CLAP DE FIN ? - Officialisé jeudi 5 août par un communiqué du Barça, le départ de Lionel Messi a fait l'effet d'une bombe sur la planète football. Malgré un accord entre les deux parties, le deal n'a pas pu être scellé pour des raisons financières. Chronique d'un rebondissement inattendu.
Tout était ficelé. Il ne restait plus à Lionel Messi qu'à signer son nouveau contrat. Jeudi 5 août, dans l'après-midi, Jorge Messi, le père et conseiller de l'Argentin, et Joan Laporta, le président du Barça, devaient sceller définitivement l'accord, liant le numéro 10 aux Blaugranas jusqu'en juin 2026. Du moins, c'est ce qui est prévu. En début de soirée, une rumeur a commencé à s'ébruiter autour de la Ciutat Esportiva puis dans les rues de Barcelone : les négociations auraient été rompues définitivement. Il se murmure que "la Pulga" ne prolongerait pas. Au fil des heures, le bruissement est devenu une information.
"Bien qu'un accord ait été trouvé entre le FC Barcelone et Leo Messi, avec l'intention claire des deux parties de signer un nouveau contrat aujourd'hui, il ne pourra pas être formalisé en raison d'obstacles économiques et structurels", a affirmé le club catalan dans un communiqué, pointant les règles de plafond salarial de la Liga, l'empêchant d'inscrire le contrat du sextuple Ballon d'Or. "Face à cette situation, Lionel Messi ne restera pas lié au FC Barcelone. Les deux parties regrettent profondément que les souhaits du joueur comme du club ne puissent pas se concrétiser", a-t-il poursuivi, remerciant "de tout cœur" son joueur, après 21 années de vie commune, couronnées de 35 trophées, dont quatre Ligues des champions.
Bien évidemment, l'annonce de la fin de l'une "des plus belles histoires du football" a eu l'effet d'une "bombe". Ce que personne n'imaginait encore jusqu'à ces dernières heures est finalement arrivé : à 34 ans et sans contrat, Lionel Messi est désormais libre d'aller où il veut, sauf au Barça.
Mais comment en est-on arrivé à ce coup de théâtre ? Déterminé s'en aller l'été dernier, car en froid avec l'ancienne équipe dirigeante, en particulier le président Josep Maria Bartomeu, il s'était fait une raison. Il avait annoncé qu'il allait honorer sa dernière année de contrat, sans manquer au passage d'égratigner le conseil d'administration des Blaugranas. Une prise de position soudaine et forte qui avait précipité la fin de l'ère Bartomeu, visé par une motion de censure et poussé à la démission.
La confiance régnait au Barça
Débarrassé de lui, plus rien ne semblait venir s'interposer entre Messi et son futur au Barça. On pensait même que sa prolongation ne serait qu'une formalité après le retour de Joan Laporta, un allié de l'Argentin, à la présidence. Celui qui avait fait de la prolongation du natif de Rosario une priorité depuis sa nomination multipliait les messages rassurants, expliquant qu'il n'y avait que des détails à régler avant l'officialisation, et ce même quand "la Pulga" s'est retrouvé libre de tout contrat le 1er juillet dernier.
Après des semaines de tractations, les deux parties semblaient finalement avoir trouvé un terrain d'entente. Chacun avait consenti des efforts pour parvenir à un accord. Signe de sa bonne volonté, Lionel Messi avait même accepté de diminuer son salaire de 50%. Une baisse compensée par la durée du nouvel engagement, cinq ans, soit jusqu'en 2026. "Cela progresse bien", avait même déclaré le président Joan Laporta, le 2 août dernier. "Ça va dans le sens que l'on croyait tous, dans la portée que nous avons. Nous sommes toujours en discussion. Leo veut rester au Barça et nous ferons tout notre possible. Le fait que sa priorité soit de rester ici, d'être le meilleur joueur du monde, est quelque chose dont nous devrions être reconnaissants. Je fais de beaux rêves sur Messi chaque nuit, et j'espère qu'ils continueront."
Le problème infranchissable du "salary-cap"
Le deal scellé, mercredi 4 août, entre la Liga et le fonds CVC, géant de l'investissement basé au Luxembourg, pour 10% de son capital contre 2,7 milliards d'euros, devait, pensait-on, être le coup de pouce financier qui allait aider le Barça à boucler l'opération Messi. Selon Marca, le club catalan, endetté, devait recevoir 270 millions d'euros grâce à cet accord. Or, cet apport providentiel d'argent frais, destinés prioritairement à sauver plusieurs clubs dans le rouge financièrement, n'a pas eu l'effet escompté. À l'instar du Real Madrid, les dirigeants du FC Barcelone ont exprimé leur "surprise" quant à cet accord "inapproprié", qui n'a "pas été suffisamment concerté auprès des clubs", propriétaires des droits télévisuels.
Ne voulant compter sur cette manne pour finaliser le dossier Messi, le Barça a pris la décision qui s'imposait. Comme révélé par le quotidien catalan Sport, lors de sa réunion avec Jorge Messi, Joan Laporta a affirmé que le club n'était pas en mesurer d'enregistrer le contrat du numéro 10, en raison du salary cap imposé par la Liga. Le père de l'Argentin l'a alors informé de la volonté du joueur de baisser encore davantage son salaire, afin qu'il puisse l'inscrire en Liga. Il lui a même laissé du temps pour analyser cette alternative. Une possibilité rejetée par le Barça, qui a indiqué qu'il n'y avait aucun moyen de dépasser la limite de salaire et qu'il était donc impossible de réussir l'opération de manière réglementaire.
Le Barça aurait été "en hypothèque pendant 50 ans"
Une information confirmée, vendredi 6 août, en conférence de presse par le président blaugrana. "La masse salariale est 110% supérieure aux revenus du club. Nous n'avons aucune marge sur les salaires. Les règles de la Liga sont régies par le fair-play financier. Nos pertes sont bien plus élevées que prévu, nos dépenses aussi. Ce genre de contrat implique d'avoir une grande marge, ce que nous n'avons pas. (...) Les termes de la prolongation de Messi étaient risqués", a expliqué Joan Laporta, ajoutant qu'accepter l'accord entre la Liga et CVC pour conserver Lionel Messi aurait mis le club "en hypothèque pendant 50 ans".
"Je ne veux hypothéquer le club pour personne. Nous avons une institution qui passe avant tout, même pour le meilleur joueur du monde. (...) La Liga nous avait laissés entendre de manière assez convaincante que le contrat de cinq ans pouvait entrer. Mais après une analyse, ils nous font savoir que ce contrat n'allait pas pouvoir être intégré, lui non plus", a-t-il précisé, évoquant "des pressions" sur la Liga, "car il y a d'autres clubs qui veulent que les règles soient respectées." "Cela a tout déclenché", a affirmé le dirigeant catalan.
L'argent un souci, et le projet sportif ?
On l'aura compris : si le principal obstacle est d'ordre financier, la rigidité de la Liga étant mise en cause, un autre aspect pourrait ne pas être à négliger. De l'autre côté des Pyrénées, Mundo Deportivo avance des points de discordance également sur le plan sportif. Certaines demandes du clan argentin n'auraient pas trouvé grâce. Malgré les arrivées de Memphis Depay et de son ami Sergio Agüero, le vainqueur de la Copa America n'aurait pas été convaincu par le projet sportif. Il aurait tenté, en vain, de pousser pour recruter le défenseur de l'Atalanta Bergame Cristian Romero, l'un de ses proches dans les rangs de l'Albiceleste. Des informations toutefois démenties à la fois par les entourages du club catalan et du joueur.
Peu importe, leurs chemins se sont sans doute définitivement séparés un jeudi soir d'août 2021. "Nous voulions que l'après-Messi commence dans deux ans, pas aujourd'hui. Compte tenu des circonstances, tout a été avancé. Nous voulions tous profiter de sa magie, mais ce n'est pas possible", a conclu Joan Laporta, "triste" de ne pas avoir pu retenir "le meilleur joueur du monde". "J'espère que nous pourrons surmonter ça et maintenant une nouvelle ère commence. Il y aura un avant et un après Leo."
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