DANS LE RÉTRO - Le Tour de France 2019 s'est terminé dimanche soir avec le sacre d'Egan Bernal, premier Colombien de l'histoire à triompher sur la Grande Boucle. Des Alpes aux Pyrénées, de l'épopée jaune d'Alaphilippe aux larmes de Pinot, cette 106e édition nous en a mis plein les yeux. Un grand cru que l'on n'oubliera pas de sitôt.
La fête aura été belle. Après trois semaines de course, 21 étapes et 3480 kilomètres animés par les défaillances et les exploits, la Grande Boucle s'est achevée dimanche 28 juillet par la victoire au sprint de Caleb Ewan (Lotto-Soudal) sur les Champs-Elysées et le sacre d'Egan Bernal (Ineos). Au terme d'un Tour pas comme les autres, le premier Colombien à rallier Paris avec le Maillot jaune devance au général son équipier et lauréat sortant, le Gallois Geraint Thomas, et le Néerlandais Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma). Les autres distinctions sont revenues au Slovaque Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), maillot vert, et à Romain Bardet (AG2R La Mondiale), maillot à pois. Nouveau chouchou des Français, Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick-Step) a, lui, été désigné à l'unanimité super-combatif de cette 106e édition.
En attendant le prochain départ de l'épreuve reine du cyclisme, le 27 juin 2020 à Nice, c'est avec des souvenirs plein la tête que LCI tire les leçons de cette édition marquée par le centenaire du Maillot jaune.
Et à la fin, c'est encore Ineos qui gagne
L'ex-Sky a encore de beaux jours devant elle. Nouvellement nommée Ineos depuis le 1er mai dernier, l'équipe dirigée par Dave Brailsford a triomphé pour la septième fois sur le Tour de France depuis 2012. Moins dominatrice collectivement et poussée dans ses retranchements lors d'une édition longtemps indécise, où - fait inédit - elle n'a remporté aucune victoire d'étape, l'équipe orpheline de Chris Froome, forfait après une chute en marge du Dauphiné, s'est adaptée au scénario pour mieux rebondir. Malgré la menace Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick-Step), le Team Ineos ne s'est pas affolé. En une étape et demi dans les Alpes, la formation britannique a repris le contrôle en laissant Egan Bernal s'exprimer.
"Il faut savoir être patient", a analysé Nicolas Portal, son directeur sportif. "Il y a tout un travail derrière, énormément de temps passé à ferrailler" dans le peloton, à "se retenir en permanence". "C'est l'expérience qu'on a", a indiqué le technicien français, "il ne fallait pas s'affoler, ni se précipiter ou inventer des choses improbables". Un travail d'équipe plus que payant puisqu'il leur a permis, comme en 2012, de placer deux coureurs - Egan Bernal et Geraint Thomas - aux deux premières places. "Faire 1 et 2, c'est juste fantastique. Le Tour de France, c'est notre course", s'est félicité Portal. Avec désormais trois vainqueurs de la Grande Boucle dans son effectif actuel, Ineos a autant d'arguments pour rouler encore longtemps sur le cyclisme.
Bernal, le nouveau patron du Tour
Entre Geraint Thomas, lauréat l'an passé, et Egan Bernal, la stratégie d'Ineos sur ce Tour était de ne pas choisir. Et si on pouvait émettre des doutes sur le résultat qu'allait donner cette absence de hiérarchie, il faut reconnaître que la tactique osée de Dave Brailsford, le manager du Team britannique, a porté ses fruits dans la dernière semaine. Et, tout naturellement, c'est le Colombien de 22 ans, à qui la fin du Tour en haute altitude seyait parfaitement, qui a pris le pouvoir. Après un départ discret, il s'est replacé dans les Pyrénées avant de s'envoler dans les Alpes. C'est sur ces routes qu'il a lâché Alaphilippe et les autres à deux jours de l'arrivée à Paris. Devenu Maillot jaune sur la foi du chrono actionné au sommet de l'Iseran vendredi, Bernal a résisté lors de l'avant-dernière étape samedi pour s'assurer sa première victoire sur un grand Tour.
Premier Colombien à inscrire son nom au palmarès de la Grande Boucle, le récent vainqueur de Paris-Nice est aussi (et surtout) un phénomène de précocité. Il devient à 22 ans et 197 jours le plus jeune vainqueur du Tour depuis François Faber en 1909. Coureur complet, capable de résister sur le chrono et de s'envoler lorsque la route s'élève, le natif de Zipaquira a réussi ce que ses compatriotes, Nairo Quintana et Rigoberto Uran notamment, n'ont pas accompli par le passé. "C'est un rêve qui devient réalité. Je regardais le Tour à la télé en rêvant de le gagner. Maintenant, c'est la réalité", expliquait-il samedi à Val Thorens. Également vainqueur du maillot blanc, récompensant le meilleur jeune, Bernal a un brillant avenir qui s'offre à lui. Car, rappelons-le, celui qui a débuté le vélo par le VTT n'a que 22 ans. On n'a pas fini d'en entendre parler.
Alaphilippe et Pinot ont réenchanté le Tour
Eux aussi ont écrit leur histoire sur ce Tour. À l'instar d'Egan Bernal, érigé en icône nationale en Colombie, ils sont les nouveaux héros tricolores du vélo. L'un se nomme Julian Alaphilippe, en jaune pendant 14 jours - une première depuis cinq ans - et vainqueur de deux étapes. Le leader de la Deceuninck-Quick Step a emballé la course comme aucun autre coureur. "Il a attaqué du début à la fin, il a emballé le Tour de France. Il casse les codes, car c'est un coureur d'instinct, qui prend du plaisir et en donne. Il s'est battu formidablement. Chapeau. C'est sûr qu'avec ou sans lui, ça n'aurait pas été pareil", a concédé le patron du Tour, Christian Prudhomme. Jusqu'au bout, la foule a espéré qu'il puisse devenir le premier Français à remporter l'épreuve depuis Bernard Hinault en 1985. Mais le super-combatif a fini par toucher ses limites dans les Alpes, lorsque le terrain s'est trop élevé pour qu'il puisse suivre le tempo imprimé par Bernal. Comme Thomas Voeckler, 4e en 2011, il conclut l'épreuve au pied du podium avec une 5e place au général. Peu importe, après un juillet en jaune sur les routes de l'Hexagone, il a changé de dimension.

Un autre Français a fait beaucoup parler de lui lors de cette 106e édition. Cinquième au général, vainqueur au Tourmalet le 20 juillet et en très grande forme, Thibaut Pinot a longtemps cru pouvoir jouer le podium ou, pourquoi pas, se battre pour la gagne. Mais le leader de l'équipe Groupama-FDJ, amoindri par une déchirure musculaire à la cuisse gauche, "une lésion rare" pour un cycliste selon son soigneur, a été contraint de poser le pied à terre vendredi dans les Alpes, à trois jours de l'arrivée à Paris. C'est la quatrième fois (!) qu'il est obligé d'abandonner avant les Champs-Élysées après 2013, 2016 et 2017. Son abandon a sonné le public français qui croyait tout autant que lui à un possible triomphe en jaune. "Je pense que c'est la plus grande déception de toute ma carrière", lançait-il vendredi soir après l'étape. L'idée d'arrêter le vélo lui a même traversé l'esprit. Mais, dès le lendemain, il a promis de revenir plus fort. Et ce dès l'année prochaine. Avec, sans aucun doute, l'envie de se magnifier pour conjurer enfin le sort.
Suspense et zizanie sur le Tour
De Bruxelles à Paris, entre canicule et grêle, ce Tour de France 2019 s'est hissé au sommet de l'émotion. Indécise jusqu'au bout, complètement rocambolesque sur la fin dans les Alpes avec une étape neutralisée au sommet du col de l'Iseran en raison de conditions climatiques dantesques, cette 106e édition restera longtemps gravée dans les mémoires. À trois jours de l'arrivée nocturne sur la célèbre avenue des Champs-Élysées, ils étaient encore cinq coureurs à se tenir en moins de deux minutes. Il faut en effet remonter à 1968 pour retrouver trace d'un Tour aussi serré en haut du classement. Un suspense inédit renforcé par la présence de Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot, qui ont ensoleillée par leur seule présence sur l'épreuve.

De l'aveu du directeur de la course, Christian Prudhomme, c'est "le plus beau Tour" depuis qu'il a pris ses fonctions en 2007. "Un Tour qui se joue par l'avant, du début à la fin, plaît à tous les gens qui aiment le vélo", confiait-il à la veille de l'arrivée finale. "C'était un Tour de France à émotions, je veux garder ce mot, avec ces gens que j'ai vu pleurer au passage d'Eddy Merckx, jusqu'à Egan Bernal qui ne trouve plus ses mots en conférence de presse parce qu'il est tellement heureux, en passant naturellement par les larmes de Thibaut Pinot et les yeux rougis de Julian Alaphilippe conservant le maillot à Valloire." Il est vrai que cela faisait longtemps que l'on n'avait pas vibré autant, depuis 30 ans et les huit secondes perdues par Laurent Fignon, crucifié par LeMond sur l'ultime étape des "Champs". Des Tours comme ça, on en redemande.
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