Alcool au volant : l'éthylotest anti-démarrage peut désormais remplacer la suspension du permis

Publié le 12 mars 2019 à 14h28, mis à jour le 13 mars 2019 à 15h49

Source : Sujet TF1 Info

SÉCURITÉ ROUTIÈRE - Sur décision préfectorale, les conducteurs contrôlés avec un taux d'alcoolémie compris entre 0,8 et 1,8 g/l pourront désormais faire installer un éthylotest anti-démarrage (EAD) dans leur véhicule, annonce ce mardi le gouvernement. Cette alternative à la suspension du permis, qui était expérimentée dans sept départements, est donc étendue à l'échelle de la France.

Souffler sur l'éthylotest avant de prendre le volant et réitérer ce geste quelques minutes plus tard. C'est une solution moins radicale que la suspension du permis de conduire et, dans certains cas, sans doute tout aussi efficace pour lutter contre la conduite en état d'ébriété et contre la récidive de ce délit.

Le gouvernement annonce ainsi ce mardi 12 mars "la généralisation du dispositif d'installation d'un éthylotest anti-démarrage (EAD) comme possible alternative à la suspension du permis de conduire". Ce dispositif avait en effet récemment été expérimenté dans sept départements (Drôme, Finistère, La Réunion, Loiret, Manche, Nord et Vendée).

Non récidivistes avec un taux d'alcoolémie inférieur à 1,8 g/l

Concrètement, indique le ministère de l'Intérieur :

• "Désormais, le préfet a la possibilité, à l'issue d'un contrôle d'un conducteur présentant une alcoolémie relevant du tribunal correctionnel (supérieure à 0,8 g/l) de l'obliger à ne conduire que des véhicules équipés d'un EAD et, ce, pour une durée ne pouvant dépasser six mois".

• "Le tribunal, au moment où le contrevenant lui sera présenté, pourra décider de prolonger cette obligation pour une durée pouvant aller jusqu'à cinq ans. Le tribunal pourra également choisir de moduler l'amende encourue jusqu'à un maximum de 4.500 euros, ce qui permettra de compenser le coût de l'installation de l'EAD à la charge de la personne en infraction."

• "Cette mesure permettra à ceux qui en seront les bénéficiaires (des contrevenants non récidivistes, et dans la mesure où leur taux d'alcoolémie ne dépassera pas 1,8 g/l) de pouvoir continuer à conduire et de conserver leur activité professionnelle tout en garantissant la sécurité des autres usagers de la route".

Cet appareil opérera un changement de comportement face à l'alcool
Maître Jean-Baptiste le Dall

Ce dispositif avait fait l'objet d'une proposition détaillée à l'issue du Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) de janvier 2018. Comme l'expliquait à l'époque sur LCI Maître Jean-Baptiste le Dall, dans le cadre de sa chronique auto consacrée aux EAD, "l'interdiction de conduire un véhicule non muni de cet appareil opérera un changement de comportement face à l’alcool. Cette peine complémentaire aura sans doute un réel rôle pédagogique en s’inscrivant dans le quotidien de l’automobiliste condamné". Sans oublier, selon cet avocat spécialisé en droit automobile, que "dans le pire des cas, si le conducteur tente de réitérer les faits pour lesquels il a été condamné, l’appareil empêchera tout démarrage du véhicule". 

L'alcool au volant, rappelle le gouvernement, constitue 20,8% des délits routiers, soit 123.926 délit constatés par les forces de l'ordre en un an (derniers chiffres disponibles portant sur 2017). Cette même année, 1.035 personnes ont perdu la vie dans un accident de la route impliquant un conducteur au-dessus des seuils autorisés d'alcoolémie. 

Comment fonctionne cet éthylotest ?

L'éthylotest anti-démarrage interdit, comme son nom l'indique, le démarrage d'un véhicule si le taux d'alcool du conducteur est positif. Concrètement, l'intéressé doit souffler sur l'appareil avant d'allumer le moteur. Une fois que le moteur a démarré, l'équipement demande de manière aléatoire (entre 5 et 30 minutes après le démarrage) un nouveau souffle qui doit être réalisé à l'arrêt. Le conducteur dispose alors d'un délai de 20 minutes pour effectuer ce nouveau contrôle. 

Sécurité routière : l'éthylotest anti-démarrage bientôt généralisé sur l'ensemble du territoireSource : JT 13h Semaine

Un éthylotest anti-démarrage coûte environ 1.300 euros. Il est également possible de le louer (100 euros environ par mois). Cette dépense est à la charge du contrevenant. Il convient d'y ajouter le prix du montage et du démontage.


Laurence VALDÉS

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