Violences sexuelles dans le patinage : la charge de l'ancien champion olympique Gwendal Peizerat contre Didier Gailhaguet

Publié le 3 février 2020 à 23h47, mis à jour le 6 février 2020 à 18h48

Source : TF1 Info

RÉACTIONS - Le patineur Gwendal Peizerat, champion olympique de danse sur glace en 2002, a réagi ce lundi sur LCI aux affaires de violences sexuelles présumées qui secouent le milieu du patinage artistique français. Il dénonce un système où seul le patron de la fédération française des sports de glace décide, faisant parfois régner la terreur.

L'histoire de Sarah Abitbol est un séisme dans le sport et plus particulièrement au sein de la Fédération française des sports de glace. Une instance dont le patron, Didier Gailhaguet, se retrouve au pied du mur, accusé d'avoir maintenu en poste l'entraîneur Gilles Beyer malgré une mesure d'interdiction d'exercer auprès de mineurs après une enquête au début des années 2000. Ce même Gilles Beyer que la championne de patinage accuse de viol dans un livre. Ce lundi, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, l'a sommé de s'expliquer et de démissionner. 

Invité à réagir à cette affaire sur LCI, Gwendal Peizerat, champion olympique de danse sur glace en 2002, qui a patiné au même moment que Sarah Abitbol, assure ne pas avoir été au courant des faits présumés avancés par cette dernière, seulement de comportements déviants. Pas de quoi l'empêcher de pointer l'entière responsabilité sur Didier Gailhaguet. 

Le président a décidé que Gilles Beyer était absous, et il a été absous. Qu'est-ce que nous, tous, nous pouvions faire à ce moment-là ?
Gwendal Peizerat sur LCI

"Ce qui est arrivé à Sarah, nous le découvrons et nous le vivons de manière très violente, comme si notre petite sœur avait été violée par notre oncle", explique l'ancien champion de patinage. "C'est un quasi-inceste parce que Gilles Beyer s'est occupé d'elle depuis qu'elle est toute petite. C'est pour ça que c'est difficile pour elle d'en parler."

Ce qu'il reproche à Didier Gailhaguet ? Sa gestion de l'affaire, tout comme la réintégration de Gilles Beyer dans les hautes instances de la fédération après la décision de Marie-Georges Buffet, ministre des Sports à l'époque, de l'écarter des cadres techniques. "Nous n'avons jamais entendu parler de viol (...) Lorsqu'on dit 'tout le monde savait', tout le monde savait pour l'enquête qui a eu lieu, la ministre avait demandé qu'il soit écarté, nous le savions tous. Didier Gailhaguet a décidé de passer outre. Là-dessus, plus personne n'a rien à dire. Le président a décidé que Gilles Beyer était absous, et il a été absous. Qu'est-ce que nous, tous, nous pouvions faire à ce moment-là ?"

A la suite de sa réintégration, "Gilles Beyer était à proximité de nous, tout le temps", insiste Gwendal Peizerat. "Didier Gailhaguet (...) a réintégré Gilles Beyer qui est devenu responsable de la tournée des équipes de France. Le lieu le plus à proximité des patineurs et des patineuses : il vit à côté des patineurs, dort dans les mêmes hôtels (...). En 2011, il a été envoyé comme team leader avec des juniors qui avait lieu en Corée du Sud. Didier Gailhaguet savait qu'il pouvait avoir des attitudes déviantes vis-à-vis des jeunes filles", accuse-t-il.

Ce que nous vivons depuis 20 ans, c'est une somme de violences psychologiques, de harcèlement, de harcèlement moral
Gwendal Peizerat sur LCI

Peut-on imaginer une certaine complicité et un ministère trop peu vigilant ? "Le ministère a appris la réintégration de Gilles Beyer par des journalistes. Faut-il un organisme de surveillance permanent à la fédération ? Normalement c’est le directeur technique national. On sait que c'est une vraie problématique. Le nombre incalculable de directeurs techniques nationaux qui sont passés à la FFSG, vous verrez que ce n'est pas facile de vivre sous le joug de Didier Gailhaguet", détaille encore l'ancien champion du monde. 

Plus largement, et au-delà de l'histoire de Sarah Abitbol, Gwendal Peizerat accuse Didier Gailhaguet de menaces et de harcèlement. "La souffrance dont on parle c'est une souffrance extrême mais la souffrance psychologique et le fait que dans cette fédération, tout soit basé sur la menace, les représailles, ça a fait souffrir un nombre incalculable de personnes. Le viol, c'est la partie visible de l'iceberg. Ce que vous ne voyez pas et que nous vivons depuis 20 ans, c'est une somme de violences psychologiques, de harcèlement, de harcèlement moral auprès des patineurs, des bobeurs, curleurs, patineurs de vitesse, auprès des juges, entraîneurs (...) C’était une lutte permanente pour essayer de lutter contre cette fédération."


La rédaction de TF1info

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