OM-PSG : Lassana Diarra-Thiago Motta, le Clasico dans le Clasico

par Hamza HIZZIR
Publié le 7 février 2016 à 11h05
OM-PSG : Lassana Diarra-Thiago Motta, le Clasico dans le Clasico

LIGUE 1 - Ce dimanche soir (21h), l'OM et le PSG se retrouvent au Vélodrome pour le fameux Clasico. Et si, cette saison, l'affrontement paraît particulièrement inégal, le duel à distance que se livreront les métronomes Lassana Diarra et Thiago Motta s'annonce, lui, beaucoup plus incertain. Alors metronews a sollicité quelques spécialistes pour un décryptage comparatif.

Le football a cela d'ingrat qu'il auréole de gloire ceux qui finissent les actions, en oubliant souvent ceux qui les commencent. Ainsi, on a longtemps parlé d'"Ibra-dépendance" au PSG en négligeant les travailleurs de l'ombre qui permettent au buteur d'avoir des ballons. À commencer par le premier d'entre eux, Thiago Motta, qui officie juste devant la défense. Du côté de Marseille, en revanche, la fuite des talents offensifs a fini par starifier cette saison un milieu défensif, Lassana Diarra. Tandis que les deux équipes se retrouvent ce dimanche au Vélodrome, à l'occasion du fameux Clasico, on s'est souvenu que les deux hommes s'étaient livrés un duel titanesque à Paris, le 4 octobre dernier, lors du match aller (2-1). Et on s'est interrogé, à la manière des enfants : c'est qui le plus fort ?

C'est d'abord une affaire de contexte. "Une équipe de foot, c'est comme une fusée à trois étages. Si l'étage du bas ne fonctionne pas, celui du dessus non plus, métaphorise Guy Roux, 894 matchs de Ligue 1 au compteur en tant qu'entraîneur. Alors voilà, tous les deux sont de très bons 2es étages, dans des styles légèrement différents. Ils sont des récupérateurs habiles et dotés d'une très bonne technique. Je pense qu'ils se valent sur ce point. Concernant l'influence offensive, il y a des différences, parce que Thiago Motta a devant lui un 3e étage de très grande qualité. Alors que Lassana Diarra a un 3e étage un peu pétaradant. Donc c'est plus dur pour lui. Il est obligé de garder le ballon et de créer par le dribble."

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Une fois ce constat dressé, on notera que nos deux sentinelles, évoluant sans véritable n°10 devant eux, agissent comme des meneurs de jeu reculés. "Le foot a évolué et de plus en plus d'équipes ont de très, très bons relanceurs. Parce que c'est devenu plus difficile d'organiser le jeu de plus haut, dans des zones où le marquage est beaucoup plus serré, appuie Éric Roy, ex-milieu défensif de l'OM, aujourd'hui consultant pour beIN Sports. Quand j'étais joueur, c'était un rôle de chien de garde. Il suffisait de récupérer le ballon. Maintenant, il faut à la fois être capable d'abattre un travail défensif énorme et de prendre part à la construction du jeu, comme ils le font. C'est même devenu le poste le plus intéressant du football moderne, justement parce qu'il demande toutes les qualités."

Mais qu'est-ce qui distingue fondamentalement un Lassana Diarra d'un Thiago Motta ? "Thiago Motta fait le jeu parisien, mais comme un n°6, en cassant les lignes adverses avec des passes claquées au sol de 20 mètres. C'est très rare de le voir éliminer un joueur en portant le ballon", pointe l'ancien milieu parisien Pierre Ducrocq. Alors que "Lass Diarra, par rapport à sa plus petite taille et ses aptitudes physiques, a une capacité à jouer en première intention, à voir très vite, et à se sortir de situations compliquées par le dribble et sa vitesse de déplacement. C'est aussi ce qui est intéressant : il n'y a pas de morphotype particulier pour tenir ce rôle", note Éric Roy.

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C'est donc une affaire de style. Et une question de goût, au moment de trancher. "Moi, je préfère Thiago Motta. Parce qu'il a un meilleur rendement sur les années, de manière continue. Il se blesse de temps en temps mais il est globalement plus sûr que Lassana Diarra, qui paye aujourd'hui ses fantaisies exotiques (son passage en Russie, ndlr) et ses longs mois sans jouer", estime Guy Roux, en référence aux récents pépins physiques du Marseillais, de retour ce dimanche.

Un avis partagé par Pierre Ducrocq, mais pour d'autres raisons : "Lass est plus harceleur et agressif. Motta a plus d'influence sur le jeu, ses actions ont plus de conséquences directes. Quand Lass est excellent, Motta, lui, est excellent et rend les autres excellents. Parce qu'il est super vicieux et super intelligent. Et dans ce rôle, c'est ce qu'il y a de plus important. Tu le sens d'ailleurs chaque fois qu'il en sort. Premièrement, lui, il se perd, parce qu'il ne sait pas faire le reste. Et deuxièmement, autour de lui, ça devient le chaos. Ça donne la première période contre Toulouse, où il est sorti de son registre en allant à droite, à gauche. Et le PSG a été complètement désorganisé. Donc je vote Thiago Motta. Il est beaucoup plus complet et beaucoup plus efficace à ce poste-là."

Quant à Éric Roy, il ne choisit pas. "Ce sont deux références, avec leurs qualités propres, dans des registres différents. On ne peut pas les comparer, argue-t-il. En fait, ils pourraient jouer ensemble. Ils sont complémentaires. Ils ont cette capacité à sentir le jeu. Du coup, Motta pourrait avoir avec Diarra la relation technique qu'il a avec Verratti. D'ailleurs, c'est ce qu'il manque à Diarra à l'OM : un joueur comme Motta sur lequel s'appuyer. Ça lui permettrait de faire ce qu'il fait de mieux : son rôle de clé de voute, de joueur qui assure l'équilibre et compense les déplacements des uns et des autres. Ils sont tellement forts tous les deux que moi, je les alignerais côte à côte." Réjouissons-nous déjà de les voir face à face. 


Hamza HIZZIR

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