin dans l'immédiat, les Blaugranas s'évitent de devoir payer une indemnité transfert. Le Téfécé pourrait toutefois récupérer un petit quelque chose en laissant partir Todibo dès cet hiver, histoire de sauver les apparences.