TENNIS – Le Français Laurent Lokoli, 281e joueur mondial et bénéficiaire d’une "wild card", est passé tout près de l’exploit ce mardi face au Slovaque Martin Klizan, 49e, ne s’inclinant que dans le tout dernier set (6-7[4], 3-6, 6-4, 6-0, 4-6). Une victoire lui aurait offert une confrontation avec Andy Murray. Au lieu de cela, une non poignée de main polémique est en passe de tout emporter. Récit.
Contrairement à ce que la traduction littérale indique, une "wild card" n’a rien d'une sauvagerie. Ce serait, au contraire, plutôt un élan de tendresse : il s’agit de ces invitations accordées par la Fédération française de tennis (FFT) à des joueurs qui n’auraient sans doute pas atteint le tableau principal de Roland-Garros autrement.
Pourtant, les deux jeunes Français en ayant bénéficié viennent de ternir la réputation de ce Sésame. Maxime Hamou, 21 ans, s’est d’abord signalé en mangeant un paquet de chips tandis qu’il répondait aux questions des médias lundi soir après son élimination, puis il s'est illustré négativement en commettant une interview sur Eurosport qui a suscité une vive polémique.
Plus tard, ce mardi, c'est Laurent Lokoli, 22 ans, qui a fait des vagues, pour avoir refusé de serrer la main de son adversaire après un match marathon de quatre heures remporté au forceps par le Slovaque Martin Klizan. Un incident sur lequel il convient de revenir.
Laurent Lokoli, éliminé par Martin Klizan refuse de serrer la main de son adversaire #RG17 pic.twitter.com/15xw4e5BId — Eurosport.fr (@Eurosport_FR) 30 mai 2017
Là, c'est au-delà du tennis, c'est une histoire d'hommes
Laurent Lokoli
Cette rencontre de premier tour, jouée dans l’anonymat du court n°14, là où des arbres entourent le terrain et où l’on entend les oiseaux chanter pendant les échanges, revêtait pourtant tous les aspects du conte de fées. Face au 49e mondial, le Français, 281e, n’avait a priori aucune chance. Mené 2 sets à rien, il est parvenu à égaliser , abordant ainsi la dernière manche en position de force, avec en ligne de mire un affrontement alléchant contre le n°1 mondial, Andy Murray, au tour suivant… Et puis patatras ! Le Slovaque a mis un dernier coup de collet pour prendre le set et le match (score final : 7-6[4], 6-3, 4-6, 0-6, 6-4). Durant cette dernière manche, un incident a éclaté. Quand Klizan a pris le service de Lokoli pour mener 5-2, il a pris à parti le Français. Celui-ci a alors laissé éclater sa rage, pendant que le public hurlait. Les prémices de la non poignée de main finale.
"A ce moment-là, il m’a reproché de lui avoir manqué de respect parce que mes supporters dans les tribunes le gênaient. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas les contrôler mais que lui pouvait se contrôler." A partir de là, le petit millier de supporters a pris en grippe le Slovaque, qui s’est alors fait une joie de chambrer en retour à chaque point gagné.
Au milieu de tout cela, une accusation de simulation. "J’ai refusé de lui serrer la main pour une raison très simple. Pendant les 3e et 4e sets, il a fait semblant d’avoir mal à la jambe, et au 5e il s’est remis à courir normalement, a expliqué Lokoli, toujours fumasse après coup. Mais il fallait qu’il appelle le docteur ! Moi, je n’aurais jamais fait un truc pareil. J’ai grandi avec certaines valeurs. Là, c’est au-delà du tennis, c’est une histoire d’hommes. Et il m’a manqué de respect. Déjà qu’il me manquait de respect à cause de ma ‘wild card’…" Dans le détail, Klizan a bien donné volontairement quelques points, comme s’il souhaitait se préserver. Mais il a aussi commis un nombre inhabituellement élevé de doubles fautes (dont trois dans un même jeu !), ce qui laisse effectivement penser à une manœuvre de déstabilisation du petit jeune en face.
Du reste, ces coups de bluff arrivent assez souvent dans le tennis pour que le commun des acteurs et des spectateurs n’y voient plus un quelconque manque de respect. Dans les faits, et malgré tout, Lokoli est passé tout près d’accomplir un exploit retentissant. "Son attitude étrange ne m’a pas fait sortir du match, même si je n’ai pas pu l’occulter… De toute façon, dès le début, j’ai eu l’impression d’être en dedans, j’avais du mal à lâcher mes coups. J’ai eu le mérite de me battre jusqu’au bout. Le match a failli tourner en ma faveur plusieurs fois. J’ai mis toute mon énergie dans ce match et c’est comme ça qu’on respecte une invitation, nous a-t-il répondu, au moment de lister ses motifs de satisfaction. Après, je tiens à dire que, même si j’ai parlé d’irrespect de sa part, il ne faut pas lui enlever sa victoire. Il a joué un très beau tennis et il a été plus fort." En ce qui nous concerne, quelque chose nous dit qu’on devrait bientôt réentendre parler de ce Lokoli.
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