La location de jets privés, plus coûteux, connait un essor important depuis la pandémie.Si le secteur s’ouvre à d’autres profils, la majorité de son activité reste liée à des vols professionnels.Durant cet été, la pollution générée par ce secteur a fait réagir jusqu'au gouvernement qui réfléchit à la possibilité de le réguler.
Tandis que Clément Beaune, ministre des Transports, veut réguler l'usage des avions privés, ceux qui en profitent aujourd’hui montrent de premiers signes d’inquiétude. Et le secteur de la location de jets privés, qui connait une nouvelle popularité depuis la crise sanitaire, pourrait être particulièrement concerné s’il venait à y avoir une loi sur le sujet.
Car les milliardaires ne sont plus les seuls à recourir à des jets privés. D’autres peuvent en profiter le temps d’un vol, via des agences de location. En 2021, l’aviation d’affaires a représenté 20% de part de marché, contre 8% en 2019, d’après les chiffres de l’association European Business Aviation Association (EBAA). Et la location de jets, l’équivalent de 17% des vols européens en circulation. Certains se découvrent des envies de confort, selon le rapport d’activité de l’agence Privatefly, qui a gagné 44% de voyageurs supplémentaires entre le dernier trimestre 2020 et celui de 2019. Parmi eux, près de la moitié de ces nouveaux clients n’avaient jamais pris de jet privé de leur vie, lit-on dans Le Figaro. Le secteur a donc explosé depuis la pandémie, comme en témoigne cet article du Guardian, qui revient sur le phénomène et sur ses clients fortunés.
"On ne transporte pas que des divas", rejette de son côté Isabelle Clerc, dirigeante de l’entreprise familiale Aeroaffaires, qui se présente comme leader dans le milieu. D’Aeroaffaires à Jet Agency, en passant par Privatefly, ces agences de location se multiplient aujourd’hui en France. Mais conscientes de la mauvaise publicité créée par le débat sociétal et politique, elles veulent montrer que le secteur peut s'élargir. Pourtant, ces dernières se heurtent à un obstacle de taille : le coût aussi bien environnemental que financier de ces vols privés.
Un coût environnemental et financier non négligeable
Ainsi, pour un vol Paris-Clermont-Ferrand, d’une durée de 55 minutes pour deux passagers, il faudra compter 6300 euros en moyenne dans la plupart des agences que nous avons essayées. Si ce n’est pas la veille pour le lendemain, le prix de location d’un jet privé de petite taille se situe entre 3500 et 4000 euros l’heure, selon les différents tarifs exposés. Pourtant, de nombreux vols sont encore programmés à la "dernière minute". Quitte à ce qu’ils soient effectués à vide à l’aller ou au retour. Ce qui représente l'équivalent de 20% des trajets de cet été, selon Isabelle Clerc.
Aujourd’hui, 60% des clients de l’agence sont encore des hommes et femmes d’affaires. "Il s’agit le plus souvent d’un chef d’entreprise, qui a une SCI (société civile immobilière, ndlr) avec un chiffre d’affaires de 300, 400 millions d’euros et qui, pour se développer en Europe, doit passer par des visites d’usines", détaille la dirigeante d’Aeroaffaires.
Ensuite, 30% du chiffre d’affaires de l’agence est lié à des vols sanitaires, lorsque des familles affrètent un jet pour transférer un proche hospitalisé. 15% des vols sont des transports de médicaments ou de matériel spécifique dont aurait besoin une entreprise. 10% sont enfin des vols de groupes, affrétés par des particuliers pour des mariages ou des entreprises pour des séminaires. "Cette dernière catégorie diminue depuis 2020 car les entreprises sont de plus en plus vigilantes et font moins appel à nos services", ajoute Isabelle Clerc.
Pour le fondateur d’une agence concurrente, qui tient à rester anonyme, si les entreprises font moins appel à ces agences, c’est aussi qu’elles disposent aujourd’hui de leurs propres services. "La raison numéro un de la location de jets privés, c’est la praticité", ajoute ce dernier en mettant l’accent, comme d’autres, sur la difficulté de rallier certaines destinations en un trajet direct. Comme Carcassonne-Bristol, en Angleterre, nous expose-t-on chez Aeroaffaires. "Mais l’aviation d’affaires reste relativement chère. Elle est donc dévolue aux personnes qui n’ont pas le choix ou pour qui ce n’est pas un luxe", poursuit le dirigeant. La plupart des acteurs interrogés sont conscients des obstacles à une démocratisation du marché. Tous misent sur une chose : "l’aviation de demain", qui ne polluerait pas. Or, le premier avion décarboné pourrait ne pas voir le jour avant 2035, selon les projections d’Airbus.
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