Transferts douteux à l'OM : présidents et agents, les liaisons dangereuses

Publié le 18 novembre 2014 à 20h02
Transferts douteux à l'OM : présidents et agents, les liaisons dangereuses

GROS SOUS - L'Olympique de Marseille fait les titres de la presse extra-sportive ce mardi en raison du transfert de certains de ses joueurs, dont André-Pierre Gignac, qui aurait pu faire l'objet de rétrocommissions. Une pratique illégale, mais loin d'être isolée dans le football professionnel hexagonal.

On dit que le soupçon n'est pas une preuve, mais aussi qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Mardi, trois présidents de l' OM , l'actuel (Vincent Labrune) et ses prédécesseurs (Pape Diouf et Jean-Claude Dassier), ont été placés en garde à vue. En cause : plusieurs transferts présumés frauduleux, dont celui d'André-Pierre Gignac en 2010. La justice soupçonne qu'il a donné lieu à des rétrocommissions au bénéfice de figures du grand banditisme. Ces pratiques, on les assimile volontiers au folklore marseillais sans élargir la question au football français dans sa globalité. À tort.

EN SAVOIR + >> Pourquoi Labrune, Diouf et Dassier ont été placés en garde à vue

Christophe Hutteau a été l'agent de Mathieu Valbuena et de Charles Kaboré, deux joueurs parmi d'autres qu'il a fait transférer à l'OM à l'époque des faits. "Je n'ai jamais senti la moindre pression extérieure pesant sur les dirigeants de l'OM, ni sur moi, assure-t-il à metronews. Ces gens peu recommandables dont on parle, je ne les ai pas vus et je n'ai même jamais entendu parler d'eux. J'ai toujours pu travailler en toute quiétude, et en confiance. On ne m'a jamais rien demandé." Même son de cloche du côté de Pierre Dréossi, alors manageur général du Stade rennais, que nous avons également sondé : "J'étais en première ligne pour le transfert de Stéphane Mbia en 2009 et je n'ai jamais entendu parler de rétrocommissions. Toutes les transactions effectuées avec l'OM étaient normales."

"Les rétrocommissions sont devenues la norme"

C'est justement en ce qui concerne la notion de normalité que le bât blesse. Certes, les liens entre plusieurs joueurs transférés à l'OM à cette période et des individus connus du banditisme corso-marseillais ont été établis, mais faut-il être un bandit pour s'enrichir en marge de transferts ? "Les rétrocommissions sont devenues la norme dans le milieu du foot depuis plusieurs années et rien n'est fait pour y mettre fin, nous explique l'agent Jennifer Mendelewitsch. Aujourd'hui, des tas de gens se prétendent agents mais où sont les mandats ?"

Une convention tripartite existe pourtant. Le club est censé écrire combien l'agent est payé et le joueur donner son accord pour que le document soit envoyé à la LFP. Mais ce document resterait souvent lettre morte. "Beaucoup d'agents servent de prête-nom à des intermédiaires qui ne possèdent pas de licence. Et il faut bien leur reverser de l'argent ensuite, d'une manière ou d'une autre… Ça se passe partout. Dans 85 % des transferts, il y a une irrégularité de la sorte, poursuit Jennifer Mendelewitsch. On parle de l'OM parce que l'affaire initiale ne concernait pas le foot. Mais les autres clubs devraient se méfier. Il suffit qu'une plainte soit déposée pour qu'il y ait enquête."


La rédaction de TF1info

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