Inaptitude à la conduite : le combat de Pauline Déroulède, amputée après avoir été fauchée par un nonagénaire

V. F - Reportage vidéo : Joséphine de Francqueville et Alix Ponsar
Publié le 7 novembre 2022 à 20h17, mis à jour le 9 novembre 2022 à 20h41

Source : JT 20h Semaine

Y aura-t-il bientôt des tests d'aptitude à la conduite pour les personnes âgées ?
C'est le combat que mène Pauline Déroulède, sportive de haut-niveau, fauchée en 2018 par un conducteur de 90 ans.
Elle témoigne auprès de TF1.

"C’est dingue qu’en France, on ait le permis à vie sans aucun contrôle, on peut conduire jusqu’à 100 ans". Pauline Déroulède ne décolère pas. La jeune championne de tennis-fauteuil a été violemment percutée en 2018 par la voiture d'un homme âgé ayant "appuyé sur l'accélérateur au lieu du frein", alors qu'elle se trouvait à l'arrêt sur son scooter à Paris. Amputée de la jambe gauche, elle mène depuis un combat en faveur d'une loi pour des tests d'aptitude obligatoires à la conduite. Le clip qu’elle a tourné pour sensibiliser l'opinion est diffusé depuis ce lundi 7 novembre.

Mais les personnes les plus âgées seraient-elles prêtes à passer ces tests ? Le 20H de TF1 pose la question aux clients d'un supermarché de l’Indre dans la vidéo en tête de cet article, et les réponses sont plutôt mitigées. "Je pense qu'il est nécessaire d'avoir des contrôles, d'abord avec l'âge. Quand on a eu le permis, on avait 20 ans, donc ça change", atteste un riverain. Mais ce n'est pas l'avis de tous. "Je ne suis pas d'accord de repasser le permis parce qu'on n'aura rien. On ne m'a jamais commandé, on ne me commandera pas à 81 ans", rouspète de son côté une retraitée.

Je me suis dit que c'était le minimum de sens que je pouvais mettre dans ce qui m'était arrivé, pour que ça n'arrive à personne d'autre et pour protéger tout le monde.
Pauline Déroulède

À cet argument, Pauline Déroulède oppose son histoire personnelle. "J'étais sur un trottoir à Paris et un conducteur de 90 ans a perdu le contrôle de sa voiture et nous a fauchées - on était trois personnes - et il m'a arraché la jambe", raconte-t-elle. Et d'ajouter : "c'est devenu mon combat parce que je me suis dit que c'était le minimum de sens que je pouvais mettre dans ce qui m'était arrivé, pour que ça n'arrive à personne d'autre et pour protéger tout le monde parce qu'il n'y a pas que les victimes d'accidents, il y a les responsables aussi qui derrière ont une vie brisée également", dit-elle. 

La jeune femme, qui se prépare pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, a tourné un clip sur la sécurité routière et l’aptitude à la conduite. Et métaphore originale, le personnage principal ne conduit pas une voiture, mais un chariot de supermarché. Très vite, on observe qu'en tournant, le vieil homme ne maîtrise pas du tout sa trajectoire et renverse sur son passage toute une pile de boîtes de conserve. Une voix off souligne alors : "Si cet homme avait passé un test d'aptitude à la conduite, il n'aurait plus le permis et moi, je serais encore debout".

Yann Grandguillaume, qui joue dans ce clip le jeune homme en fauteuil roulant, a, lui aussi, été victime d'un accident de voiture et a perdu brutalement son autonomie. Alors quelque part, il se met à la place des personnes âgées isolées qui continuent à conduire. "Elles prennent leur voiture pour faire 2, 3 kilomètres parce qu'elles n'ont pas de bus. Ces personnes-là, je les comprends, mais en même temps, je pense qu'on peut mettre des choses en place pour les aider, pour qu'elles ne fassent pas les trajets seules et qu'elles ne prennent plus le volant", admet-il.

Pauline Déroulède milite auprès des ministères de l’Intérieur et des Transports pour deux réformes : le développement de transports alternatifs pour ne pas isoler les personnes âgées, et une loi qui oblige tous les conducteurs à passer régulièrement des visites médicales pour que ce ne soit plus aux familles de confisquer les clés. Car la jeune athlète le reconnaît : "Il y a une culpabilité légitime de la part des proches de se dire : 'je ne vais pas empêcher mon père de conduire, du coup, il aura moins de liberté'".

En Europe, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Italie, le Danemark et même la Finlande contrôlent déjà tous les cinq ans en moyenne l’état de santé des conducteurs âgés.


V. F - Reportage vidéo : Joséphine de Francqueville et Alix Ponsar

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