"Médias déchaînés", "ministre moralisatrice" : la riposte du patron du patinage français

Publié le 5 février 2020 à 15h59, mis à jour le 6 février 2020 à 18h46

Source : TF1 Info

EXPLICATIONS - Au cœur d'un scandale de violences sexuelles d'ampleur après les accusations de viols formulées contre un entraîneur par plusieurs patineuses dont Sarah Abitbol, le président de la Fédération française des sports de glace Didier Gailhaguet a tenu un point presse, mercredi 5 février. "Je suis sali par des minables qui ne connaissent ni mon travail ni l’homme", a martelé le patron du patinage français.

Mis en cause par la ministre des Sports Roxana Maracineanu, qui l'a même invité à démissionner lundi 3 février, le président de la Fédération française des sports de glace Didier Gailhaguet a porté sa version des faits, ce mercredi, lors d'une conférence de presse au siège du comité national olympique du sport français (CNOSF), à Paris. Ce dernier a d'entrée condamné l'attitude de la ministre des Sports, "drapée dans des certitudes" et qui ne l'a pas "entendu" durant leur entretien : "Je suis donc ici pour rétablir une stricte vérité car j’ai bien compris qu’en démocratie, il ne suffit pas d’avoir raison, mais il faut aussi convaincre."

Je suis très affecté par cette situation dont je mesure totalement la gravité.
Didier Gailhaguet, président de la Fédération des sports de glace.

"C’est une onde de choc qui s’est abattue non seulement sur les sports de glace mais dans le sport français dans son ensemble. Je suis très affecté par cette situation dont je mesure totalement la gravité. Ces gamines, qui sont aujourd’hui des femmes, ce sont des personnes que j’ai entraîné ou dirigé ou que je connais. Je les connais bien, je les aime bien. Je suis atterré de ce triste constat de vies de femmes brisées, bouleversées à jamais, par la faute de salauds qui ont profité de leur innocence. Il n’y a pas de mots pour décrire mon dégoût", a-t-il déclaré lors de cette conférence de presse.

Ce constat fait, Didier Gaihaguet s'est ensuite employé à défendre l'ensemble des membres de sa fédération, qui ne sont pas, selon lui, "un ramassis de pervers sexuels qui ont la culture du viol", s'en prenant à l'article de L'Obs consacré à la maison de la rue de Rueilly. "Depuis quand, dans ce pays, avons-nous supprimé la présomption d’innocence ? La fédération est accusée sur la base de médias pour le moins déchaînés, d’une ministre moralisatrice, et selon les opportunistes de circonstance qu’on n’a pas vu dans les patinoires pour certains depuis plus de dix ans, avec quelques arrière-pensées électoralistes", a-t-il déploré, s'en prenant implicitement à l'ancien champion Philippe Candeloro.

Il n’y a pas eu un seul cas pendant ma présidence qui n’ait pas été traité.
Didier Gailhaguet, président de la Fédération des sports de glace.

Didier Gailhaguet entend également ne pas faire porter le chapeau à la seule FFSG. "Nous ne sommes pas les seuls, 28 sports ont été concernés l’an passé par 77 affaires sur des mineurs de moins de 15 ans. Le sport français et international est victime de ce fléau."

Tout à chercher à se dépêtrer des accusations de négligence ou de connivence avec les accusés, le président de la fédération a ensuite indiqué avoir découvert 90% de ces cas "par la presse et par un livre" (ndlr : Un si long silence de Sarah Abitbol). "Ils sont affreux, inadmissibles, nous ne les supportons pas. (…) Vous ne verrez jamais mon nom dans des affaires de violence, de maltraitance de l’enfant ou de l’adolescent." Il continue ensuite, assurant avoir opéré un suivi pour chaque signalement dont il a été tenu au courant : "Je suis un homme imparfait mais un homme clean. (...) Il n’y a pas eu un seul cas pendant ma présidence qui n’ait pas été traité."

"Je suis sali par des minables qui ne connaissent ni mon travail ni l’homme", a martelé Didier Gailhaguet avant de revenir sur le cas qui met particulièrement sa fédération dans la tourmente : "Concernant Gilles Beyer, une patineuse en fin de carrière m’a parlé non pas de viol mais de situations gênantes. Elle n’est pas allée plus loin. Je lui ai proposé un soutien, un conseil psychologique, juridique, de la rencontrer. Mais elle souhaitait parler à la ministre, ce qui je lui ai vivement conseillé de faire."

Une possible démission totalement écartée

C'est là que Didier Gailhaguet s'emploie le plus à rejeter la responsabilité sur d'autres instances, en l'occurrence le ministère des Sports. "J’ai demandé l’enquête administrative sur Gilles Beyer à la ministre des Sports, madame Buffet. C’est moi et personne d’autre. Donc la thèse du copinage [mise en avant pour expliquer la protection présumée dont aurait bénéficié Gilles Beyer de sa part], bonjour. (...) Je pense que Madame Buffet a été une bonne ministre, mais sur ce dossier, ses services ont dysfonctionné. Après avoir été écarté de la fédération, puis envoyé à l’Education nationale, monsieur Beyer a été réintégré dans toutes ses fonctions d'entraîneur en 2001 par le ministère. Il a retrouvé son bureau, sans d'autres explications", a-t-il continué dans sa plaidoirie.

"Pour couronner les dysfonctionnements du ministère, monsieur Beyer a continué à organiser des stages, et ce pendant 17 ans sans discontinuer, en internat, avec des mineurs, avec la bénédiction des services déconcentrés de l'État. Je vous laisse juger. (...) Monsieur Beyer n'a fait l'objet d'aucune plainte. Il a été blanchi par l'enquête de police. (...) Je n'avais jamais entendu parler de viol sur les personnes d'Hélène Godard ou de Sarah Abitbol" soutient le président de la fédération avant d'écarter toute possible démission : "Il m'est demandé de démissionner en cause de faits qui remontent à 30 ans, où j'étais absent de la FFSG, des faits que je connais depuis une semaine et demie." Il attendra pour ce faire les conclusions des travaux engagés par Roxana Maracineanu pour prendre une prochaine décision.


La rédaction de TF1info

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