FOOTBALL - La pression n'avait eu de cesse de s'accentuer depuis deux jours et l'annonce du projet de compétition européenne fermée. Dans la nuit de mardi à mercredi, six des douze clubs fondateurs se sont retirés.
48 heures à peine après son lancement officiel du projet, la Super Ligue a du plomb dans l’aile. En l’espace d’une nuit, la moitié des clubs fondateurs de la compétition privée, pensée comme rivale de la Ligue des champions, ont fait défection et l’organisation se voit contrainte de penser à "remodeler" ses intentions. Et ce, malgré la perspective initiale de matches à enjeu et de revenus colossaux.
Portés par le Real Madrid et la Juventus, les douze "mutins" entendaient créer une compétition où ces grands clubs européens bénéficieraient d’une place acquise. Mais face à la pression grandissante des supporters, des instances sportives, voire des gouvernements, la cohésion s’est brisée. Le premier à céder, Manchester City, annonçait mardi soir par voie de communiqué avoir "formellement lancé la procédure pour se retirer".
Club statement. https://t.co/GeNQZn8091 — Manchester City (@ManCity) April 20, 2021
Ce premier retournement de situation a provoqué le soulagement du président de l’UEFA, elle-même porteuse d’une réforme de la Ligue des champions. Aleksander Ceferin se disait alors "ravi d'accueillir le retour de City dans la famille du football européen".
"Une erreur"
Dans la nuit, les cinq autres cadors de la Premier League ont suivi l’exemple : Tottenham, Liverpool, Manchester United et Arsenal d’abord, puis Chelsea selon qui la "participation [au projet] ne servirait pas les intérêts du club, de ses supporters et de la communauté élargie du football". "Nous avons fait une erreur et nous nous excusons pour cela", a déclaré Arsenal de son côté.
Club statement. — Chelsea FC (@ChelseaFC) April 20, 2021
Les promoteurs de la Super Ligue ont certes répliqué. Dans leur communiqué, publié après celui de Chelsea, ils réaffirment leur conviction que la proposition "est entièrement alignée avec le droit européen" et que "le statu quo actuel du football européen doit changer". Mais ils annoncent leur intention de "reconsidérer les étapes les plus appropriées pour remodeler le projet".
Levée de boucliers
Face à la Super Ligue emmenée par Florentino Pérez, le président du Real Madrid, la protestation avait été vive et presque unanime. Tandis que le Premier ministre britannique Boris Johnson promettait d’y opposer tous les moyens, "y compris l’option législative", plusieurs centaines de supporters manifestaient aux abords du stade Stamford Bridge de Chelsea, à Londres.
Du côté des instances, l’UEFA avait brandi la menace de l’exclusion des compétitions nationales ou internationales – sanction envisagée jusqu’à la perspective d’un Euro ou d’une Coupe du monde sans les joueurs internationaux évoluant au sein de ces équipes. En appui, le président de la Fifa : "Soit vous êtes dedans, soit vous êtes dehors", déclarait Gianni Infantino mardi matin.
En sus de l’opposition affichée de certains joueurs, menaces et oppositions semblaient avoir été anticipées par la Super Ligue. Mardi, un tribunal de commerce de Madrid rendait même une décision susceptible de geler provisoirement toute sanction. Mais l’ombre de l’exclusion continuait de planer avec une réunion du Comité exécutif de l’UEFA prévue vendredi, en particulier concernant l’édition actuelle de la Ligue des champions. Trois clubs concernés se trouvent dans le dernier carré : Manchester City, Chelsea et le Real Madrid.
Les clubs de Premier League mis de côté, quid des six autres clubs ? Selon diverses informations, le FC Barcelone et l'Atlético Madrid ont vu également émerger de sérieux doutes en interne. La décision est encore incertaine du côté du Real Madrid, de la Juventus Turin, l'AC Milan et l'Inter Milan.