FOOTBALL – Sorti du onze de départ par son entraîneur, Thomas Tuchel, pour raison disciplinaire, Kylian Mbappé a répliqué en marquant dès son entrée en jeu à Marseille (0-2) dimanche soir. Cet épisode dessine-t-il un nouveau rapport de forces dans le vestiaire du PSG ?
On s’était demandé, dimanche aux alentours de 20h, ce que Gianluigi Buffon pouvait bien dire, aussi longuement et avec d’aussi grands gestes, à un Kylian Mbappé conservant, entre deux sourires de façade, un visage fermé. On a su, plus tard, que l’attaquant avait été sorti du onze de départ du PSG dans les heures ayant précédé le Clasico à Marseille, parce qu’il était arrivé en retard, comme Adrien Rabiot, pareillement sanctionné, au rendez-vous fixé par l’entraîneur, Thomas Tuchel, pour son discours d’avant-match. C’était parce qu’il gambergeait, et donc pour le remobiliser, que le mythique gardien italien de 40 ans avait ainsi entrepris de parler intensément au prodige de 19 ans.
On connaît la suite : entré en jeu pour débloquer une situation verrouillée à la 62e minute, Kylian Mbappé, sur son premier ballon, a enrhumé le Marseillais Boubacar Kamara pour s’en aller battre Steve Mandanda et faire basculer le match. Au coup de sifflet final, à chaud, au micro de Canal+, il dira ceci, trophée de l’homme du match en main : "Une grande équipe repose sur des leaders qui doivent faire la différence dans les moments clés. Je peux assumer ce rôle et je viens de le faire." Rien, en revanche, sur sa punition, mais cette auto-proclamation pouvait être interprétée comme une référence indirecte.
Quelques minutes plus tard, le coach en a dit un peu plus : "Il a fallu que je réfléchisse à plusieurs choses pendant le match. C'est pour ça que j'étais un peu énervé. C’était une surprise pour moi aussi (qu'il soit sur le banc), mais c’était une raison disciplinaire avant le match, qui s’est passée à l’hôtel. C’est dommage parce que je n’aime pas jouer sans Kylian, je déteste. Pour moi, personnellement, ce n’était pas une bonne soirée. J’étais préoccupé, un peu triste. Mais aujourd’hui, c’était nécessaire. On a pris cette décision et maintenant c’est fini."
Ce n’est pas facile d’entraîner un club comme le PSG.
Julian Draxler
Il lui a ensuite été demandé si Mbappé était un retardataire récidiviste. Silence gêné, puis cette réponse : "Je ne sais pas si je veux commenter ces choses, qui sont internes. C’est difficile de faire ça avant un tel match. Avant un Clasico. On a des raisons mais je ne veux pas expliquer." En prenant le risque de perdre un match au nom de la discipline, voulait-il placer le collectif, l’institution, au-dessus des hommes ? Là, sa réplique a fusé : "Oui, clairement."
Ses coéquipiers, forcément, ont tous été interrogés là-dessus. Marquinhos, diplomate : "Le coach a fait ce qu’il voulait. On le laisse gérer ça. Si les joueurs ont fait des erreurs, c’est à lui de juger et de sanctionner." Julian Draxler, prolixe : "Il est clair que le club et l'équipe sont plus importants qu'un seul joueur. Mais il est aussi clair qu’on a besoin de Kylian pour les prochains matchs. C'est le coach qui décide, on a gagné, alors il a raison. Il a souvent le sourire, mais il peut être strict avec nous. Et s’il n’est pas content, c’est normal. C’est un entraîneur, il faut être comme ça. Ce n’est pas facile d’entraîner un club comme le PSG, mais il le fait très bien jusqu’à aujourd’hui."
C'est vrai qu'il y a des horaires à respecter mais on est tous ensemble.
Neymar
De son côté, Neymar, lui, a plutôt essayé de soutenir son partenaire d’attaque : "C'est vrai qu'il y a des horaires à respecter mais on est tous ensemble. C’est un grand joueur, important pour notre équipe. Et c’est l’équipe qui en a pâti (de son absence). Mais c’est une affaire interne et nous sommes avec lui. D’ailleurs il est entré et il nous a fait gagner le match."
Et nous voici au cœur même de ce qui se joue ici : une forme de lutte de pouvoir. Souvent, le spectateur a tendance à transposer le rapport entraîneur-joueur à ce qu’il connaît dans son travail, avec son patron. Sauf que, dans le cas d’un club de foot, l’employeur est le club, pas l’entraîneur, qui incarne le club, mais dépend cruellement de ses meilleurs joueurs, chèrement payés, et sert même généralement de premier fusible quand les résultats tournent mal.
Pouvoir et responsabilité
Si Thomas Tuchel avait poussé sa sanction jusqu’au bout, il n’aurait pas fait entrer Kylian Mbappé, et peut-être aurait-il perdu le match, et se serait-il mis à dos Neymar et d’autres joueurs. À l’inverse, Kylian Mbappé, en se montrant décisif dès sa sortie du banc, sort fatalement renforcé de cet épisode. Ce rapport de forces s’est ainsi dessiné dans la "tristesse" de l’entraîneur et dans la déclaration égocentrée du joueur après le match. Il s’est même dessiné peu avant l’entrée du joueur, quand le coach a cru bon de prendre son attaquant dans ses bras, pour ne pas définitivement briser leur lien affectif.
La morale de toute cette histoire ? Paris ne peut probablement pas gagner ses gros matchs sans Kylian Mbappé. Mais Thomas Tuchel, à l’inverse de ses prédécesseurs sur le banc du PSG, et bien que le risque ait été grand, ne s’est pas couché devant ses stars et a démontré son autorité, d’abord en choisissant de se passer de son meilleur buteur au coup d’envoi, puis en choisissant de le faire entrer, le scénario du match ayant fait que tout s’est bien terminé pour les deux hommes.
Dit autrement : le joueur a le pouvoir et le coach la responsabilité, l'un n'allant pas sans l'autre. "Je n’ai pas de conseils à lui donner. Kylian a déjà montré qu’il était très mature, a, pour sa part, finement analysé le capitaine marseillais Dimitri Payet, avec le sourire malicieux de celui qui en est revenu. Les retards, ça peut arriver et c’est facile à corriger." Surtout s’agissant d’un joueur comme Kylian Mbappé qui, très tôt, a pris l’habitude d’être en avance dans tous les domaines.
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