"J'ai sans doute fait des erreurs" : Emmanuel Macron fait acte de contrition pour mieux aborder l'avenir

Publié le 14 juillet 2020 à 18h40

Source : Sujet JT LCI

MEA CULPA - Lors de son interview du 14-Juillet, Emmanuel Macron est longuement revenu sur ses trois premières années de mandat, reconnaissant des "erreurs" et des "maladresses", sans pour autant remettre en cause son action. Un mea culpa pour mieux aborder la dernière phase du quinquennat.

Pour aborder les 600 derniers jours de son quinquennat, Emmanuel Macron fait peau neuve. Le chef de l'Etat, qui avait promis de "se réinventer" durant le confinement, en avril, est longuement revenu sur la façon dont il mène son action depuis son élection en 2017, reconnaissant à plusieurs reprises "des erreurs". Sans jamais rien lâcher pour autant sur le fond des réformes menées "tambour battant"

Candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de réconcilier les Français, de lutter contre les "passions tristes" qui, selon lui, empêchent les Français d'avancer, et leur redonner "confiance". "Vous avez raison, je n'y suis pas parvenu", a répondu le chef de l'Etat, interrogé à ce propos. "J'ai sans doute fait des erreurs qui ne m'ont pas permis d'y parvenir", a-t-il ajouté. 

"J'ai mené au début de ce quinquennat avec le gouvernement d'Édouard Philippe des réformes tambour battant, parce que je considérais que c'était sur ce pacte que les Françaises et les Français m'avaient élu", a-t-il plaidé. "Mais j'ai donné le sentiment à nos concitoyens qu'au fond, je réformais pour eux malgré eux, comme pour adapter le pays à quelque chose qu'ils n'aimaient pas tellement, qui n'était pas juste."

Une "détestation" liée au malaise social

Emmanuel Macron assure avoir "contribué" à rendre la France "plus forte et plus indépendante", pour que "chacun retrouve la maîtrise de sa vie, de son destin", mais sans avoir suffisamment expliqué son dessein aux Français, ou montré suffisamment de "résultats".

"Nous avons vécu le terrorisme. Nous avons vécu des crises économiques à répétition et le chômage de masse qui a affaibli des familles", a énuméré le chef de l'Etat pour expliquer la "détestation" d'une partie de l'opinion à son égard. "Nous avons vécu une crise sociale sans précédent avec les Gilets jaunes, qui a été la colère d'une partie du peuple français qui, pour la plupart du temps, a travaillé en vivant mal et s'est dit 'ce monde n'est pas fait pour nous'". 

Pour Emmanuel Macron, cela ne signifie pas que le cap défendu en 2017 était le mauvais, mais que "la méthode", si elle a permis de faire passer "des réformes que l'on pensait impossibles", n'a pas permis au pays de retrouver "la confiance"

Le déclic de la crise sanitaire

"Je suis obligé de faire ce constat parce que le moment que nous vivons est historique et profond", a poursuivi Emmanuel Macron, revenant sur le "nouveau chemin" qu'il souhaite incarner avec le remaniement gouvernemental. 

"Ce que vous m'avez vu infléchir durant la période de crise que nous venons de vivre, et ce que j'ai souhaité déployer avec un nouveau Premier ministre, une nouvelle équipe" n'a pas pour objectif de "changer de cap, de destination finale qui est d'avoir une France forte, indépendante", a toutefois prévenu Emmanuel Macron, mais "de changer de chemin pour y arriver"

Critiqué pour le manque de concertation dans les réformes menées au début de son quinquennat, le chef de l'Etat promet désormais "d'associer davantage", "de passer davantage par le dialogue social, par l'association avec les élus". "Et c'est peut-être de bâtir plus fortement une confiance fragile avec tous les Français, de quelque bord politique qu'ils soient."

"Autoflagellation"

La séquence de contrition du chef de l'Etat a été fraîchement accueillie par l'opposition, à l'issue de l'interview. Emmanuel Macron "vient d'inventer un exercice très nouveau, le discours de fin de quinquennat", a grincé le député LFI Jean-Luc Mélenchon. "Un doigt d'autoflagellation, un broc d'autosatisfaction, deux pincées de nostalgie. C'est pittoresque."

"Emmanuel Macron reconnait la haine et les injustices qu’il a nourries sans se sentir responsable", a dénoncé pour sa part Nicolas Dupont-Aignan (DLF), jugeant qu'il a "divisé les Français par ses politiques odieuses"

"Les mots ne masquent plus l'impuissance et l'inaction politique", a fustigé pour sa part l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot, regrettant l'absence de "mesures sociales fortes" et d'un "plan de relance et de transition écologique, puissant et immédiat"

Reste à savoir si les Français suivront, eux, le "nouveau chemin" dessiné longuement par Emmanuel Macron ce mardi 14 juillet. 


Vincent MICHELON

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