INTERVIEW - Ces derniers jours, plusieurs pays - parmi lesquels les États-Unis, le Royaume-Uni et, dernièrement, le Canada - ont annoncé qu'ils effectueront un "boycott diplomatique" des JO d'hiver à Pékin. Cette méthode est-elle efficace ?
Vers un dépeuplement des tribunes officielles à Pékin 2022 ? Les États-Unis ont annoncé mardi qu'aucun représentant du gouvernement n'assisterait aux prochains Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de Pékin. La Maison-Blanche a justifié cette décision par le "génocide et les crimes contre l'humanité en cours au Xinjiang".
Mais plus largement, ce sont les relations entre Washington et Pékin qui se sont largement refroidies ces derniers mois sur fond de guerre commerciale, de bras de fer à Taïwan et de violations des droits de l'Homme. Dans la foulée, la Grande-Bretagne, l'Australie et le Canada, ont indiqué qu'ils imiteraient leur allié américain et n'enverraient aucun représentant officiel à Pékin du 4 au 20 février 2022.
Le boycott diplomatique, c'est quoi ?
Concrètement, le boycott diplomatique consiste à n'envoyer aucun personnel politique ou diplomatique lors d'une grande compétition internationale. Il a donc pour objectif de ne pas faire porter directement le message par les athlètes en les laissant concourir, mais plutôt par (l'absence) des représentants politiques et diplomatiques d'un ou plusieurs pays. "C’est une nouvelle forme de contestation qui permet de ménager la carrière des athlètes", confirme Éric Monnin, vice-président de l'université de Franche-Comté délégué à l'Olympisme et directeur du Centre d'études et de recherches olympiques universitaires (Cerou).
C'est une nouvelle expression du soft-power
Éric Monnin
Celle-ci se manifeste particulièrement lors de certains moments importants, comme les cérémonies d'ouverture et de clôture. "Avec cette démarche, un État marque son désaccord - en l'occurrence sur la violation des droits de l'homme - sans, pour autant, briser la carrière de certains de ses sportifs", ajoute-t-il. "C'est une nouvelle expression du soft-power", souligne l'historien et sociologue du sport.
Éviter le désastre d'un boycott intégral
Depuis de longues années, les grandes compétitions sportives sont un moyen pour les États de mettre sous pression le pays hôte et de sensibiliser l'opinion à certaines problématiques. Seulement voilà, ce sont les athlètes qui ont "payé très durement" les pots cassés de ces boycotts, explique Éric Monnin. Surtout, ces boycotts "intégraux" n'ont jamais vraiment porté leurs fruits. "Dans l'histoire, les Jeux olympiques ont déjà été boycottés à cinq reprises (1956, 1976 1980, 1984, 1988). Cela n'a débouché sur rien du tout", martèle-t-il, si ce n'est affecter voire détruire la carrière de dizaines d'athlètes. "Pour qu'une telle initiative ait un réel impact, il faudrait qu'elle soit globale, généralisée et qu'aucun sportif ne se rende à l'événement en question. Cela n'a jamais été le cas. S'il n'est que partiel, le boycott doit nécessairement s'assortir de résultats et performances ridicules pour produire des effets", pointe le directeur du Cerou qui rappelle que "cette situation ne s'est jamais présentée". Cela explique que les États-Unis aient, cette fois, opté pour une nouvelle méthode : le boycott diplomatique.
Au-delà de l'aspect international, cette décision forte est aussi une manière pour Joe Biden de satisfaire les appels répétés au boycott de la part de la classe politique américaine, les Républicains comme les Démocrates. Ainsi, le président américain espère casser l'image d'un président frileux qui lui colle à la peau.
Quelle efficacité ?
Mais alors, que faut-il attendre de ce boycott diplomatique ? Cette prise de position, en tant que telle, a eu et va avoir un réel retentissement sur le plan géopolitique. Maintenant, plus la démarche sera suivie par d'autres États, plus les résultats pourraient être importants. "Si vous êtes le seul absent à la cérémonie, par exemple, au lieu d'avoir attiré l'attention et pointé du doigt quelque chose, vous vous retrouvez ostracisés et mis de côté", analyse Carole Gomez auprès de France Info. D'où l'intérêt que l'Australie et le Royaume-Uni aient rapidement annoncé suivre le mouvement. D'autres pays proches des États-Unis, comme le Canada ou la Nouvelle-Zélande, pourraient rapidement s'ajouter à cette liste. "Nous prenons bonne note du choix des Américains. "Nous allons nous coordonner au niveau européen", a, de son côté, réagi l'Élysée après l'annonce de Washington.
Quoiqu'il en soit, la froide colère des autorités chinoises démontre que ce boycott diplomatique n'est pas pris à la légère, loin s'en faut. Ainsi, Pékin a dénoncé mardi le "préjugé idéologique" et "les intentions malveillantes" des États-Unis. "Ils paieront le prix de leur mauvais coup. Restez à l'écoute", martèle le régime communiste de Xi Jinping.
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