François Ruffin critique le chef de l'État, qui aurait mis fin à un pass TER destiné aux jeunes pour circuler à moindres frais.Dans le même temps, assure le député LFI, l'Allemagne instaure des billets de train illimités pour seulement 9 euros mensuels.S'il rebondit sur l'actualité, l'élu picard livre une version réductrice des faits et partiellement trompeuse.
Candidat à sa réélection dans la première circonscription de la Somme, François Ruffin multiplie les reproches à Emmanuel Macron et à son gouvernement. Sur Twitter, le député a ainsi posté le message suivant : "Contre le réchauffement et le prix de l'essence, l'Allemagne fait le 'train illimité' à 9 € par mois. Macron, lui, vient de supprimer le Pass jeune sur les TER."
En dressant un parallèle entre ces deux actualités, l'élu effectue un résumé des faits quelque peu hâtif. L'Élysée n'est (entre autres) pas à l'origine de la suppression de ce pass, bien que le rôle de l'État soit parfois pointé du doigt dans le dossier.
Contre le réchauffement et le prix de l'essence, l'Allemagne fait le "train illimité" à 9 € par mois. Macron, lui, vient de supprimer le Pass jeune sur les TER. #stopponsmacron — François Ruffin (@Francois_Ruffin) June 2, 2022
Un coup de pouce aux voyageurs outre-Rhin
Le train est-il désormais illimité en Allemagne, moyennant moins de dix euros par mois ? Pas tout à fait. En pratique, il est exact que les autorités ont souhaité agir contre l'inflation en proposant une série de mesures à destination des ménages. L'instauration d'une carte transports mensuelle à neuf euros en fait partie, mais elle ne donne pas accès à l'intégralité du réseau ferré. Les trains à grande vitesse, équivalents de nos TGV, sont notamment exclus du dispositif, si bien que les voyageurs doivent privilégier la déclinaison allemande des TER et Intercités français. Tout le territoire est toutefois desservi.
Notons que les réseaux de transports en commun locaux, incluant les bus et autres trams, sont également concernés. Quiconque se procure un billet mensuel (touristes étrangers inclus), peut ainsi voyager librement à peu de frais. Il s'agit d'un investissement conséquent pour l'État, puisqu'une somme de 2,5 milliards d'euros a été débloquée afin d'assurer le financement et compenser le manque à gagner. Les médias rapportent que le seul abonnement au réseau municipal berlinois coûte 86 euros par mois en temps normal, de quoi visualiser la portée de cette décision. François Ruffin, dans son tweet, omet de souligner que cette mesure exceptionnelle, largement plébiscitée par nos voisins, n'est pas censée perdurer dans le temps. Elle sera effective pour les seuls mois d'été et prendra fin à l'issue du mois d'août.
Quid, par ailleurs, de l'abandon du Pass Jeune TER, également évoqué par le député ? Là encore, il s'agit d'une information en partie juste. Ce pass, instauré à l’été 2020 et qui a été reconduit en 2021, permettait aux jeunes de 12 à 25 ans de se déplacer en illimité sur l’ensemble du réseau TER durant les mois de juillet et août. Une initiative ponctuelle qui prend fin cette année, comme l'a confirmé la SNCF.
Faut-il y voir l'impact d'une décision d'Emmanuel Macron, comme le suggère François Ruffin ? Sur le papier, le chef de l'État n'est pas responsable de cet abandon : ce sont les régions qui avaient mis en place le dispositif, et qui actent désormais la non-reconduction du pass. Régions de France, institution de représentation des régions françaises auprès des pouvoirs publics français et des institutions européennes, a expliqué à Libération que si les régions n'ont pas souhaité instaurer le pass une 3e année consécutive, elles veillent toutefois à mettre en place des "tarifications attractives" pour les jeunes. En toile de fond, le rôle de l'État (et donc du président par extension) est pointé du doigt. "Comparativement aux autres pays européens où l’État accompagne les autorités organisatrices pour contribuer au financement de tarifs d’appel, il est nécessaire de souligner que les régions n’ont bénéficié d’aucune aide de l’État depuis la crise de la covid pour rééquilibrer les comptes de leurs transports publics régionaux", réagit l'institution.
En résumé, les régions expliquent n'avoir pas les épaules pour assurer la pérennité d'une mesure pensée à l'origine comme ponctuelle, suite à l'épidémie. Et jugent le soutien étatique qui leur est apporté insuffisant pour continuer à en assurer la charge.
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