REPORTAGE - Avion : ici, on imagine le moteur du futur

par La rédaction de TF1info | Reportage vidéo : Thomas Jarrion, David Pires
Publié le 17 avril 2023 à 11h38

Source : JT 20h WE

L’avion est encore très polluant, et régulièrement pointé du doigt dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais les constructeurs travaillent à des appareils moins gourmands en carburant et donc, moins émetteurs de CO2.
Le groupe Safran nous a exceptionnellement ouvert les portes de ses laboratoires, où il imagine déjà le moteur du futur.

Au départ, une fine poudre de métal, à l’arrivée, des pièces du moteur d’avion du futur. Entre les deux, plusieurs heures passées dans une immense imprimante 3D. Des lasers y fusionnent les grains d'aluminium entre eux pour créer des formes. Ce sont des couches de matières qui, petit à petit, se superposent les unes sur les autres. "Il y a 2000 couches qui sont prévues, et on en est à 1289, donc encore une dizaine d'heures de fabrication, à peu près. Aujourd'hui, en aéronautique, on peut avoir jusqu'à 80% de déchets dans une pièce. Là, on a de l'ordre de 10% de déchets", explique Anne Thenaisie, directrice de fabrication additive chez Safran.

Le seul bémol, c’est qu’il faut être suréquipé pour nettoyer les pièces avant de les sortir de la machine. Sans protection, l'aluminium pourrait s’infiltrer dans les poumons, ce qui est dangereux. Cette technique change complètement la manière de fabriquer des moteurs. C’est la promesse, nous dit-on, d’avions qui polluent moins, à la construction, mais aussi en vol.

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La preuve avec deux pièces de même fonctionnalité et même durée de vie. La première, réalisée via les techniques conventionnelles, pèse 18 kilos. La deuxième pièce, sortant de l’imprimante 3D, est 8 kg moins lourde. Moins de matières premières, moins d’énergie pour la produire, et donc moins d’émissions de gaz à effet de serre. "Les 8 kg gagnés, c'est l'équivalent des émissions émises par une voiture sur toute sa durée de vie", précise Sébastien Messé, responsable qualité chez Safran.

On est sur un mois, un mois et demi, du moment où on voit le modèle jusqu'au moment où on a la pièce dans les mains. Sur des procédés actuels ou conventionnels, on est plutôt sur l'ordre d'un an
Manon Fortier, chef de projet chez Safran

Avant d'être fabriqué, tout a été pensé en 3D, sur ordinateur. Le temps de production s'en trouve considérablement réduit. "On est sur un mois, un mois et demi, du moment où on voit le modèle jusqu'au moment où on a la pièce dans les mains. Sur des procédés actuels ou conventionnels, on est plutôt sur l'ordre d'un an", explique Manon Fortier, chef de projet autour de la fabrication chez Safran. 

Cette technologie est au cœur du nouveau moteur que le groupe a imaginé pour l'avion du futur. Un moteur sans carénages, les hélices sont à l'air libre et deux fois plus grandes que sur un moteur classique, ce qui permet de faire rentrer beaucoup plus d'air à l'intérieur. Résultat : la consommation du moteur est réduite, avec l'espoir de constater 20% d'émissions de gaz à effet de serre en moins. 

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Des avions moins gourmands en carburant, mais à quel point ? Prenons l'exemple d'une liaison entre Paris et Lisbonne. En 1980, il fallait 7,7 tonnes de kérosène pour faire le trajet. Dans les années 2000, seulement cinq tonnes. Aujourd'hui, quatre tonnes. Demain, cela pourrait être trois tonnes. Mais reste un problème : impossible de mettre ce moteur sous les ailes des avions qui existent actuellement. 

Il en faudra de nouveaux, avec des ailes plus hautes, si on veut mettre les moteurs en-dessous, plus résistantes si on veut les placer au-dessus. Ou encore, un appareil totalement différent pour les mettre à l'arrière. Le nouveau moteur sera compatible avec les biocarburants, et l'hydrogène liquide, qui sont actuellement en cours de développement et qui permettront peut-être, un jour, des vols sans émissions de CO2.


La rédaction de TF1info | Reportage vidéo : Thomas Jarrion, David Pires

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