Des chercheurs australiens cherchent à élaborer un test sanguin censé évaluer le manque de sommeil.Il s'agirait, en cas d'accident, de déterminer le facteur en cause, comme c'est le cas pour l'alcool.La fatigue au volant serait à l'origine d'environ 20% des accidents de la route.
En matière de sécurité routière, pourra-t-on bientôt mesurer le taux de fatigue comme on mesure le taux d'alcool ? C'est en tout cas l'objectif d'une équipe de chercheurs australiens, financée par le gouvernement, qui travaille actuellement à l'élaboration d'un test sanguin, rapporte The Guardian.
"Si on regarde les principaux facteurs d'accidents de la route, l'alcool en est un, la vitesse en est un autre, et la fatigue en est encore un autre", explique Clare Anderson, professeur à l'université Monash de Melbourne, qui collabore à sa mise au point. "Même si la solution à la fatigue est simple, dormir, notre capacité à résoudre le problème est réduite car nous n'avons pas d'outil pour la mesurer comme pour l'alcool", poursuit-elle.
Cinq biomarqueurs sanguins
"La conduite en état de fatigue pourrait être gérée de la même manière que la conduite en état d'ébriété, en fixant un seuil (c'est-à-dire la quantité de sommeil préalable nécessaire) à partir duquel les conducteurs sont 'considérés comme étant en état d'ébriété'," estime l'équipe qui a identifié cinq biomarqueurs sanguins de nature à déterminer depuis combien de temps un individu est éveillé.
"Ces biomarqueurs sont étroitement liés à la durée d'éveil d'une personne et sont constants d'un adulte à l'autre. Certains d'entre eux sont des lipides, d'autres sont produits dans l'intestin, ils proviennent donc de différentes parties du corps - ce qui est intéressant, car le sommeil est impliqué dans un certain nombre de problèmes de santé. Mais ce ne sont pas des métabolites (impliqués dans l'anxiété ou l'adrénaline) qui pourraient être affectées si quelqu'un a été impliqué dans un accident de la route", a précisé Clare Anderson.
90% de précision
Pour s'assurer de l’efficacité de leur test, les chercheurs ont recruté 61 personnes. D’après les résultats de leurs travaux, publiés dans la revue Nature and Science of Sleep, le test serait à même de détecter si une personne a suffisamment dormi ou non, avec une précision de près de 90%. Ces derniers espèrent qu'il pourra être utilisé d'ici à deux ans.
Il s'agirait alors de pouvoir évaluer si le manque de sommeil du conducteur est à l'origine d'un accident, et d'en faire, le cas échéant, une circonstance aggravante. C'est au législateur qu'il reviendrait de fixer le seuil à partir duquel un conducteur serait considéré comme en manque de sommeil et verbalisable, les chercheurs recommandant de leur côté un minimum de 4 à 5 heures de sommeil pour une conduite sûre.
À titre de repère, 20% des accidents de la route sont causés, au moins en partie, par le manque de sommeil, selon une étude britannique, tandis que la proportion monte à un quart des accidents graves ou mortels.
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