Roland-Garros : pourquoi le tennis français n'y arrive pas ?

Publié le 1 juin 2016 à 19h52
Roland-Garros : pourquoi le tennis français n'y arrive pas ?

BILAN – Sorti par Andy Murray en quart de finale mercredi, Richard Gasquet était le dernier représentant tricolore en lice. Entre les forfaits, la nouvelle génération qui peine à décoller et les contre-performances, le tennis français semble encore loin pour pouvoir prétendre à une victoire en Grand Chelem et surtout à Roland-Garros. On a essayé de comprendre.

Il y aura toujours ceux qui viendront évoquer la malchance. Si les défections de Gaël Monfils (demi-finaliste en 2008 et quart de finaliste en 2014), avant le tournoi, puis celle de Jo-Wilfried Tsonga (demi-finale l’an dernier et en 2013), pendant, ne sont effectivement la faute de personne, le reste des déceptions tricolores pose tout de même la question du niveau de notre tennis. Au moins sur terre battue, à Paris.

Car entre la nouvelle génération qui tarde à vraiment exploser (Caroline Garcia, Lucas Pouille, Quentin Halys…), les filles (Pauline Parmentier, Alizé Cornet et Kristina Mladenovic) toutes sorties dès le 3e tour et les garçons qui ont dû s’en remettre à Richard Gasquet (!!!) pour espérer avoir un représentant dans le dernier carré et sauver ce tournoi (espoir déçu, donc…), le camp tricolore n’a offert que très peu de satisfactions cette année.

"Ils sont tombés sur plus forts, on ne peut pas leur reprocher grand-chose"

Seuls le petit Mathias Bourgue (22 ans, n° 164), qui a sérieusement accroché Andy Murray au 2e tour, et Gasquet, contre Kei Nishikori en 8e de finale, nous ont fait vibrer. C’est peu… Et quand on demande des explications aux acteurs de ce film décevant car répétitif, c’est finalement un sentiment général de bonne volonté mais d’impuissance qui se dégage. 

Ainsi, juste après la défaite du Biterrois contre l'Ecossais mercredi, Arnaud Di Pasquale, le DTN du tennis tricolore, nous confiait un brin fataliste : "C'est vrai qu'il n'y a pas eu d'exploit, mais ils (les Français) sont à chaque fois tombés contre plus forts qu’eux. On ne peut pas leur reprocher grand-chose". Alors dans ce cas...

"Pour battre un Top 5, il doit être moins bien et toi, dans la forme de ta vie"

Quand nous avions interrogé Gilles Simon sur ce sujet en avril 2015, le n° 1 tricolore d’alors avait refusé de parler d’un "problème du tennis français" mais admettait tout de même que lui et ses compatriotes se blessaient plus souvent que la concurrence. "On a tous tenté des trucs comme aller chercher des préparateurs physiques à l’étranger, nous expliquait-il. Mais le constat de dire qu’on se casse plus que le Top 10, reste vrai. Sauf qu’il faut le lire autrement : c’est parce que ces mecs (duTop 10, ndlr) se cassent moins qu’ils ont leur classement".

Un ranking qui permet de moins jouer et d’être épargné dans les premiers tours des grands tournois. "C’est vrai que quand tu es haut, tu ne commences à tomber sur des clients sérieux qu’à partir des quarts ou des demi-finales, confirme de son côté Jérémy Chardy, impuissant la semaine dernière face à Stan Wawrinka au 3e tour de Roland-Garros. C'est plus confortable, car les joueurs du Top 5 sont vraiment à part. Pour les battre, il faut tomber sur un jour où ils sont un peu moins bien, et toi, dans la forme de ta vie… Ça fait quand même beaucoup de paramètres".

"On en a marre de lire qu’on est des branleurs !"

Comme celui que l'on entend souvent dans les coulisses des tournois et qui dit que les Français bossent moins, se font moins mal que les autres à l’entraînement. "Ça, c’est vraiment un truc qui m’énerve. On en a marre de lire qu’on est des branleurs !, s’agace Jonathan Eysseric (n° 192 et ancien n° 1 mondial en juniors), croisé en avril dernier lors d’un événement de son équipementier Tecnifibre. Les gens ne se rendent pas compte qu’on bosse comme des chiens jusqu’à se faire vomir. On a les boules quand on perd !".

Le problème, c’est que cela arrive aussi contre des joueurs d’un niveau moindre : si Gasquet (n° 12) s'est logiquement incliné contre Murray (n° 2), à Roland-Garros, on aussi vu Simon (n° 18) céder face à Viktor Troicki (n° 24) et Benoit Paire (n° 21) contre Teymuraz Gabashvili (n° 79)... "Depuis quelques années, je trouve que le circuit est beaucoup plus homogène, estime Chardy (n° 32). D’où l’importance de la condition physique, car chaque match est de plus en plus dur". 

"Enlever les nœuds dans la tête"

Le corps, donc, mais aussi la tête. Car ce qui est le plus souvent reproché au tennis français, c'est de ne plus savoir produire des joueurs avec un mental de gagnant. "C’est vrai que ça, on ne le travaille pas assez en France. Même un mec comme Gilles (Simon) a dit récemment qu’il avait parfois peur avant d’attaquer un match. C’est là que se fait la différence, estime encore Jonathan Eysseric. Je ne pense pas que des Nadal ou des Djoko ont cette peur-là, mais si c’est le cas ils travaillent avec des professionnels. C’est pas en frappant 5.000 coups droits tous les jours que tu arrives à enlever les nœuds que tu as dans la tête…" Ils doivent bien avoir un psy à la FFT, non ?

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La rédaction de TF1info

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