Vendée Globe 2024 : après une polémique sur sa maternité, Clarisse Crémer participera bien à la course

par L.T. avec AFP
Publié le 20 avril 2023 à 17h19

Source : JT 20h Semaine

Fin janvier, Banque Populaire débarquait Clarisse Crémer du prochain Vendée Globe, en 2024, en raison de sa récente maternité.
Après une grosse polémique, la situation s’est inversée.
La navigatrice participera bien à la course avec un nouveau sponsor.

"La maternité ne doit pas être un frein rédhibitoire". Débarquée par Banque Populaire, la Française Clarisse Crémer a annoncé mercredi avoir retrouvé un bateau, une équipe et un sponsor pour se relancer en vue du Vendée Globe 2024. La navigatrice de 33 ans a rejoint l’équipe du Britannique Alex Thomson, récent acquéreur de l’ex-Apivia que Banque Populaire lui destinait, et reprendra la barre de cet Imoca (monocoque 60 pieds) performant pour deux ans, grâce au partenariat de L’Occitane en Provence. 

Début février, la jeune femme, douzième du dernier Vendée Globe et mère d’une petite fille en novembre, avait plongé le monde de la voile dans l’embarras en annonçant avoir été lâchée par son sponsor en raison de sa grossesse. En effet, de nouvelles règles de qualification pour la compétition prennent en compte la participation à une série de courses en amont, et Banque Populaire s’inquiétait du retard accumulé par rapport à ses concurrents. 

Face à la perspective de n’être sur le ponton des Sables d’Olonne (ouest de la France) en novembre 2024 que pour saluer le départ de son compagnon Tanguy Le Turquais, dont le propre projet de Vendée Globe n’a pas été perturbé par la naissance de leur fille, Clarisse Crémer a pris la plume. "Il y avait clairement une volonté de susciter le débat", a expliqué la diplômée de la célèbre école de commerce HEC, qui s’était lancée dans la voile grâce au soutien d’une petite communauté réunie sur les réseaux sociaux. 

Vive polémique

Objectif atteint : malgré le silence gêné d’une grande partie du monde encore très masculin des skippers, la polémique a été si vive que Banque Populaire, partenaire reconnu du monde de la voile, a vite jeté l’éponge. Clarisse Crémer a pour sa part gardé le silence. D’une part "pour ne pas focaliser le débat sur sa personne" et d’autre part parce qu’elle s’est très vite lancée à plein temps dans un nouveau projet. 

D’abord, Alex Thomson l’a appelée. Ce marin britannique de 49 ans, qui s’est lancé dans la direction d’équipe après cinq participations au Vendée Globe, a racheté en mars l’Imoca que le groupe bancaire français avait acquis l’an dernier pour Clarisse Crémer. Puis le contact s’est fait avec l’Occitane, qui avait accompagné le navigateur français Armel Tripon, onzième du dernier Vendée Globe. "L’égalité hommes/femmes et le développement du leadership féminin sont des valeurs très importantes pour nous", a assuré Adrien Geiger, directeur général de l’entreprise de cosmétiques. "On s’est embarqués dans cette histoire en disant qu’il fallait que Clarisse fasse le Vendée Globe", a-t-il ajouté, en évoquant le congé parental de quatre mois qu’il a lui-même pris l’an dernier. "C'étaient les trois pierres angulaires du projet : une équipe, un bateau, un sponsor", a déclaré la navigatrice, qui entend se lancer désormais dans une "course contre la montre" pour enchaîner les milles nautiques nécessaires à sa sélection.

Les règles seront révisées pour l’édition 2028

Sur ce point, la direction de la course, qui semblait intransigeante en février, a adouci son discours, laissant entendre que tout serait fait pour permettre à Clarisse Crémer de prendre le départ et promettant surtout de réviser ses règles pour l’édition 2028. Consciente d’être devenue un symbole, la Française est bien décidée à profiter de sa médiatisation pour faire avancer le débat sur la maternité au cours des prochaines années. "La parentalité n’a pas du tout la même conséquence sur une carrière, en particulier sportive, pour un homme et pour une femme", a-t-elle rappelé. 

Pour l’instant, elle se dit "concentrée sur le sportif" et impatiente de retourner naviguer. Son voilier à foils (des appendices qui permettent au bateau de s'élever au-dessus de l'eau), encore en chantier, doit être remis à l’eau en juin et la première course est prévue en juillet. Sur ce bateau, le skipper français Charlie Dalin a reporté la Transat Jacques Vabre en 2019 et terminé deuxième du dernier Vendée Globe. "C’est un super outil, hyper fiable", a estimé la compétitrice qui entend faire la fierté de sa fille en allant "embêter les meilleurs". Rendez-vous dans un an et demi aux Sables d’Olonne. 


L.T. avec AFP

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