Une opération encore jamais réalisée en France s'est déroulée ce dimanche matin en Savoie.Près d’un mois après l’éboulement d’une falaise qui avait bloqué l'autoroute A43, un ballet d'hélicoptères a largué de grandes quantités d’eau sur la montagne.L'objectif : faire s'écrouler les dernières roches toujours instables.Une purge nécessaire pour sécuriser l'autoroute, et engager enfin des travaux sur plusieurs autres voies de circulation toujours coupées.
Une opération à haut risque, et scrutée de près. À chaque passage de l'hélicoptère, c'est une immense poche contenant quatre mètres cubes d’eau, suspendue par un filet à l'appareil, qui est renversée sur un flanc de montagne des Alpes savoyardes. En contrebas, les pierres se détachent et dévalent la pente, sous l’œil d’experts qui surveillent cette falaise si instable et menaçante. "On est assez satisfait : quelques petits blocs sont partis, ce qui nous a permis de lessiver la paroi et donc probablement de gagner un peu de temps sur la suite des travaux", se réjouit dans le reportage du 13H de TF1 en tête d'article Christine Fons, chef de projet chez SNCF Réseau, la branche de la société ferroviaire en charge de ces opérations.
Cette purge par hélicoptère est une première en France. Un défi technique pour parvenir à sécuriser à nouveau la vallée de la Maurienne, paralysée depuis mois, à la suite d'un éboulement spectaculaire. Le 27 août dernier, une avalanche de pierres avait projeté un épais nuage de poussières sur les voies de circulations à Saint-André. Au total, ce sont quelque 10.000 m³ de blocs rocheux qui se sont détachés de la paroi de la montagne, après un épisode caniculaire suivi de fortes pluies.
"Des phases de purge ultérieures" déjà envisagées
Si la catastrophe n'avait par chance pas fait de blessés, plusieurs réseaux de transport, à la fois routiers et ferroviaires, ont été perturbés et de nombreuses communes se sont retrouvées isolées. Les autorités avaient même reporté des travaux de maintenance sur le tunnel du Mont-Blanc, un axe majeur entre la France et l'Italie qui s'est quant à lui retrouvé engorgé.
Depuis, une muraille de conteneurs a été dressée le long de l'A43 pour protéger une voie. L'autoroute a ainsi pu rouvrir aux automobilistes au début du mois, sur la portion "située entre Saint-Michel-de-Maurienne et Le Freney", avait précisé la préfecture de Savoie. Mais, la route départementale et la voie de chemin de fer, parallèles à l'autoroute, restent coupées. Les travaux y sont toujours impossibles, tant que 3.000 m³ de roches n'ont pas été purgés.
Mais pourquoi préférer le largage de litres d'eau plutôt que l'installation d'explosifs ? C'est avant tout une question de sécurité, explique un spécialiste dans la vidéo. "Il y a des problèmes d'accès également : on a affaire à un terrain qui est instable, par définition", détaille le géologue Jacques Robert. L'eau présente ainsi l'avantage de pouvoir "être manipulée à distance et sur une surface suffisamment vaste", explique-t-il.
L'opération, qui reste particulièrement délicate, a nécessité 17 rotations d'hélicoptère ce dimanche matin. "On voit ce qui est stable, ce qui peut tenir encore et ce qui au contraire demande à partir", résume Anthony Frison, un géologue en risques naturels au sein de SNCF Réseau, présent à bord de l'appareil. "Il y aura de toute façon des phases de purge ultérieures, pour continuer à faire partir ce qui est instable", poursuit le spécialiste. Ces nouvelles interventions par hélicoptère pourraient être malgré tout secondées par le recours à des explosifs. La marche à suivre sera décidée dans les prochains jours.
Début septembre, le ministre délégué aux Transports Clément Beaune avait prévenu que la reprise du trafic ferroviaire notamment "prendrait plus de temps" et qu'il faudrait au moins deux mois pour évaluer et éventuellement mener les travaux nécessaires.