Renault supprime 4600 postes : "Avec ce plan, on est plus dans le monde d’hier que celui de demain"

Publié le 29 mai 2020 à 14h26
Cyril Chabanier, président de la CFTC

Photo prise le 18/12/2019
Cyril Chabanier, président de la CFTC Photo prise le 18/12/2019 - Source : THOMAS SAMSON / AFP

INTERVIEW - Renault a annoncé la suppression de 4600 emplois en France dans le cadre d'un plan de restructuration et d'économies. Le site de Choisy-le-Roi devrait fermer ses portes. Pour le président de la CFTC, ce plan résulte de "d'une gestion catastrophique" depuis plusieurs années.

Renault va supprimer près de 15.000 emplois dans le monde, dont 4600 en France. Le groupe promet qu'il n'y aura pas de "souffrance sociale" et qu'il ne s'agit "que" de non-renouvellement et non pas de licenciements. Pour autant, les représentants des salariés sont amers. A l'image de Cyril Chabanier, président des confédérations de la CFTC.

Comment avez vous réagi à l'annonce de ce plan d'économie ? 

Ces annonces nous ont surpris voire choqué. Il y a eu l'officialisation du prêt de 5 milliards d'euros garantis par l'état et dans la même semaine la suppression de plusieurs milliers de postes par Renault. C'est assez choquant. Surtout, les motifs exposés n'ont que peu ou pas de rapport avec la crise engendrée par le coronavirus. Les difficultés de Renault et ce nouveau plan qui en découle résultent d’une mauvaise stratégie depuis plusieurs années, d'une gestion catastrophique. Nous sommes inquiets car cela fait un peu effet d'aubaine, nous avons l'impression que Renault en profite pour faire financer par la dépense publique toute sa nouvelle stratégie, en plus pas très originale.

Que reprochez-vous  cette stratégie mise en place par Renault pour l'avenir ? 

Avec ce plan, on est plus dans le monde d’hier que dans celui de demain. On pense encore en termes d'optimisation de la division du travail plutôt que d'investir dans l'innovation. La CFTC prône depuis assez longtemps de travailler sur la montée en gamme, sur des projets de voitures vertes.  Tout cela découle des erreurs stratégiques de Renault, on sort un plan déjà dans les cartons pour essayer de le financer avec les aides pour le covid. La perte d'emplois, on ne parle pas en fait de licenciements mais seulement de non-renouvellements, pourrait être mieux acceptée si la stratégie de Renault n'était pas aussi vétuste. Le Président de la République a par exemple incité le groupe à se développer dans le domaine de la voiture électrique, en collaboration avec Peugeot, et ça n'a pourtant pas eu l'air de soulever l'enthousiasme... 

La France serait le seul pays touché par le fermeture d'une usine dans ce plan avec la fermeture du site de Choisy-le-Roi.  Qu'en pensez-vous ? 

Déjà en termes d'emplois, il y a une suppression annoncée de 15 000 emplois dans le monde. Nous ne sommes donc pas les seuls qui sont touchés même si le tiers de ces postes se trouvent en France ce qui est considérable. Par contre, selon les informations que l'on dispose, il n'y a pas de sites fermés ailleurs qu'en France par Renault alors même que le président de la république avait plutôt tenu un discours sur la relocalisation nationale de la production pour des produits à forte valeur ajoutée. Le groupe parle de certaines caractéristiques comme les chaînes de production qui ne seraient plus forcément adaptées sur le site de Choisy le Roi, notamment en terme de mesures ou d'équipements techniques. Mais encore une fois, c'est difficile à avaler étant donné que la société n'a fait aucun investissement pour se lancer dans la modernité, le très haut de gamme et/ou la voiture propre. 


Maxence GEVIN

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