INTERVIEW - Le consultant star s'est fait une spécialité de distribuer frontalement les bons et les mauvais points chaque semaine dans le Canal Football Club. Metronews l'a donc sollicité pour qu'il le fasse à l'échelle de la saison de Ligue 1.
Qui est, pour vous, le meilleur joueur de la saison en Ligue 1 ?
Verratti, parce que c'est un joueur de classe mondiale, alors que Lacazette ne l'est pas encore. Lacazette a mis 27 buts, ce qui est méritant, mais il a marqué beaucoup de penalties et aucun but dans les grands matchs. Verrati, lui, a été constant et a gommé ses défauts. Il prend moins de cartons et fait moins de passes hasardeuses dans des zones dangereuses. Ça a été un vrai régal de le voir.
Le meilleur entraîneur ?
Par goût de la polémique, je vais dire Laurent Blanc, parce qu'on a trop tendance à dire que c'est facile de remporter la Ligue 1 avec le PSG. Il a parfaitement mené sa barque malgré une saison difficile, les suites de la Coupes du monde, Thiago Silva puis Zlatan Ibrahimovic blessés trois mois, Thiago Motta qui a manqué 35% des matchs... Ça jouait moins bien que l'an passé mais cette fois, Zlatan n'était pas en pleine bourre. Il est même permis de se demander dans quel état physique il a terminé la saison. Il ne faut pas banaliser
ce quadruplé
en ne regardant que le budget.
On va vous accuser de dire ça parce que c'est votre copain...
Mais je m'entends aussi très bien avec Jocelyn Gourvennec, et d'autres. C'est juste que Laurent Blanc ne pouvait pas faire mieux que ce qu'il a fait cette saison. Je m'étonne encore qu'on le critique à la moindre occasion et qu'on ne souligne jamais ses bons résultats, comme la qualification à Chelsea, très vite oubliée. C'est un taiseux mais il sait tenir un vestiaire. Il a été un très grand joueur et, à ce moment-là, il était écouté et consulté par ses entraîneurs. Aujourd'hui, il fait pareil avec Thiago Silva et Ibrahimovic. Ce n'est pas de la faiblesse, c'est dans l'ordre des choses.
Le meilleur président ?
Aulas, parce que même quand il est chiant, c'est le meilleur. C'est quelqu'un qui aime profondément l'OL, qui ne vit que pour son club. Je me souviens de ce qu'était Lyon quand j'ai débuté à L'Équipe (en 1984, ndlr) : un club de D2 qui faisait rigoler tout le monde, où il y avait tout le temps le bordel, plein d'histoires... Il faut bien voir ce qu'il en a fait et ce qu'il est en train de réussir. L'OL, avec son stade des Lumières, qui sera un stade privé, va mettre vingt ou vingt-cinq ans dans la vue de tous les clubs français, à part le PSG, tant que les Qataris sont là.
Le meilleur arbitre ?
J'ai bien aimé M. Lesage. Il y a d'énormes problèmes dans la désignation des arbitres en France, avec une notation complètement opaque. Ce n'est que du copinage. On pensait que ça changerait avec Pascal Garibian (au poste de Directeur technique, ndlr). Et non seulement ça ne change pas, mais le niveau des arbitres français ne s'améliore pas. Mikael Lesage, lui, est plus pédagogue que d'autres. Quand il met un carton jaune, il ne gifle pas le joueur avec.
Le pire joueur ?
Contrairement à ce que peut laisser penser mon ton caustique et cassant, je n'ai jamais aimé accabler quelqu'un. La plus grosse déception de la saison ? Gourcuff, évidemment, parce que, chaque fois qu'il a été en état de jouer, il a montré le joueur formidable qu'il était toujours et tout ce qu'il pouvait apporter à l'OL. Mais il y a eu
les blessures et les rumeurs à répétition
... Il est arrivé en bout de course avec ce groupe et avec cette ville. La prochaine saison sera déterminante pour lui.
Le pire entraîneur ?
Tous les entraîneurs qui ne jouent pas ! Par exemple, je ne comprends pas pourquoi Lille
(entraîné par René Girard, ndlr)
a refusé de jouer au foot pendant vingt-cinq matchs avant de s'y mettre enfin grâce à un joueur venu de Ligue 2 (Sofiane Boufal, ndlr). J'ai beaucoup plus de tendresse pour le Guingamp de Gourvennec, le maintien de Lorient ou le retour de Troyes en L1. Mon plaisir ne se résume pas au budget, il y a aussi la qualité de jeu. Mais on ne peut pas non plus la dissocier du résultat, comme on l'a fait avec Marseille. On ne peut pas dire que Bielsa nous procure du spectacle quand il perd 2-3 à domicile contre Caen et 3-5 contre Lorient. Ça n'a pas de sens.
Le pire président ?
(il souffle) Ce qui m'a gonflé, ce sont les guéguerres Aulas-Labrune, même celle avec Nasser Al-Khelaïfi. Il y a eu beaucoup de tension et de mauvaise foi. Canal+ a même été pris en otage. Ça manquait un peu d'élégance, de fair-play et de sang-froid.
Le pire arbitre ?
Il y en a plusieurs mais j'ai surtout beaucoup de mal avec M. Varela. Il représente tout ce que je déteste sur un terrain : un mélange d'autoritarisme et d'ironie envers les joueurs. On voit clairement qu'il n'y a plus de rapport de confiance. Vous savez, ça ne trompe pas quand les joueurs vous reparlent au téléphone d'un arbitre qu'ils ont eu il y a trois semaines... Il n'y a globalement pas de relation de confiance entre les joueurs et les arbitres en France. C'est insupportable. Nos arbitres ont tendance à se comporter comme des flics, avec des excès et un manque de psychologie effroyable. On se souvient de l'expulsion consternante de Cavani au Stade de France contre Lens (pour avoir mimé un tir de mitraillette après un but, ndlr). Et ce n'est qu'en exemple.
Pour finir, quelle note mettriez-vous à Didier Deschamps à trois jours du dernier match de la saison des Bleus, samedi en Albanie ?
Cette année ne lui a pas été très utile. Par rapport aux latéraux, au partenaire de Varane en charnière, à la constitution d'un milieu de terrain plus créatif, à la ligne d'attaque... Aucun de ces dossiers n'a avancé depuis la Coupe du monde. Je lui mettrais 6 sur 10. Je le connais assez bien pour savoir qu'il sait très bien ce qu'il fait. Mais je me demande pourquoi on ne voit jamais Gonalons, qui fait une excellente saison, ou Zouma, qu'il n'a appelé qu'une fois... Il n'a pas assez ouvert son groupe.
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