Vendée Globe 2020 : l’Everest des mers

"On a dû penser à tout" : comment les skippers du Vendée Globe appréhendent Noël en solitaire

Publié le 24 décembre 2020 à 14h00
JT Perso

Source : TF1 Info

NOËL SOLITAIRE - Seuls à bord de leur voilier, les concurrents du Vendée Globe vont passer le réveillon de Noël et la Saint-Sylvestre en mer, à des milliers de kilomètres de leurs proches. Samantha Davies, Romain Attanasio, Louis Burton et Charlie Dalin racontent à LCI comment ils se sont préparés à vivre ce moment éminemment familial... loin des leurs.

Un Noël à l'autre bout du monde. Les 24 et 25 décembre, à l'heure où les Français seront attablés en petit comité, cirse sanitaire oblige, ou déballeront les cadeaux déposés au pied du sapin, la flotte du Vendée Globe sera loin de chez elle. Seuls en pleine mer, les concurrents encore en lice progresseront dans l'immensité bleue du Grand Sud, disséminés entre les caps Leeuwin et Horn, "porte d'entrée" de l'Atlantique, avant de remonter vers les Sables-d'Olonne, où le vainqueur est attendu à partir de la mi-janvier. 

À bord, si la priorité sera à la course, "l'esprit de Noël", avec ses guirlandes, ses cadeaux, son foie gras et ses bonnes bouteilles, réconfortera une bonne partie des skippers, partis passer les fêtes à des milliers de kilomètres de leurs proches. Un choix personnel qu'ils assument pleinement. "J'ai pris cette décision en mon âme et conscience", glisse à LCI Louis Burton, engagé sur Bureau Vallée 2. "Personne ne m'a forcé à y aller", abonde Charlie Dalin, qui participe à sa première traversée du globe, à bord du monocoque Apivia. Bien qu'au courant de ce dans quoi ils s'embarquaient avant de lever l'ancre, la plupart des marins d'eau salée ressentiront un léger pincement au cœur de vivre cet instant festif et de partage à plusieurs milliers de kilomètres de celles et ceux qu'ils aiment. Quoi de plus humain et logique, après un mois et demi de course en solitaire. 

"C'est sûr qu'être éloigné de ses proches au moment des fêtes, c'est triste", reconnaît Louis Burton, qui passera, pour la deuxième fois depuis 2016, la dernière quinzaine de décembre loin de ses enfants Édith et Lino, respectivement 7 et 9 ans, et de sa femme Servane. "L'an dernier, mon fils était encore trop petit. Il avait un tout petit plus d'un an. Il n'avait pas forcément tout compris à ce qu'il se passait", explique quant à lui Charlie Dalin, parent avec sa compagne Perrine du petit Oscar, âgé de 2 ans. "Maintenant, il sait ouvrir les cadeaux tout seul, il parle. Quelque part, c'est un peu comme si c'était son premier Noël." 

Le père Noël passera, les grands-parents s'occuperont de l'aider

Romain Attanasio, skipper Pure-Best Western

S'ils n'oublient pas pourquoi ils sont en mer, Noël les ramène invariablement à l'absence de leurs familles. Pour adoucir cette solitude, qui peut devenir d'autant plus pesante au moment des fêtes, le skipper Apivia prévoit, comme bon nombre de ses compagnons de route, de partager à distance cette journée. "On a des moyens de communication moderne à bord qui vont me permettre d'avoir quelques photos", assure le vainqueur de la Transat Jacques-Vabre 2019, resté trois semaines en tête de la flotte avant de rétrograder suite à une avarie de foil. "J'aurai sans doute une vidéo du moment où il déballe ses cadeaux."  

Des cadeaux souvent préparés de longues semaines à l'avance, comme nous le racontent Samantha Davies et Romain Attanasio, parents de Ruben, leur fils de 9 ans. Premier couple à disputer - séparément - le Vendée Globe, ils ont tout organisé de A à Z avant le départ des Sables-d'Olonne début novembre. "On ne sera pas là le 24 décembre, donc on a dû penser à tout", confie la skippeuse d'Initiatives-Cœur, repartie hors-course, après avoir heurté un ofni qui l'avait contrainte à l'abandon. "Le père Noël passera, les grands-parents s'occuperont de l'aider", s'amuse son compagnon, déjà sur l'eau il y a quatre ans. 

C'est peut-être le meilleur Noël pour être loin

Charlie Dalin, skipper Apivia

Plus que jamais dans cette période, le soutien des proches se révèle capital pour maintenir un socle familial. Louis Burton ne le sait que trop bien. Sa femme Servane Escoffier, navigatrice elle aussi, est sa principale alliée. "Le fait d'avoir Servane auprès de moi, ça m'aide énormément", affirme-t-il. "C'est un vrai atout dans la préparation et la gestion de la course. Elle essaie de ne transmettre que du positif aux petits et de ne pas trop créer d'angoisse. J'ai beaucoup de chances d'être avec une femme, une championne comme elle, parce que ce n'est pas forcément simple à comprendre pour quelqu'un qui n'est pas dans le milieu."

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D'autant que les fêtes de fin d'année s'annoncent singulières puisqu'elles surviennent en pleine pandémie de coronavirus. "Pour les Terriens, ça risque aussi d'être un Noël un petit peu spécial. On ne sait pas ce qu'on aura le droit de faire ou pas. Ce sera peut-être un peu étrange, si les rassemblements sont restreints en nombre de personnes", se console Charlie Dalin, coincé dans l'océan Pacifique. "Je me dis que c'est peut-être le meilleur Noël pour être loin." Un Noël loin des yeux mais près du cœur. 

Les plus grands athlètes au parcours exceptionnel, se livrent au micro de Grégoire Margotton, dans le podcast "Club Margotton".

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Club Margotton, c'est un micro tendu vers l'excellence. Le récit de destins hors du commun. Ils ou elles ont enflammé des stades, repoussé leurs limites... Athlètes, entraîneurs, dirigeants, leurs parcours nous a fait vibrer et ils ont un peu changé nos vies. Ces femmes et ces hommes, pas comme les autres, se livrent au micro de Grégoire Margotton.


Yohan ROBLIN

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