Notre-Dame de Paris : la résurrection de la cathédrale après l'incendie

DOCUMENT TF1 - Les secrets de la future flèche de Notre-Dame de Paris

par M.L | Reportage TF1 Michel Izard, Bertrand Lachat et Christophe Nieulac
Publié le 15 février 2023 à 8h00, mis à jour le 15 février 2023 à 9h33
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Source : JT 20h Semaine

Des ouvriers hautement qualifiés travaillent d'arrache-pied sur le chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Leur mission : redonner vie à sa grande flèche, qui culminait à 96 mètres avant le terrible incendie d'avril 2019.
Immersion auprès de ces tailleurs de pierre.

Dès 7 heures du matin, aux premières lueurs du jour, les sculpteurs et leurs ciseaux pneumatiques rugissants s'activent déjà dans la bulle du chantier de Notre-Dame de Paris. Le parvis de la cathédrale abrite maintenant des tailleurs de pierre, qui dégrossissent de larges blocs. Des centaines de pièces, abîmées par le temps mais surtout par l'incendie qui a ravagé la cathédrale le 15 avril 2019, doivent être reproduites à l'identique. Autant d'ornementations florales ou de colonnettes ouvragées qu'il faut restituer au plus juste.

"Retrouver la méthode de taille, l'approche, et se remettre dans la tête du gars (qui l'a sculptée, ndlr) au XIIe siècle, c'est vraiment génial", se réjouit le sculpteur Nicolas Clerget, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. Sans oublier des statues en état de délabrement, dont des chimères, que les flammes sont venues lécher. "Tout est consolidé pour que cela puisse servir de modèle pour des nouvelles sculptures", puisque les plus fragiles "iront dans des musées", explique l'architecte du patrimoine Marie-Catherine Beaufeist.

Opération millimétrée

Il faut s'armer de patience pour reproduire à la perfection les statues : douze jours de travail ont été nécessaires pour faire surgir le visage d'un ange, à la chevelure ciselée, dans un bloc de calcaire. Par miracle, l'original a pu être conservé, après avoir fait une chute de 35 mètres quand la voûte en dessous de la flèche s'est effondrée. 

Le double de pierre de cette sculpture du XVIIIe siècle va retrouver sa place. Il faut monter à 80 mètres de hauteur pour observer la grue déplacer la création tout juste terminée, une opération périlleuse. "Il faut être attentif, c'est très précis parce cela descend au millimètre près", décrit Ramazan Duyar, le grutier installé derrière sa vitre. Les yeux rivés sur l'ange recouvert d'un filet, suspendu dans le vide, il fait glisser doucement sa manette. 

Dans le trou laissé par la disparition de la flèche, sous le regard concentré du sculpteur Thomas Nafrechoux, le bloc de 500 kilos vient s'ajuster dans le rond de pierre qui forme la clé de voûte de la croisée du transept, au niveau de l'intersection de la croix. L'opération est enfin réussie, l'équipe pousse un soupir de soulagement. "Vu que c'est la dernière pierre, il peut toujours y avoir une incertitude. On n'avait pas fait d'essais avant : les sculpteurs l'ont finie, on l'a prise et on l'a posée. Et tout va très bien", souffle Arnaud Morançais, conducteur de travaux.

"Reconstruire la flèche à mesure qu'on va monter les échafaudages"

Au-dessus, une forêt d'échafaudage culmine à 35 mètres de hauteur, un parcours sportif pour accéder au chantier et constater l'avancement des travaux, dont la reconstitution de la flèche est une étape symbolique. "Beaucoup de gens se souviennent de voir au niveau du transept, en levant la tête, un petit tableau en bois sur lequel figurait la Vierge. C'est ici, on va la replacer à l'identique", explique le général Jean-Louis Georgelin, le président de l'établissement public pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris.

Mais pour arriver à cette étape, il faut d'abord poser les derniers claveaux, les pierres taillées des arcs de voûte de la croisée du transept. Un travail réalisé au mortier à la chaux, comme au temps des bâtisseurs. "On va s'arrêter là, on ne va pas rebâtir la voûte. Mais on va continuer à faire progresser l'échafaudage, jusqu'à atteindre 100 mètres de haut, pour pouvoir reconstruire la flèche à mesure qu'on va monter les échafaudages, on posera le coq", déroule Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques, en charge du chantier de Notre-Dame.

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Dans quelques semaines, le grutier et les charpentiers se lanceront dans une opération encore plus délicate : la pose des grandes poutres de chêne qui formeront la base de la flèche, au centre de la cathédrale. Le site devrait rouvrir au grand public dès l'année prochaine, comme le prévoit Emmanuel Macron.


M.L | Reportage TF1 Michel Izard, Bertrand Lachat et Christophe Nieulac

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