Multi médaillée mondiale et paralympique, Nantenin Keïta sprinte dans les catégories déficience visuelle.Au sein de la fondation Salif Keïta, en équipe de France et avec ses sponsors partenaires, elle se bat pour faire du handicap une force.Dans le podcast Expertes à la Une, elle raconte son rôle.
400 mètres plus loin, le 17 septembre 2016, Nantenin Keïta décroche la médaille d’or paralympique dans la catégorie T13 (malvoyants). En faisant le tour du mythique stade Maracana de Rio de Janeiro, avec un temps canon de 55,78 secondes, la sprinteuse est allée au bout d’elle-même. Tenace, elle s’accroche : "Quand je suis convaincue de l’importance et des bienfaits de ce que j’accomplis, je ne lâche pas. C’est plus la quête de la médaille d’or qui m’a motivé que le chrono en lui-même", déclare-t-elle à Christelle Chiroux dans le podcast Expertes à la Une que vous pouvez écouter ci-dessus.
À l’école, difficile de tenir Nantenin Keïta. Sensible, pleine d’énergie, elle est encouragée par ses enseignants à faire du sport pour la "canaliser". La sportive de haut niveau, fille du célèbre musicien Salif Keïta, est désormais multiple championne d’Europe et du monde de para-athlétisme, sponsorisée par des marques prestigieuses et ambassadrice de son handicap. "Je ne me porte pas trop mal, j’ai une chouette vie", affirme la Parisienne. Originaires du Mali, les parents de la championne décident d’émigrer en France à ses deux ans : "Mon père et moi sommes albinos. Les personnes victimes de cette anomalie génétique sont traquées, mutilées, discriminées en Afrique. Mon père a subi du rejet et il ne pouvait pas travailler. Il ne voulait pas que je vive les mêmes choses", confie Nantenin Keïta.
Le sport pour se construire
Nantenin Keïta touche à tous les sports avant de se mettre à l’athlétisme. Repérée par la Fédération handisport, elle se met au sprint. "J’avais envie de faire du sport depuis toute petite. Au lycée, j’ai trouvé un entraîneur et un camp d’entraînement dans un club en dehors de mon lycée. À mes premiers championnats du monde, je perds et j’ai voulu m’investir davantage pour ne plus que ça arrive", s’amuse l’athlète. Sur les conseils de la Fédération, elle se concentre sur le 400 mètres. En juillet dernier, aux Championnats du monde au stade Charléty de Paris, elle termine au pied du podium. Compensation, elle devrait gagner sa place pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Et ce, sans entraînement. "Je revenais de blessure", complète la sportive. À 38 ans, elle reconnaît devoir adapter sa pratique : "Je n’ai plus 20 ans !" Mais elle compte bien courir jusqu’à Paris : "Devant le public français, je veux sortir des Jeux en me disant que j’ai accompli tout ce que je devais faire".
Au-delà du sport, Nantenin Keïta veut transmettre et accompagner les jeunes en situation de handicap. "J’aimerais permettre à des jeunes d’être fiers de ce qu’ils sont. Le sport peut améliorer leur quotidien et faire évoluer les mentalités. Il m’a permis d’accepter mon handicap. Ce n’est pas une fatalité, il faut montrer que tout est possible. Sans mon handicap, je n’aurais peut-être pas vécu autant de belles choses", soutient la championne. Pour elle, les performances sportives ne suffisent pas : "La médaille, c’est la cerise sur le gâteau. Le gâteau, c’est l’aventure humaine. C’est toujours ce que je veux vivre." Elle insiste sur la spécificité du handisport : "C’est une vraie discipline, avec ses propres règles et ses performances. On ne doit pas faire de comparaison avec les valides."
Des engagements tous azimuts
Début juillet, l’athlète devient co-capitaine de l’équipe handisport d’athlétisme. "Le staff a confiance en moi, c’est beaucoup de reconnaissance. Je dois accompagner, embarquer et réconforter les coéquipiers. Avec ce rôle, on ne pense plus qu’à soi, il faut parfois déplacer son énergie vers l’autre", estime la championne.
Après les entraînements, elle aide son père à s’occuper de la Fondation Salif Keïta. "Nous faisons avancer les mentalités africaines sur l’albinisme et les différences. Nous accompagnons les enfants au Mali, nous expliquons que les enfants albinos n’ont aucun pouvoir surnaturel, nous distribuons des protections solaires, nous aidons les enseignants à adapter leurs cours à des enfants déficients visuels, etc.", décrit la fille du célèbre chanteur.
Comme beaucoup d’athlètes handisports de haut niveau, Nantenin Keïta ne compte pas ses heures pour chercher des sponsors. Mais attention, la Parisienne prend le temps de les choisir : "Je dois me reconnaître dans les valeurs de mes partenaires. Ça peut devenir compliqué de signer si je ne suis pas d’accord avec la personne qui collabore avec moi." Aujourd’hui, de grands groupes soutiennent la sportive et, certains même, la démarchent. Une autre victoire pour Nantenin Keïta.
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