"Un crachat au visage des amoureux de football" : la riposte de l'UEFA contre la Super Ligue

Publié le 19 avril 2021 à 15h46, mis à jour le 19 avril 2021 à 18h39
Le président de l'UEFA Aleksander Ceferin.

Le président de l'UEFA Aleksander Ceferin.

Source : FABRICE COFFRINI / AFP

CONTRE-ATTAQUE - Ébranlé par l'annonce de la création d'une Super Ligue, le président de l'UEFA Aleksandr Ceferin a matraqué lundi la nouvelle compétition. Très critique à l'égard des membres fondateurs de cette Ligue, il a annoncé que les joueurs des douze clubs dissidents ne pourront pas participer à la Coupe du monde et à l'Euro.

L'UEFA ne retient plus ses coups. Au lendemain de l'annonce de la création d'une Super Ligue, une compétition privée dissidente par douze équipes, l'instance européenne, organisatrice de la Ligue des champions, a tapé du poing sur la table par l'intermédiaire de son président Aleksander Ceferin. Lors de l'annonce de la réforme de la C1 à l'horizon 2024, il a dénoncé "une proposition honteuse" de quelques clubs "guidés par l'avidité". Il est même allé plus loin en comparant cette fronde à "un crachat au visage de tous les amoureux du football", en opposition aux "compétitions ouvertes" qu'il entend prôner. 

"Nous sommes tous unis face à ce projet de non-sens", a repris le dirigeant slovène au sujet de la Super Ligue, dont l'annonce a suscité un rejet collectif du monde du football européen. "Nous travaillons toujours avec notre service juridique, mais nous prendrons toutes les sanctions que nous pourrons. (...) Les équipes se qualifieront toujours et participeront à des compétitions sur la base du mérite, et non dans une boutique fermée et gérée par quelques privilégiés gourmands", a-t-il encore fustigé. "Pour certaines personnes, la solidarité n'existe pas, l'unité n'existe pas... la seule chose qui existe, ce sont leurs poches." 

L'UEFA n'est pas qu'une question d'argent, la Super Ligue oui
Aleksander Ceferin, président de l'UEFA

Le projet de Super Ligue, emmené par le président du Real Madrid Florentino Perez à la tête de l'organigramme, prévoit la participation permanente de quinze clubs fondateurs à une Ligue quasi-fermée, avec cinq invités. Parmi ces équipes, douze sont connues (six anglaises, trois espagnoles et trois italiennes). "L'UEFA distribue 90% des revenus en les réinvestissant dans le football. L'UEFA n'est pas qu'une question d'argent, la Super Ligue oui", a dénoncé Aleksander Ceferin. "Le principe de base ne peut pas changer, la solidarité est éternelle." Très remonté par cette défection des plus grands clubs européens, il a reconnu que les dirigeants de l'UEFA avaient été "naïfs" face à des présidents, qualifiés de "serpents".

Des "serpents" qu'il a rhabillés pour l'hiver. Il s'en est ouvertement pris à Andrea Agnelli, patron de la Juventus et jusqu'à lundi matin président de l'ECA, l'Association des clubs européens. "C'est la plus grande déception. Je n'ai jamais vu une personne mentir autant de fois et de manière aussi éhontée qu'il l'a fait", a-t-il assuré. "J'ai parlé avec lui samedi après-midi et il m'a dit que ce n'étaient que des mensonges. Les valeurs humaines s'évaporent face à la cupidité." Ed Woodward, vice-président de Manchester United, en a aussi pris pour son grade : "Je n'ai jamais vu des gens se comporter de cette manière. Il m'a appelé récemment et m'a dit qu'il était très enthousiaste et soutenait la nouvelle réforme. La seule chose dont il souhaitait me parler, c'était le fair-play financier. Et là, il signe quelque chose de complètement différent."

Les joueurs "bannis" des équipes nationales

Bien décidé à ne pas perdre la face, le président slovène de l'UEFA a réaffirmé, au cours de ce point presse, sa volonté que les équipes concernées soient "exclues le plus tôt possible de toutes les compétitions". Sans toutefois acter la suspension de la campagne de la Ligue des champions, actuellement au stade des demi-finales, à laquelle participent trois des membres fondateurs de la Ligue dissidente (Manchester City, Chelsea et le Real Madrid). Il s'est aussi montré très fermé à l'endroit des joueurs évoluant dans les clubs fondateurs de cette Ligue privée. Ils seront tout simple "bannis" des compétitions internationales telles que la Coupe du monde ou l'Euro et "ne pourront pas représenter leurs équipes nationales"

Une décision contre laquelle s'insurge la FifPro, le syndicat international des joueurs. "Les joueurs continuent d'être utilisés comme des avoirs et comme des moyens de pression dans ces négociations. C'est inacceptable pour la FifPro et les 60 000 joueurs que nous représentons", a-t-il réagi par communiqué. "Nous nous opposerons vigoureusement aux mesures, d'un côté comme de l'autre, qui porteraient atteinte aux droits des joueurs, telles que l'exclusion de leurs équipes nationales."

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Avant d'en arriver à ce point de non-retour, la réconciliation reste possible, à l'inverse d'une cohabitation entre la Ligue des champions et la Super Ligue. "S'ils veulent participer à un projet fantastique, ils seront les bienvenus", a promis Aleksander Ceferin. Pour autant, l'UEFA ne pas fait de leur présence une obligation. "Il y a beaucoup de clubs en Europe, beaucoup d'excellents clubs, beaucoup de supporters passionnés. Nous avons approuvé le changement de format de la compétition, et nous jouerons avec ou sans ces douze clubs", a indiqué le patron de l'instance. Le bras de fer est loin d'être terminé.


Yohan ROBLIN

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