Le Crous a été sollicité par les organisateurs des JO de Paris 2024 pour mettre à disposition des logements pendant les compétitions, obligeant les étudiants locataires à quitter les lieux cet été-là.Une annonce décriée par les associations et syndicats étudiants.L'organisme assure toutefois que seuls "7% des logements" seront concernés, et qu'une solution de relogement pourra être proposée.
Après le prix des billets pour les compétitions, qui s'est retrouvé sous le feu des critiques, les organisateurs des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 essuient une nouvelle polémique. Des étudiants locataires dans des résidences du Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) en Île-de-France ont appris qu'ils devront laisser à disposition leur logement l'été prochain, pour que "des volontaires et partenaires mobilisés pour l'évènement" puissent en bénéficier.
Le Comité d'Organisation "nous demande de mettre à disposition la résidence Crous où vous êtes actuellement logé.e pendant les mois de juillet et août 2024", indique un mail du Crous de Versailles reçu par un étudiant, qui a partagé le message sur Twitter mercredi. Les Jeux Olympiques doivent se dérouler du 26 juillet au 11 août, et les Jeux Paralympiques du 28 août au 8 septembre. Le mail stipule que "la résidence devra être vide de tout occupant à compter du 1er juillet", et que les étudiants qui bénéficient d'un renouvellement de leur droit d'occupation ne pourront y revenir qu'à compter du 1er septembre.
Imagine dégager des étudiants en galère pour les JO non je plaisante^^ pic.twitter.com/DMs9k2Ryti — megongaga (@shiboyya) May 10, 2023
En quelques heures, la publication a rapidement atteint les deux millions de vues, et suscité la colère de nombreux internautes. "Pour permettre l'organisation de Jeux Olympiques destinés aux plus riches, l'ensemble des Crous d'Ile-de-France sont touchés par des réquisitions. Des étudiant.e.s vont donc être expulsé.e.s de chez eux pendant l'été 2024 et se retrouver sans logement !", a fustigé notamment le syndicat l'Union étudiante. Quant à l'Unef, il a réclamé dans un communiqué que les réquisitions se fassent "uniquement sur les logements où les étudiant·e·s sont parti·e·s volontairement et sans aucune réquisition qui forcerait l'expulsion ou le déménagement".
La Coordination des Organisations Étudiantes franciliennes (COEF), membre de la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes), est aussi montée au créneau dans un communiqué. Elle accuse les organisateurs des JO de vouloir réquisitionner 3000 logements étudiants issus des résidences universitaires franciliennes. "Ce sont, une fois de plus, les plus précaires qui sont affecté.e.s : les étudiants et étudiantes se voient confisquer le peu d'infrastructures qui leur sont pourtant dévolues", fustige-t-elle. "Rien ne saurait justifier que l'organisation des Jeux ne vienne précariser et isoler davantage le public étudiant."
"Près de 30% des logements inoccupés" l'été
Pour tenter de couper court à la polémique, les Crous ont publié un communiqué sous la forme d'une série de messages sur Twitter, confirmant que leur réseau serait "au rendez-vous pour assurer la réussite" des Jeux, mais que seule "une part limitée de ses logements" serait réquisitionnée, avançant le chiffre de "7% de logements concernés". "À titre indicatif, près de 30% des logements sont inoccupés à cette période", "en l'absence de cours", se défendent-ils.
Les organismes précisent aussi que "les étudiants souhaitant rester en Ile-de-France durant la période pourront être relogés". "Un logement temporaire, dans une autre résidence, pourra leur être proposé pour les mois de juillet et août", précise ainsi le mail du Crous de Versailles. "Ceux pour qui le logement est renouvelé sont assurés de le retrouver à la rentrée de septembre 2024, sans payer de loyer sur la période estivale", ajoutent les Crous sur Twitter. Auprès du Parisien, ils ont confirmé que les hébergements de Paris et de Créteil seraient aussi concernés par le dispositif et que les étudiants devraient en être informés prochainement.
Plus de 3000 logements étudiants seront réquisitionnés en Ile-de-France pour accueillir le personnel de l'événement, a aussi indiqué jeudi le ministère des Sports à l'AFP. "Le recensement effectué a d’ores et déjà permis d’identifier près de 18.000 places disponibles pendant les JO, dont environ 3200 dans les Crous", a-t-il expliqué, dans le but de loger "forces de sécurité, soignants, secouristes, chauffeurs d'autobus ou encore agents de sécurité privée".
Le ministère a également précisé que les étudiants qui mettront leur chambre à disposition seront assurés de retrouver un logement lors de la rentrée universitaire en septembre, et ceux qui prévoient de rester en région parisienne pendant cette période se verront "proposer un relogement dans une autre résidence". "Les étudiants seront bien entendu accompagnés individuellement par les équipes de nos résidences", a précisé le Crous de Versailles auprès de l'AFP, qui a confirmé l'authenticité du courriel partagé par l'internaute.
Les associations étudiantes restent pourtant sceptiques. "À ce jour, aucune garantie de relogement n’est avancée. Quant à d’éventuelles solutions de substitution, elles pousseraient les étudiantes et étudiants à s’excentrer en périphérie, loin de leur lieu d’étude, de stage ou d'emploi saisonnier", s'inquiète la COEF, qui craint aussi des "frais annexes" pour les étudiants locataires en cas de retour au domicile familial ou de déménagement.
"On se demande où vont être relogés ceux qui veulent rester. Beaucoup d’étudiants ont des petits jobs, donc la question de la localisation est importante", abonde aussi Éléonore Schmitt, porte-parole de l'Union étudiante, auprès du Parisien. De son côté, l'Unef "demande également à ce que l’État assure financièrement la location des chambres Crous afin de ne pas creuser davantage le déficit de ces services publics" et dit déplorer le manque de soutien du gouvernement pour la construction de nouvelles résidences étudiantes.
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