Un groupe de joueurs et joueuses passés par le championnat de France va déposer une série de recours en justice contre la Fédération (FFR) et la Ligue (LNR).Atteints de lésions et de troubles dus à des chocs répétés à la tête, ils s’estiment victimes des manquements des instances à leurs obligations de sécurité et d’information.Outre la reconnaissance du préjudice subi, ils espèrent une prise de conscience générale face au fléau des commotions cérébrales.
Tous souffrent aujourd’hui de lésions cérébrales permanentes, certains de démence précoce, de dépression ou de la maladie de Parkinson. En cause ? La répétition des chocs à la tête, commotions et autres traumatismes crâniens. Selon nos informations, confirmant celles du journal L’Équipe, un groupe d’une quinzaine de joueurs et joueuses de rugby ayant évolué en France entre 2003 et 2022, représentés par le cabinet d’avocats Alekto, se prépare à déposer une pluie de recours administratifs contre la Fédération française de rugby (FFR) et la Ligue nationale de rugby (LNR).
Parmi eux, l’ancien pilier des All Blacks Carl Hayman, les Canadiens Jamie Cudmore et Cameron Pierce, ou encore le Gallois Alix Popham et l'Anglais Steve Thomson, qui mènent déjà pareille action en justice outre-Manche.
La FFR et la LNR se sont abstenues de prendre des mesures nécessaires ou adéquates
Me Foucaud Prache et Me Nino Arnaud, avocats des joueurs
Les instances dirigeantes du rugby français se voient reprocher des manquements à leurs obligations de sécurité et d’information, les joueurs considérant qu’une meilleure prise en charge aurait permis d’éviter, du moins atténuer, la survenance des troubles neurologiques et psychiatriques dont ils sont victimes. Elles s'exprimeront sur cette affaire après des réunions de consultation entre médecins, indique le quotidien.
"La FFR et la LNR se sont abstenues de prendre des mesures nécessaires ou adéquates, et ce en dépit de l’évolution des connaissances scientifiques en la matière, des données et sources disponibles, et de l’évolution du sport", écrivent leurs avocats Me Foucauld Prache et Me Nino Arnaud dans le courrier adressé lundi aux présidents Bernard Laporte et René Bouscatel. Une lettre consultée par TF1info qui souligne qu’au-delà de la reconnaissance et de l’indemnisation du préjudice subi, leurs clients espèrent aussi et surtout une prise de conscience globale et des changements en profondeur.
Risques élevés de maladies neurodégénératives
Des appels à faire évoluer les pratiques qui font écho à ceux entendus à l’étranger. Au cœur de l’été, en juillet, plus d’une centaine d'anciens internationaux britanniques souffrant de dommages neurologiques avaient déjà porté plainte contre World Rugby et les fédérations anglaise et galloise, bientôt rejoints par des dizaines d’autres. Fin septembre, c’était au tour des instances irlandaises de se retrouver dans le viseur d’ex-rugbymen pour les commotions à répétition subies pendant leur carrière.
Préoccupation croissante des représentants du sport et des pratiquants eux-mêmes, professionnels comme amateurs, la santé cérébrale des joueurs de rugby fait de plus en plus l’objet d’études. L’une d’elle, publiée début octobre dans le Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, s'est penchée sur 412 anciens internationaux écossais de rugby avant de les comparer à 1200 personnes issues de la population générale. Elle a montré que les joueurs avaient deux fois et demie plus de risques de développer des maladies neurodégénératives, et même quinze fois plus pour une maladie du motoneurone.
Ces recherches, s’accordent les scientifiques, doivent toutefois être approfondies. Voilà pourquoi des chercheurs argentins ont lancé en début d’année une étude au long-cours, dont les résultats ne seront connus que dans douze ans. Objectif : déceler d'éventuelles différences dans les risques encourus en fonction du poste occupé, mais avant tout affiner la connaissance des lésions cérébrales et la difficulté de leur détection. Et pour cause, contrairement aux idées reçues, les commotions n’impliquent une perte de connaissance que dans 10% des cas environ.
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