Chaos au Stade de France : après le fiasco, le temps des explications... et des enquêtes

Fiasco du Stade de France : un rapport indépendant accable l'UEFA et la police française

par Y.R. avec AFP
Publié le 13 février 2023 à 21h56, mis à jour le 14 février 2023 à 23h24
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

Le 28 mai 2022, la fête du football a tourné au fiasco sécuritaire et organisationnel à Saint-Denis, en marge de la finale de la Ligue des champions.
Un rapport indépendant, commandé par l'UEFA, porte la "responsabilité principale" de ces échecs sur l'instance européenne.
Il déplore aussi les graves errements du dispositif de sécurité français.

Accablant. Le 28 mai 2022, les alentours du Stade de France avaient été le théâtre de scènes de chaos, en marge de la finale de la Ligue des champions, opposant Liverpool au Real Madrid (0-1). Plus de huit mois après ce fiasco sécuritaire et organisationnel, les conclusions du rapport, commandé par l'UEFA dans la foulée de ces graves incidents, ont été publiées lundi 13 février. Dans ce document de 151 pages, que se sont procurés Le Monde et l'AFP, le panel indépendant d'experts établit la mise en péril de milliers de supporters, agressés, congestionnés ou arrosés de gaz lacrymogène.

"Le groupe a conclu que l'UEFA, en tant que propriétaire de l'événement, porte la responsabilité première des échecs qui ont quasiment mené au désastre" ce soir de mai 2022, peut-on lire dans ce rapport, qui agrafe aussi le rôle de Préfecture de police et la Fédération française de football (FFF). "Même s'il était raisonnable de déléguer les questions de sécurité à d'autres, en premier lieu la FFF et de renvoyer à (...) la Préfecture de police pour les questions de maintien de l'ordre, il ne s'ensuit pas que l'UEFA soit absoute de sa responsabilité. L'UEFA jouait un rôle central dans l'organisation de l'événement et elle aurait dû surveiller, superviser et contribuer aux mesures de sécurité", font valoir les experts. "Les autres parties prenantes ont commis des manquements qui ont contribué (aux incidents) mais l'UEFA était aux commandes" lors de cette finale de C1.

Les modes opératoires de la police épinglés

Le document, que Le Monde qualifie d'"implacable réquisitoire contre l'incurie des pouvoirs publics en matière de sécurité", fustige aussi la mauvaise réaction de la police française, faisant valoir par ailleurs que l'usage de gaz lacrymogènes et de sprays au poivre n'avait "pas sa place dans une fête du football". Selon le groupe d'experts, dirigé par l'ancien ministre portugais de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports, Tiago Brandao Rodrigues, les parties prenantes  - l'UEFA, la FFF, la Préfecture de police et le gouvernement - "ont agi de manière irresponsable" dans le but de "s'exonérer de la responsabilité des défaillances".

Le panel indépendant se dit "éberlué" que le schéma de maintien de l'ordre du match ait pu être influencé par l'image de supporters de Liverpool assimilés à des hooligans, une "idée fausse inexplicable", colportée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait incriminé les supporters anglais, détenteurs de nombreux billets falsifiés selon lui. Avant que Didier Lallement, le préfet de l'époque, n'admettre s'être "peut-être trompé" sur leur nombre, estimés entre 30.000 et 40.000 selon les autorités françaises. "L'approche sécuritaire (...) a été basée, de manière inappropriée, sur la supposition que les supporters de Liverpool puissent poser une menace significative à l'ordre public", notent les experts mandatés par l'UEFA.

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En octobre dernier, un rapport indépendant anglais s'était aussi penché sur les incidents de Saint-Denis, condamnant la responsabilité et les comportements des policiers français. "L'incapacité continue à gérer la foule a sérieusement mis en danger la santé et le bien-être des supporters", pestait-il, déplorant "une agression criminelle". Des dysfonctionnements policiers et organisationnels déjà épinglés dans un rapport gouvernemental, qui pointait des failles de la gestion des fans. 


Y.R. avec AFP

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