ÉSOTÉRISME - Placé durant cinq jours en détention, après l'annulation de son visa par le gouvernement australien, Novak Djokovic a été libéré lundi 10 janvier. Une lueur d'espoir pour le Serbe, non vacciné et connu pour ses positions excentriques envers la science et la médecine, de pouvoir participer à l'Open d'Australie.
Novak Djokovic ou "Novax Djocovid". Détenu durant cinq jours au Park Hotel à Carlton, un centre de rétention dans la banlieue de Melbourne, après l'annulation de son visa par le gouvernement australien, le Serbe a été remis en liberté, lundi 10 janvier. Convaincu de la bonne foi de "Nole", le juge fédéral Anthony Kelly, en charge de l'affaire, a estimé "déraisonnable" le refus des autorités de lui octroyer un laissez-passer, alors que le numéro 1 mondial, non vacciné contre le Covid-19, avait bénéficié d'une dérogation médicale pour entrer en Australie, au motif d'un test positif, daté du 16 décembre dernier.
Désormais libre, "Djoko" n'est pas pour autant sorti d'affaires. Il reste, en effet, sous la menace d'une expulsion. Dans les milieux antivax, le combat qu'il livre aux autorités australiennes lui vaut l'admiration des "Covido-sceptiques". Car, en toile de fond de cet imbroglio politico-sportif, il est question de la pression exercée sur les non-vaccinés, incarnés ici par Novak Djokovic. Une figure de martyr exploitée par Srdjan Djokovic, estimant que son fils a été "crucifié"... comme Jésus. "Novak deviendra un symbole et un leader du monde libre, le leader des pays et des peuples pauvres et opprimés", a-t-il aussi affirmé. "Aujourd'hui ils peuvent le jeter dans un donjon, demain ils peuvent l'enchaîner. Novak est le Spartacus d'un nouveau monde."
Antivax ambigu, à défaut de l'assumer pleinement, Novak Djokovic a exprimé ses doutes sur le vaccin. Dès avril 2020, il avait expliqué dans un Facebook Live être "personnellement" "opposé à la vaccination". "Je ne voudrais pas à être forcé par quelqu'un à me faire vacciner afin d'être apte à voyager", avait-il affirmé, disant avoir "(son) propre avis sur la question" et ne pas savoir "s'il changera, à un moment donné". Peu après, il avait développé son propos. "Je ne suis pas un expert mais je veux avoir la possibilité de choisir ce qui est le mieux pour mon corps. Je garde l'esprit ouvert", avait-il écrit au New York Times.
L'eau polluée devenue pure
Une position qu'il a depuis répétée, prenant soin de ne jamais révéler son statut vaccinal. Du moins, jusqu'à son arrivée, le 5 janvier, à l'aéroport de Melbourne et la saga politico-sportive qui s'est en suivie. Un nouveau trou dans la raquette du Serbe. Car, si cette fois l'affaire a agité le petit monde du tennis, ce n'est pas la première fois que ses convictions interloquent. Et pour cause, bien avant le Covid, l'organisateur de l'Adria Tour, une série d'exhibitions dans les Balkans, qui s'était transformée en un cluster à ciel ouvert à l'été 2020, a toujours eu un rapport particulier avec la science. "Ne perdons pas de vue à quel point Djokovic est publiquement anti-science depuis des années", a rappelé sur Twitter Ben Rothenberg du New York Times.
Let's not lose sight of how wildly anti-science Djokovic has publicly been for years. Here he was last year preaching about how you can change water with emotion. Naive, but maybe these real consequences today can be a reality check for his nonsense? pic.twitter.com/LyJbJTvb9W — Ben Rothenberg (@BenRothenberg) January 5, 2022
"Il prêchait sur la façon dont vous pouvez changer l'eau avec émotion", a ajouté le journaliste de tennis. Au printemps 2020, dans un live sur Instagram avec Chervin Jafarieh, un "gourou du bien-être", Djokovic s'est fait l'écho d'une théorie obscure. "J'ai vu et je connais des gens capables, par des transformations énergétiques, par le pouvoir de la prière, de transformer la nourriture la plus toxique ou l'eau la plus polluée en eau la plus pure", a-t-il avancé. "Parce que l'eau réagit à nos émotions." Il a affirmé que "des scientifiques ont démontré que les molécules présentes dans l'eau réagissent à nos émotions, à ce qui est dit". Une doctrine farfelue que l'adepte de télékinésie et télépathie a exposée devant près d'un demi-million de personnes.
Le pèlerinage énergétique en Bosnie
Cette appétence pour l'incongru, où l'irréel côtoie le grotesque, accompagne le Serbe en dehors des courts. Sympathisant de l'anthroposophie, un courant pseudo-scientifique, ésotérique et philosophique initié par l'occultiste autrichien Rudolf Steiner, dans lequel les théories antivax ont largement infusé, le numéro 1 mondial détonne par ses méthodes de préparation et de récupération. Après s'être un temps acoquiné avec Pepe Imaz, un préparateur mental qui avait la réputation d'être un gourou prônant "l'amour" et "la paix", "Nole" fait depuis des pèlerinages dans un "parc des pyramides" controversé en Bosnie.
En juillet 2020, après avoir été infecté par le SARS-CoV-2 pour la première fois, il est venu "se ressourcer" sur cette colline boisée qui domine le village de Visoko, près de Sarajevo, où sévit depuis 2005 le gourou Semir Osmanagic. Ce défenseur de théories du complot sur le virus prospère dans ce lieu, fruit d'une civilisation "technologiquement supérieure", en dépit du désaveu des géologues et d'archéologues, dénonçant une "imposture". "S'il existe le paradis sur Terre, alors c'est ici", a déclaré à cette occasion Novak Djokovic, qui a vanté les effets "bénéfiques" de ses "tunnels énergétiques". Entre autres sur le Covid-19.
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