"Le Kosovo, c'est le cœur de la Serbie" : la provocation de Novak Djokovic à Roland-Garros lui vaudra-t-elle une sanction ?

Publié le 30 mai 2023 à 8h19, mis à jour le 30 mai 2023 à 15h55

Source : TF1 Info

Après son entrée en lice réussie à Roland-Garros, lundi 29 mai, Novak Djokovic s'est fendu d'un message politique sur le Kosovo.
"Le Kosovo, c'est le cœur de la Serbie", a écrit le numéro 3 mondial sur une caméra, avant de justifier son acte en conférence de presse.
Une prise de position qui pourrait lui valoir une sanction.

"Le Kosovo est le cœur de la Serbie. Stop à la violence." Avant de quitter le court Philippe-Chatrier, après avoir expédié l'Américain Aleksandar Kovacevic (6-3, 6-2, 7-6), lui aussi d'origine serbe, lundi 29 mai, au premier tour du tournoi de Roland-Garros, Novak Djokovic s'est arrêté quelques secondes devant la caméra où le vainqueur appose traditionnellement sa signature. Mais, au lieu de se contenter de signer l'objectif ou d'écrire une phrase convenue, le Serbe, tête de série numéro 3 porte d'Auteuil, a inscrit, en cyrillique, un message politique au sujet de l'indépendance autoproclamée du Kosovo. 

Cette prise de position, diversement appréciée, n'a rien d'anodine, alors que les relations entre la Serbie et le Kosovo se sont à nouveau tendues. À l'instar des institutions internationales, dont l'ONU et de l'Union européenne, Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province. Ce pays, reconnu par la France depuis 2008, à majorité albanaise et ayant une minorité serbe, est en proie à un regain de tensions ces dernières semaines. Lundi, une trentaine de membres de la force emmenée par l'Otan (KFOR) ont été blessés au cours de heurts dans le nord du Kosovo, où des manifestants affiliés à la communauté serbe ne reconnaissent pas l'autorité de Pristina, capitale du territoire au statut contesté. 

"C'est un sujet très sensible. Je suis très touché en tant que Serbe par ce qu'il se passe au Kosovo et par la façon dont notre peuple a été pratiquement forcé de quitter nos municipalités (...). En tant que fils d'un homme né au Kosovo, je sens une responsabilité additionnelle à donner mon soutien à notre peuple et à toute la Serbie", s'est justifié devant la presse "Nole", dont le père, Srdjan, est né à Mitrovicë, anciennement Titova Mitrovica, une ville du nord du Kosovo touchée par la guerre en 1999. 

"Le Kosovo est notre lieu de naissance, le cœur de tous les moments historiques de notre pays. La plus grande bataille a eu lieu ici, les monastères et les églises les plus importants sont ici", a insisté celui qui vise, à Paris, le record de 23 titres du Grand Chelem. Ce n'est pas la première fois qu'il se positionne ainsi. "Le Kosovo est la Serbie", clamait-il dès sa première victoire dans un Majeur, à l'Open d'Australie en 2008. "Nous sommes prêts à défendre ce qui nous appartient", assurait-il.

Je ne me retiendrai pas, je le referai
Novak Djokovic, numéro 3 mondial

Mais cette fois, cela pourrait lui valoir une sanction. Selon la charte éthique de la Fédération française de tennis (FFT), organisatrice des Internationaux de France, les joueurs ont pour "devoir moral" "le refus de toute forme de violence". Ils ont donc interdiction d'afficher ostensiblement des opinions politiques ou religieuses. Un règlement que Novak Djokovic n'a pas respecté. "Si on me donne une amende ou quelque chose du même genre, je n'aurais aucun regret (...) parce que ma position là-dessus est très claire", s'est-il défendu. "Je ne sais pas si je vais être sanctionné, mais je ne me retiendrai pas, je le referai."

"On va voir, et lui parler pour savoir ce qu'il a vraiment voulu dire", a temporisé la directrice du tournoi, Amélie Mauresmo, invitée de "Court du soir", l'émission Twitch de France Télévisions. "Pas de précipitation. On va poser les choses." Comme l'explique Franceinfo, Novak Djokovic a répondu en serbe sur ce sujet polémique. "On attend de voir ne serait-ce qu'une traduction exacte, car on a plusieurs versions qui nous remontent", a confirmé la patronne de Roland-Garros. Faute de traducteur serbe disponible à ce moment-là, l'organisation n'a pu en assurer directement la traduction.


Yohan ROBLIN

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