La Route du Rhum 2022

Son navire part en fumée : un skipper de la Route du Rhum raconte son naufrage

Laetitia A.D.
Publié le 15 novembre 2022 à 6h18
JT Perso

Source : TF1 Info

Le skipper Fabrice Amedeo a été contraint ce lundi d'abandonner son bateau qui a sombré au large des côtes portugaises.
Il raconte comment une explosion et un incendie sur son navire l'ont forcé à prendre en urgence un radeau de survie.
Après plusieurs heures en pleine mer, le navigateur a finalement pu être récupéré sain et sauf par un cargo.

"Je suis sain et sauf sur un cargo (...) Mon Imoca Nexans – Art et Fenêtres a coulé en flamme sous mes yeux. Ce sont tous mes rêves qui se sont engloutis avec lui". C'est par ces mots que commence le récit de Fabrice Amedeo, skippeur de la Route du Rhum 2022. Lundi 14 novembre, une explosion, puis un incendie à bord de son navire l'Imoca (Nexans & Fenêtres) le contraint à abandonner son bateau et a sauté dans un radeau en urgence.

Fabrice Amadeo se retrouve alors perdu dans les mers, au large des côtes portugaises. Ce n'est qu'après plusieurs heures à dériver que le marin de 44 ans a pu être secouru par un cargo, le Maersk Brida. Sain et sauf, il a décidé de raconter son histoire sur les réseaux sociaux et sur son site internet.

Son bateau sombre en à peine trente minutes

Dimanche, une première avarie est constatée par Fabrice Amedeo sur son bateau. Son ballast tribord, le réservoir d'eau destiné à donner de la puissance au bateau, se rompt. Plusieurs centaines de litres d'eau s'infiltrent dans le navire, et les batteries électriques d'alimentation grillent en un instant. Après avoir évacué un maximum d'eau possible, le navigateur, désormais privé d'électricité, réussi à contacter son équipe grâce à un téléphone de secours. Fabrice Amedeo décide alors d'aller vers le port portugais de Cascais afin de pouvoir réparer l'Imoca.

Mais quelques heures après cet événement, Fabrice Amedeo voit une fumée s'échapper du bateau. Une explosion retentit. Il récupère une combinaison de survie, son alliance de mariage, et tente d'étendre l'incendie qui s'est déclarée. "Je donne un coup d’extincteur, mais rien n’y fait. La fumée n’est pas blanche comme hier, mais jaune. (...) Je comprends que je vais devoir évacuer. Je préviens mon équipe d’une possible évacuation. Au moment où je raccroche, je suis alors à l’arrière du bateau, prêt à déclencher ma survie : un torrent de flamme sort de la cabine et de la casquette. Je suis au milieu des flammes. Je ne peux même pas ouvrir les yeux", raconte le Mayennais de 44 ans sur son site internet.

Fabrice Amedeo parvient à sauter dans son radeau de survie pour le mettre à l'eau. Mais nouveau coup du sort : le radeau reste accroché au bateau, quoi qu'il fasse. "Je crois que c’est ici que tout s’est joué et que les choses ont basculé du bon côté. Je me dis 'si tu veux vivre, tu as quelques secondes pour trouver le couteau et couper". L’Imoca me tire à lui. Les vagues me ramènent dangereusement à lui. Je trouve finalement le couteau et coupe. Mon radeau dérive sous le vent de l’imoca qui est en flammes. Il va mettre 30 minutes à sombrer. Je lui ai parlé et l'ai remercié. Nous devions faire le tour du monde ensemble dans deux ans.", explique le skipper qui concourrait pour sa quatrième Route du Rhum.

"La mort n’a pas voulu de moi aujourd’hui, ou plutôt la vie n’a pas voulu que je la quitte"

Son navire a sombré. Et le skippeur se retrouve, seul, au milieu de la mer. Il doit réagir, vite. "Le téléphone satellite n’a pas aimé l’eau du radeau et ne fonctionne pas. Je me dis : 'personne ne sait que le bateau a coulé et que tu es dans ton radeau, si tu coupes la balise de ton Imoca que tu as pu emmener et que tu déclenches celle du radeau ils auront l’info'. C’est ce que je fais.", relate-t-il. Fabrice Amedeo ne le sait pas encore, mais l'appel a été entendu. Une opération de secours est déclenchée et les services de secours maritimes portugais contactent les navires présents sur la zone de l'accident. Le cargo Maersk Brida change alors de route pour tenter de retrouver le skippeur, aussi visible qu'un ballon orange perdu en mer.

Après un long échange entre Fabrice Amedeo et le capitaine du cargo, il est enfin localisé avec précision. Reste pour le marin à réussir à monter dans ce bâtiment, de la taille d'un immeuble. Il raconte son sentiment à ce moment : "C’est très impressionnant d’être dans mon radeau pneumatique à quelques mètres de ce géant d’acier. (...) À son passage, la mer se hache, le radeau se remplit abondamment d’eau. Il se repositionne à mon vent, à quelques mètres, c’est dingue, et dérive vers moi (...) L’équipage me lance des cordes que je ne parviens pas à récupérer dans un premier temps. Finalement, j'y parviens".

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Une fois à bord du cargo, le skippeur réalise sa chance. "La mort n’a pas voulu de moi aujourd’hui, ou plutôt la vie n’a pas voulu que je la quitte. Je suis dévasté mais le plus heureux des hommes, car ce soir ma femme et mes filles ne vont pas se coucher en pleurant", lance-t-il. Fabrice Amedeo sera débarqué en bonne santé dans la ville portuaire de Ponta Delgada, située sur la côte sud de l'île de São Miguel, dans l'archipel des Açores.

Malgré cet accident, le navigateur compte revenir en mer : "Cette aventure n’altère en rien ma passion pour mon métier et pour l’océan. (...) Je vais rebondir". L'abandon de Fabrice Amedeo a été le 19e de cette 12e édition de la Route du rhum.


Laetitia A.D.

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