Roland-Garros : le spectre de la guerre en Ukraine plane sur les courts

Publié le 5 juin 2023 à 22h58
JT Perso
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Source : Sujet TF1 Info

Depuis le début de la quinzaine, plusieurs épisodes sont venus rappeler que Roland-Garros ne pouvait pas se soustraire aux réalités de la guerre en Ukraine.
Avec le retour des joueurs et joueuses biélorusses et russes, absents la saison passée, le Grand Chelem parisien n'échappe pas à son lot de sifflets, d'interviews incendiaires et autres polémiques.

Un match au sommet, et même sans doute bien plus. Hasard du tirage au sort, Elina Svitolina et Aryna Sabalenka s'affrontent, ce mardi, en quarts de finale de Roland-Garros. Au-delà du duel entre deux des plus gros coups droits du circuit féminin - et plus généralement de l'affrontement entre deux des meilleures joueuses de tennis de ces dernières années -, ce match s'annonce tendu en coulisses. Il met, en effet, aux prises une Ukrainienne et une Biélorusse, ce qui, dans le contexte actuel, est loin d'être une formalité ou un événement à prendre à la légère.

S'il est rare de voir des tennismen ukrainiens croiser leurs homologues russes ou biélorusses sur le circuit ATP - le meilleur d'entre eux, Oleksii Krutykh, émargeant à la 181e place du classement -, le problème est particulièrement saillant chez les joueuses. Quatre Ukrainiennes doivent, en effet, régulièrement croiser le fer sur les terrains, et cohabiter dans les vestiaires, avec une douzaine de Russes et Biélorusses au sein du top 100 mondial. Une situation dont se plaignent les premières concernées, depuis de longs mois, alors que la guerre en Ukraine a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de morts, y compris au sein de la population civile.

Parfois l'ambiance dans le vestiaire est assez lourde

Iga Swiatek

"Il y a effectivement des tensions parmi les joueuses, parfois l'ambiance dans le vestiaire est assez lourde", a récemment témoigné la Polonaise Iga Swiatek, N.1 mondiale. "Il règne actuellement une sorte de chaos dans le sport", a-t-elle estimé. "Il y a deux réalités qui cohabitent, il y a celle du sport, et celle de la guerre. Et quand ces deux réalités se confrontent, la réalité de la guerre est plus importante", note, de son côté, Lukas Aubin, directeur de recherche à l'institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de la géopolitique du sport, interrogé par l'AFP. Et les premiers jours de compétition Porte d'Auteuil ont rappelé ces difficultés, aussi bien sur les courts qu'en dehors. 

Dès le premier tour, l'Ukrainienne Marta Kostyuk a complètement ignoré Aryna Sabalenka, au moment de se serrer la main après sa défaite, s’attirant les huées du public parisien. "Les gens devraient avoir honte", avait, dans la foulée, fustigé la native de Kiev. "Au début, on envisageait de ne pas aller sur le court quand on affronterait des joueuses russes ou biélorusses, et on espérait que les autres suivent, les Polonaises, les Tchèques... Mais on ne l'a pas fait. On est des filles, on n'a pas de couilles", déplore-t-elle, amère, dans des propos rapportés par RMC Sport. Quelques jours plus tard, jeudi 1er juin, elle a récidivé en refusant de saluer ses adversaires russes Anna Blinkova et Varvara Gracheva lors du match de double qu'elle disputait aux côtés de la Roumaine Elena-Gabriela Ruse. Elle s'est alors contentée d'un simple signe de la main.

Un geste de soutien aux compatriotes ukrainiens sur le front

Une autre Ukrainienne, Elina Svitolina, qui a effectué son retour à la compétition en avril après un an d'absence à la suite de la naissance de sa fille, s'est illustrée d'une manière similaire. Victorieuse de son troisième tour contre Anna Blinkova, elle s'est simplement rapproché du filet avant de lever le pouce vers la joueuse russe. Des huées sont alors descendues des travées du court Simonne-Mathieu, rapidement couvertes par des applaudissements. En conférence de presse, la principale intéressée s'est rapidement expliquée. "Est-ce que vous imaginez des gens sur le front actuellement qui me regarderait et me verrait agir comme si de rien n'était ? Je représente mon pays, j'ai une voix, je soutiens l'Ukraine, j'ai une position sur cette guerre. Et ma position, notre position, ne touche pas que le sport", martèle-t-elle. 

Rebelote au tour suivant, après le succès de la femme de Gaël Monfils contre Daria Kasatkina. Cette fois-ci, la Russe de 26 ans, qui s'est déjà positionnée à plusieurs reprises contre la guerre en Ukraine, a été à l'initiative du fameux signe de la main... ce qui a lui valu une bronca des spectateurs présents. Un moment difficile à vivre pour la protégée de Carlos Martinez Comet. "Je pars de Paris avec un sentiment amer. Pendant tout le tournoi, après chaque match, j'ai toujours apprécié et remercié le public d'être là et de supporter les joueurs. Mais, dimanche, j'ai été huée pour avoir simplement respecté la position de mon adversaire de ne pas se serrer la main", a-t-elle déploré sur les réseaux sociaux. 

Elina Svitolina, elle, a salué cette démarche. "Je lui suis reconnaissante, avait-elle expliqué avant leur duel. Sa position, c'est ce qu'on attend des autres joueurs, aussi. C'est très courageux de sa part", souligne-t-elle. 

Je ne me suis pas sentie en sécurité

Aryna Sabalenka

En parallèle, Aryna Sabalenka, N.2 mondiale, s'est retrouvée sous le feu des questions, lors de sa conférence de presse d'après-match, après sa victoire au deuxième tour contre sa compatriote Iryna Shymanovich. Fusant les unes après les autres, les interrogations des journalistes portaient sur ses relations avec le président Alexandre Loukachenko - dont elle est apparue proche par le passé, avec notamment un tête-à-tête à l'initiative de la joueuse dès 2018 ou encore un toast en compagnie du controversé chef d'État en 2020 - et sur son positionnement vis-à-vis de la guerre en Ukraine. 

Sous pression, la native de Minsk avait refusé, purement et simplement, de répondre. "Depuis des mois, je réponds à ces questions à tous les tournois et j’ai été très claire sur mes sentiments et mes opinions. Ces questions ne me dérangent pas, je sais que je dois répondre aux médias sur des questions qui ne sont pas liées à mon tennis ni à mes matchs. Mais, mercredi (après le deuxième tour, Ndlr), je ne me suis pas sentie en sécurité", a-t-elle indiqué, a posteriori. "Ces derniers jours ont été compliqués et je dois maintenant me concentrer pour bien jouer", a-t-elle ajouté. 

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Depuis, la puissante droitière n'est pas réapparue devant les médias, avec l'accord du tournoi. S’estimant malmenée en raison de sa nationalité, a obtenu "l’autorisation de l’organisation" d'esquiver les conférences de presse, sans s'exposer à une amende. À la place, un "pool de journalistes" a eu accès à la Biélorusse. Ses réponses ont ensuite été transmises, à l'écrit, au reste de la presse. Une tension pesante qui ne l'a, pour autant, pas empêcher de performer jusqu'ici. Mais contre Elina Svitolina, sur le court Philippe-Chatrier, en quarts de finale de Roland-Garros, la tâche s'annonce encore plus ardue. 


Maxence GEVIN

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