Le XV de France au Tournoi des Six Nations

Angleterre-France : pourquoi à Twickenham, le XV de France n'y arrive (presque) pas ? 

par Maxence GEVIN
Publié le 10 mars 2023 à 18h54
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

Largement défait en Irlande (32-19) mais première équipe à faire tomber l'Écosse dans ce Tournoi des Six Nations, le XV de France se déplace samedi (17h45) en Angleterre.
Un match à part contre l'ennemi anglais, sur la pelouse de Twickenham, antre vénérable du rugby si souvent cercueil des illusions tricolores.
Une forteresse dans laquelle les Bleus n'ont plus triomphé depuis plus de 15 ans.

Twickenham inspire ce mélange si subtil de respect, de grandeur et d'effroi. L'enceinte construite sur d’anciennes terres agricoles en 1908 respire la tradition et l'histoire. Au gré des époques, des rénovations et des ajouts technologiques, ses 82.000 spectateurs ont assisté à des rencontres légendaires, ces chocs au sommet au dénouement unique et aux lettres gravées dans les livres. "Il a tout de suite été considéré comme un temple du rugby parce qu’il a été une construction majeure et historique dans le développement de son sport", explique Chris Jones, journaliste anglais et auteur de The Secret Life of Twickenham, à franceinfo. En 115 ans d'existence et vingt matchs de Coupe du monde - un record -, le haut lieu de l'ovalie s'est régulièrement transformé en cimetière des rêves. 

Plus la moindre victoire depuis... 2007

Le XV de France, qui a longtemps souffert de la comparaison avec son homologue de la Rose, s'y est souvent cassé les dents. En plus d'un siècle, les Bleus n'ont levé les bras qu'à onze reprises sur cette pelouse londonienne si spéciale. Et jamais depuis 2007 (un succès 21-5 lors d'un match de préparation au Mondial). Dans le Tournoi des Six Nations, la sélection tricolore ne s'est plus imposée dans l'antre fétiche de ces diables d'Anglais depuis... 2005. À l'époque, la botte de Dimitri Yachvili avait offert un court succès aux siens (17-18). Et depuis, plus rien... ou plutôt si, des déculottées mémorables comme le naufrage de 2009 (34-10), l'humiliation de 2019 (44-18), ou encore le rugby total de 2015 (55-35). 

Twickenham, c'est LA cathédrale

Yannick Nyanga

Une disette qui commence à durer et que les Français seraient bien inspirés de briser ce samedi, à quelques mois de "leur" Coupe du monde. Plus facile à dire qu'à faire dans cette ambiance si particulière, au son assourdissant du "Swing Low, Sweet Chariot". Face à ce seizième homme si exigeant, dans une atmosphère à nulle autre pareille. "Twickenham, c'est LA cathédrale. Quand on arrive là-bas, on peut être pris par la dimension de l'événement, il y a un show autour de l'entrée des joueurs, il y a des plaques avec les plus grandes victoires anglaises… Les Anglais savent sacraliser, contextualiser un match et, si on n'est pas prêt, la pression peut vite monter", prévient l'ancien troisième ligne international Yannick Nyanga. "Il faut faire abstraction de l'émotion", souligne l'actuel entraîneur des Espoirs du Racing 92. "Les Anglais, ce n'est pas parce qu'ils jouent à Twickenham qu'ils ont dix centimètres ou dix kilos de plus", ajoute-t-il. Et pourtant…

Briser la terrible série pour continuer de grandir

Dans cet environnement champêtre, moderne et grandiose, les joueurs de Fabien Galthié jouent leur survie dans cette édition du Tournoi, eux qui ont déjà perdu pied à Dublin lors de la deuxième journée (32-19). "Gagner à Twickenham, c’est particulier. Cela se mérite. Il faut faire preuve de fierté et de solidarité pour résister d’abord aux Anglais, puis trouver les ressources mentales et physiques nécessaires pour les terrasser", plante Frédéric Michalak, meilleur réalisateur de l'histoire de l'équipe de France (436 points), dans les colonnes du Dauphiné Libéré

On sait à quel point ça va être difficile. Mais on est préparé à jouer ce genre de matchs, ce sont les meilleurs à jouer

Antoine Dupont

Un défi qui ne fait visiblement pas peur à cette génération tricolore, qui a ramené le rugby français au sommet après de longues années de disette. "C'est quand même mythique pour un joueur d'avoir la chance de jouer à Twickenham. C'est quelque chose dont je me souviendrai", se réjouit simplement Ethan Dumortier, du haut de ses 22 ans et trois petites sélections. "On est très excités : c'est le Crunch ! On attend tous ce match avec impatience, en plus à Twickenham, un stade un peu mythique", abonde Thibaud Flament (25 ans, 14 sélections), son jeune partenaire de deuxième ligne au parcours atypique.

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Même son de cloche du côté du capitaine Antoine Dupont, qui ne cache pas son ambition. "On a la chance de jouer dans des grands stades qui ont tous des histoires incroyables. On sait à quel point ça va être difficile. Mais on est préparé à jouer ce genre de matchs, ce sont les meilleurs à jouer", lance-t-il, rappelant que les deux dernières rencontres dans cette enceinte ne s'étaient pas jouées à grand-chose (défaites 22-19 en décembre 2020 et 23-20 en mars 2021). C'est assez rare pour être souligné : les joueurs de Fabien Galthié ne se sont jamais imposés sur cette pelouse. Mais l'occasion est presque trop belle face à une Angleterre, une fois n'est pas coutume, à la recherche de son rugby. Et de toute façon, un "Crunch" ne se joue pas, un "Crunch" se gagne.


Maxence GEVIN

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