Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a annoncé l'arrêt dans les prochaines semaines de "plusieurs" projets autoroutiers et routiers.Dans le même temps, le gouvernement a indiqué vouloir développer l'offre de transports en commun, notamment pour les trains.Car depuis 1995, l'Hexagone a investi deux fois plus dans les routes que dans le rail.
"À l'heure de la planification écologique, on ne peut pas continuer comme avant". Alors qu'Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes de sa feuille de route écologique pour 2030, son ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, est venu préciser l'action du gouvernement pour réduire l'empreinte carbone de la France dans ce domaine. Il a annoncé que le gouvernement prendra "dans les prochaines semaines" la décision d'arrêter "plusieurs" projets autoroutiers et routiers et indiqué qu'il entendait "encourager" le développement du train.
Un changement de politique alors que la France a largement préféré la route au rail ces dernières années. Selon une étude publiée mardi 19 septembre par l'ONG environnementale Greenpeace, entre 1995 et 2018, Paris a "investi deux fois plus dans les routes que dans le rail", soit 278 milliards d'euros pour le premier contre 130 milliards pour le second, trains urbains, métros et trams inclus. L'Hexagone suit ainsi une tendance européenne, alors que les pays de l'UE, avec la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni, ont investi 66% de plus dans l'extension et la rénovation des routes que dans les chemins de fer, selon l'étude menée par T3 Transportation et l'institut allemand Wuppertal.
Du mieux depuis 2018
Un déséquilibre que la France a toutefois tenté de réduire ces dernières années. Greenpeace souligne que Paris a notamment investi 10% de plus dans le rail que dans les routes entre 2018 et 2021, pour répondre notamment à l'urgence climatique liée à nos émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace estime cependant qu'il "ne faut pas se satisfaire d'augmenter les financements dans le rail, il faut aussi arrêter de financer les problèmes comme les autoroutes".
Un appel auquel pourrait répondre le gouvernement français, même si ce dernier a décidé de maintenir la très décriée construction de l'A69 ente Toulouse et Castres. Si cette autoroute sera bien construite, selon Clément Beaune, "pour d'autres autoroutes, je prendrai des décisions fortes dans les prochaines semaines" et "il y a plusieurs (projets) qui seront arrêtés", a-t-il martelé sur France Inter. En avril dernier, le ministre délégué aux Transports avait déjà annoncé qu'un "certain nombre de projets routiers" serait "revu", promettant alors un verdict "d'ici le début de l'été".
Le développement des modes de transport en commun est l'un des axes primordiaux pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et ainsi tenter de limiter le réchauffement planétaire. Un trajet moyen en train en Europe produit ainsi 77% d'émissions de gaz à effet de serre en moins qu'un trajet en voiture par passager-kilomètre, rappelle Greenpeace. En France, avec 30% des émissions de CO2e, le secteur des transports est le 1er émetteur de gaz à effet de serre. À titre de comparaison, selon les chiffres de l'Ademe, 50 km en TGV émet 0,1 kg d'équivalent CO2 (CO2e). C'est 1,5 kg de CO2e pour le même voyage en TER contre 11 kg avec une voiture à moteur thermique.