Le groupe "de la mort" pour les Bleus à l'Euro 2020 : et s'il fallait plutôt s'en réjouir ?

Publié le 1 décembre 2019 à 11h30, mis à jour le 18 mai 2021 à 23h23

Source : TF1 Info

UN MAL POUR UN BIEN ? - L'équipe de France, placée dans le chapeau 2 malgré son statut de championne du monde, est tombée dans un groupe très relevé avec l'Allemagne, le Portugal, tenant du titre, et un barragiste. S'il n'ont pas été gâtés, les Bleus peuvent toutefois voir du bon dans ce tirage au sort réalisé ce samedi.

La "chatte à DD" n'est plus. Expression popularisée par les réseaux sociaux, ce gimmick était censé qualifier la chance qui sourirait au sélectionneur tricolore, et qui avait accompagné l'équipe de France en Russie lors du dernier Mondial. On lui devait le tirage clément (Australie, Pérou, Danemark), la frappe "de bâtard" de Benjamin Pavard contre l'Argentine ou encore la boulette du gardien uruguayen Fernando Muslera sur le 2e but d'Antoine Griezmann. Du moins, c'est que l'on pensait jusqu'au tirage au sort de l'Euro 2020.

Cette fois-ci, le hasard du tirage au sort n'a pas épargné les Bleus. Placée dans le chapeau 2, toute championne du monde en titre qu'elle est, la France va faire face à un immense défi sportif l'été prochain après avoir été reversée dans le groupe F. Dans cette poule "de la mort", elle devra en découdre avec l'Allemagne, championne du monde 2014 et co-détentrice du record de victoires à l'Euro avec trois sacres, le Portugal, champion d'Europe en titre et vainqueur de la Ligue des nations, ainsi que le vainqueur du barrage A (l'Islande, la Bulgarie ou la Hongrie), ou du barrage D (Géorgie, Biélorussie, Macédoine du Nord ou Kosovo), dont l'identité ne sera connue, fait exceptionnel, que le 31 mars prochain.

Tout de suite dans le vif du sujet

A Bucarest, samedi 30 novembre, la bonne étoile de l'ancien capitaine des Bleus a donc fui la France, qui a hérité du groupe le plus dense. Rarement, un tirage n'aura été aussi excitant pour cette équipe habituée à ronronner face à des adversaires moins clinquants lors des premiers tours. En jouant dès la phase de poules l'Allemagne, l'une des têtes de série du tournoi, et le Portugal, le gros poisson du chapeau 3, les Français s'offrent - au-delà des affiches aux allures de matches à élimination directe - deux tests grandeur nature. L'été prochain, ils n'auront pas le choix : ils n'auront pas le temps de monter en température et devront être très vite à leur meilleur niveau pour rivaliser avec le gotha du foot européen et sortir la tête haute. C'est le message que Didier Deschamps a d'ailleurs fait passer à ses joueurs.

"Ça demandera à l'équipe de France d'être prête tout de suite avec notre premier match contre l'Allemagne, à Munich", a indiqué le sélectionneur tricolore après le tirage au sort. "Il y a mieux, forcément, mais c'est comme ça. L'ordre des matches, on le connaît, on sait les dates et où on va jouer. Au moins, aujourd'hui, en connaissant la qualité de nos adversaires, on pourra penser à la logistique et à la préparation. C'est souvent cette situation-là en championnat d'Europe. Il faut être performant tout de suite. Chaque point dans chaque match aura beaucoup d'importance pour penser à la suite de la compétition."

Pas de délocalisation à Bakou

S'ils seront tout de suite plongés dans la vif du sujet, la situation est à relativiser toutefois pour les joueurs tricolores, sachant que les quatre meilleurs troisièmes de groupe verront les huitièmes de finale de cet Euro 2020, et que, sur le plan logistique, non des moindres, ils s'évitent un sacré périple. Placés dans le groupe F, ils ont esquivé la poule A, qui les aurait obligés à participer à deux rencontres consécutives à Bakou, en Azerbaïdjan, et à délocaliser leur camp de base à proximité de la capitale azérie. Les Français débuteront ainsi leur tournoi face à l'Allemagne, à Munich le 16 juin, puis iront jouer leurs deux autres matches à Budapest, en Hongrie, le 20 juin contre le barragiste qui reste à déterminer, et le 24 juin contre le Portugal. 

En raison des courtes distances entre Paris et les deux villes hôtes (1h30 d'avion avec Munich et 2 heures pour Budapest, contre 5 heures dans l'hypothèse Bakou), les champions du monde et vice-champions d'Europe en titre vont sans aucun doute s'établir à Clairefontaine, leur habituel pied-à-terre. "Ça va nous permettre d'affiner toute la préparation qui va débuter très prochainement et nous permettre d'arriver au mois de juin le plus prêts possible. Je pense qu'on sera à Clairefontaine, les distances ne sont pas très longues avec Munich et Budapest", a fait savoir Guy Stéphan, l'adjoint de Didier Deschamps. "On y est bien, on a nos repères. Les trajets ne sont pas très longs", a confirmé le sélectionneur tricolore. Les Bleus ne devraient ainsi pas perdre trop de jus à sillonner l'Europe de long en large. 

Personne ne voulait des Bleus

Alors certes, sur le papier, le tirage aurait pu être plus favorable. Tomber d'entrée contre l'Allemagne et le Portugal n'est pas une mince affaire mais il ne faut pas oublier que les Bleus sont champions du monde et vice-champions d'Europe en titre. Autrement dit, leurs performances leur confèrent un statut dont ils n'ont pas à rougir. "Je ne suis pas certain que l'Allemagne ou le Portugal soient contents non plus", a indiqué Guy Stéphan, au moment de commenter la composition de la poule des Tricolores à l'Euro. Les sourires de façade, ou plutôt les rires jaunes, des Allemands et des Portugais lors du tirage confortent ses dires.

"Deux champions du monde, un champion d’Europe et vainqueur de la Ligue des nations, je pense que c’est un groupe que personne ne voulait puisque chaque équipe voulait éviter les deux autres", a reconnu Fernando Santos, le sélectionneur de la Selecção, qui fait de la France la favorite de cette poule "de la mort". "Elle est championne du monde, depuis trois, quatre ans, elle monte en puissance. Elle est favorite", a appuyé son homologue allemand, Joachim Löw. Car, vu de l'étranger, hériter des Bleus était sans aucun doute le pire des scénarios envisageables, si on en croit le sélectionneur de l'Espagne Luis Enrique, "content de ne pas être tombé sur la France ou le Portugal". À eux de lui donner raison l'été prochain. 


Yohan ROBLIN

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