Rugby : après un Tournoi réussi, le XV de France sur la route du Mondial

Guilhem Guirado avant Irlande-France, choc du Six Nations : "Ça va être un sacré test"

Publié le 9 février 2023 à 9h00
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

Vainqueur au forceps de l'Italie (24-29), en ouverture du Tournoi, le XV de France se rend en Irlande, samedi 11 février, pour un choc au sommet.
Face à la première nation mondiale, les Bleus de Fabien Galthié, invaincus depuis 14 matchs et candidat à un deuxième Grand Chelem, vont pouvoir se jauger.
Ancien capitaine tricolore, l'ancien talonneur Guilhem Guirado livre à TF1info son analyse avant ce match aux airs de finale.

Après le week-end à Rome, place à l'escapade à Dublin. Rentré d'Italie, avec un succès étriqué mais bonifié (24-29), dimanche 5 février, le XV de France s'en va respirer le grand air celtique. Au programme de cette virée en Irlande : un choc XXL, aux allures de finale avant l'heure, samedi 11 février (à 15h15, en live commenté sur TF1info), face au "XV du Trèfle", qui a justifié son statut de numéro un mondial avec une victoire autoritaire au pays de Galles (10-34) en ouverture du Six Nations. 

À six mois de la Coupe du monde, c'est un immense test qui attend les hommes de Fabien Galthié, en quête d'une 15e victoire de rang et, par extension, d'un deuxième Grand Chelem consécutif. Un match qui va servir de "révélateur" que ne manquera pas Guilhem Guirado. Capitaine remarquable à une période où les Bleus ont souvent tâtonné, l'ancien talonneur (74 sélections dont 33 avec le brassard), qui se raconte dans son autobiographie Tomber, se relever, toujours (parue aux éditions Solar), aura les yeux rivés sur l'Aviva Stadium où, comme il l'indique à TF1info, seront jaugées les ambitions tricolores.

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On l'entend et on lit partout. Peut-on parler de finale avant l'heure pour ce choc Irlande-France ?

Guilhem Guirado : Ce sont les deux équipes les plus régulières sur l'année 2022, au regard de leurs résultats et tout ce qu'elles ont pu produire. L'année dernière, elles s'étaient affrontées pour le gain du Tournoi. La France l'avait emportée et s'était mise sur la route du Grand Chelem. Cette année encore, ce sont deux prétendants au titre. C'est un rendez-vous très attendu entre les deux premières nations mondiales (l'Irlande est première, la France deuxième, ndlr), c'est pour ça que tout le monde parle de finale. Il y a aussi un enjeu crucial et primordial pour la Coupe du monde, qui arrive dans moins de six mois maintenant. 

Ce match face aux Irlandais n'arrive-t-il pas trop vite dans le Tournoi ? 

On les avait aussi affrontés à ce moment-là l'an passé. Croyez-moi, il n'y a pas de moment idéal pour les défier. Hormis le déplacement au Millenium de Cardiff contre le pays de Galles, où on était allé chercher la victoire (9-13, le 11 mars 2022), qui nous avait lancés vers le Grand Chelem, ça fait longtemps que le XV de France ne s'est pas jaugé sur un gros match à enjeu à l'extérieur. Là, c'est une bonne opportunité de se tester. Il y a deux ans, quand on était allé jouer en Irlande, le contexte était différent avec le Covid. Le stade était vide, mais on avait réussi à gagner (13-15, 14 février 2021). Ça va résonner très fort dans l'Aviva Stadium. Les Irlandais sont très fiers de leur équipe, qui a des résultants probants depuis plusieurs années. Le public joue un rôle considérable sur l'état d'esprit des troupes. Ça va être un sacré test. On a tous hâte de voir ce match révélateur.

Peut-il servir à dégager le futur vainqueur du Six Nations ? 

Clairement, ce sera révélateur de notre niveau de jeu, même s'il ne faudra pas tirer d'enseignements trop rapides. On a vu que l'équipe de France avait eu un peu plus de mal à se trouver en Italie, mais il n'y a pas de raison d'être plus inquiet que ça. Ce n'était que le premier match depuis que les gars se sont quittés en novembre. Mais, je le répète, ce déplacement en Irlande va être un gros test. On va voir comment ça se déroule. Si c'est un plan sans accroc ou s'il y a encore une marge de travail.

Être irréprochable en défense

Guilhem Guirado, ancien talonneur et capitaine du XV de France

À Rome, les Bleus ont été très indisciplinés (18 pénalités concédées). Shaun Edwards, l'entraîneur de la défense française, a dit redouter le pire à Dublin, si la France ne "rectifiait pas" le tir. A-t-il raison d'être alarmiste ?

Il est dans son rôle. Shaun Edwards est là pour recadrer les troupes. Mais on sait tous très bien que, face à l'Irlande, l'équipe de France ne refera pas le même match. Contre une équipe latine, comme l'Italie, on a toujours une petite tendance à être moins précis et surtout moins bons dans tous les petits détails du combat. Cette semaine, le staff tricolore va insister sur la notion de combat, direct et indirect, qui est la grande force des Irlandais. Il faudra être présent et irréprochable en défense de ruck (phase de jeu pour la lutte pour la possession du ballon). Il faudra être vraiment propre pour contester ces ballons. 

Qu'est-ce qui rend cette équipe d'Irlande si redoutable ?

Comme l'Italie, l'Irlande est une équipe qui aime bien tenir le ballon. À la différence notable qu'elle a un peu plus de solutions, qu'elle a plus de soutiens et qu'elle est beaucoup plus précise dans son orientation du jeu. Ça va être compliqué si on leur laisse trop le ballon. Mais, rappelez-vous que, l'année dernière, on avait été très efficace sur ces zones-là lorsqu'on avait le ballon et qu'on avait marqué très rapidement. Ça nous avait permis de gagner le match (30-24, le 12 février 2022).

Les Bleus avaient livré un gros combat aux Irlandais, le 12 février 2022.
Les Bleus avaient livré un gros combat aux Irlandais, le 12 février 2022. - FRANCK FIFE / AFP

Méthodique, le "XV du Trèfle" est aussi réputé pour sa défense hermétique…

Effectivement, ça va être compliqué de bouger ces Irlandais. Après, on a vu contre l'Italie que notre arme offensive numéro un était le jeu au pied dans les coins pour sanctionner la défense adverse. Sur ce match, je m'attends à ce que l'Irlande nous mette une grosse pression. On n'aura pas le temps de manipuler le ballon sur nos attaques. Il va falloir multiplier les temps de jeu pour déséquilibrer cette équipe, chose que le XV de France sait très très bien faire. On va devoir occuper et jouer le plus possible dans le camp irlandais. Quand on est chez eux, c'est plus "facile", parce qu'on prend moins de risques. 

Être premier mondial, c'est anecdotique

Guilhem Guirado, ancien talonneur et capitaine du XV de France

Certains joueurs peuvent-ils encore espérer faire leur trou à six mois du Mondial ?

Le groupe est quasiment déjà formé. Il y a de très belles choses créées depuis trois ans, avec une équipe qui repose toujours sur la même ossature. Sauf imprévu d'ici à la Coupe du monde, des joueurs en méforme ou, malheureusement, blessés, il y aura peu de révolutions et peu d'évolutions à certains postes. Néanmoins, c'est toujours très important d'avoir un coup d'avance sur ce qui peut se passer. Comme je le dis souvent, ce ne sont pas seulement les 15 sur le terrain qui seront champions du monde. Ça va bien plus loin. Les 40 joueurs, qui vont faire la préparation, vont générer une force au sein du groupe. On voit qu'il y a toujours un ou deux joueurs qui sortent du lot et finissent par découvrir le niveau international. Je pense au jeune (Ethan) Dumortier le week-end dernier. La porte n'est pas fermée, mais ça se fait par parcimonie.

L'autre enjeu, c'est la première place mondiale du classement World Rugby.

Bien sûr, les gars connaissent le contexte (en cas de nul ou de succès à Dublin, la France chipera la première place mondiale à l'Irlande). C'est important de le savoir, mais après, être premier ou non, c'est anecdotique. À la fin de l'année, on peut faire un bilan, tirer des enseignements et suivre sa marche de progression. Là, c'est différent, on est en cours de saison. Il reste pas mal de rencontres derrière. Si on gagne contre l'Irlande, mais qu'on s'écroule sur les trois derniers matchs, le classement on s'en moquera un peu. Évidemment, c'est bien que notre rugby soit dans le Top 3 mondial, et c'est encore mieux d'arriver au plus près de la première place avant la Coupe du monde. Ça permet de montrer que le travail est bien fait et que les résultats suivent. Mais si on est deuxième ou troisième, ça ne viendra pas hypothéquer nos chances pour le Mondial. 


Yohan ROBLIN

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