Serge Aurier, "bad boy" en France mais adulé en Côte d'Ivoire

Adrien Chantegrelet avec AFP
Publié le 14 novembre 2016 à 14h11
Serge Aurier, "bad boy" en France mais adulé en Côte d'Ivoire
Source : SIPA

ANGE OU DÉMON – Critiqué en France pour les nombreux écarts de conduite dont il a fait l’objet en 2016, Serge Aurier conserve malgré tout une importante côte de popularité en Côte d’Ivoire. A l’heure où les deux pays s’apprêtent à s’affronter mardi soir au stade Bollaert de Lens (21 heures), comment expliquer que le défenseur du PSG divise autant ? Explications.

Les casseroles sont nombreuses. En février, moins d'un an après une suspension de trois matches infligée par l'UEFA pour avoir insulté à distance un arbitre, Serge Aurier récidive contre son entraîneur du PSG d'alors, Laurent Blanc, et moque certains de ses coéquipiers, sur l'application Periscope. Fin septembre, il a été condamné à deux mois de prison ferme après une altercation avec des policiers à Paris, et début octobre il a mimé un égorgement en fêtant un but. Ces problèmes extra-sportifs ont véritablement porté préjudice au défenseur du Paris Saint-Germain dont l’image a été considérablement écornée tout au long de l’année 2016 en France. Et pourtant, de nombreux Ivoiriens prennent sa défense sur les réseaux sociaux où l'on critique les "jaloux". Pour Mamadou Dia, président du club de Lys Sassandra (2e division ivoirienne), le latéral de 23 ans est victime d'un acharnement médiatique en France. "Il est clair que si Aurier évoluait en Angleterre personne ne gagnerait à interpréter ses faits et gestes, dit-il. C'est notre diamant. Nous devons le couvrir de tout notre amour aussi bien sur le plan familial que professionnel". 

Qu'on l'aide à être exemplaire plutôt que de chercher à le détruire
Abou Cissé

"Les Français doivent arrêter de diaboliser Aurier. On a vu Eric Cantona faire des choses inimaginables lorsqu'il évoluait à Manchester United en Angleterre, souligne Abou Cissé, président délégué de la JCA Treichville, le plus ancien des clubs ivoiriens. Cela n'a pas empêché les médias français de vanter ses mérites. Aurier est encore jeune. Son comportement est la résultante de son environnement. Mais, c'est quelqu'un de gentil. Qu'on l'aide à être exemplaire plutôt que de chercher à le détruire". Le journaliste de la Radio nationale Brice Kouassi est sur la même longueur d'ondes : "Le tort d'Aurier c'est d'avoir touché Laurent Blanc, un des symboles du foot français. C'est l'un des meilleurs latéraux du monde, il est temps pour lui de se recadrer pour être un exemple pour la jeune génération qu'il incarne", nuance-t-il néanmoins. "Il a un talent fou", insiste Aka Kouamé, vainqueur de la CAN-1992 avec les Eléphants. Assiry Essoh, actuel milieu de terrain de l'Africa Sports acquiesce : "Il nous inspire tous, c'est un super joueur." 

Beaucoup rétorquent que la Fifa n'a infligé "aucune sanction" au défenseur du PSG pour sa célébration malheureuse contre le Mali le 8 octobre et rappellent que lors de la même rencontre il a évité à un joueur malien d'avaler sa langue après un choc dans un duel... Même s'il différencie le sportif de l'extrasportif, la star ivoirienne absolue Didier Drogba se montre quant lui plus sévère, refusant d'être "solidaire dans la bêtise" avec Aurier.  "Son problème a été extra-sportif, mais sur le terrain, il a toujours tout donné. Mais quand tu sais qu'il y a des jeunes qui scandent ton nom et qui demandent des autographes, tu te dois de faire attention à tous tes faits et gestes", a-t-il commenté sur RTL. Moi, quand il fait quelque chose de pas bien, je lui dis. Mais c'est quelqu'un de bon, de fidèle et c'est quelqu'un qui a envie de réussir. Je le défends un peu parce qu'il m'est arrivé de péter les plombs, je ne pense pas être quelqu'un de mauvais", a conclu l'icône ivoirienne.


Adrien Chantegrelet avec AFP

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