VIDÉO - Sécurité routière : qui sont ces (très nombreux) conducteurs qui roulent sans assurance ?

Pour sa voiture, Marine, 22 ans, étudiante en alternance à Lyon, ne voulait pas payer les 80 euros d'assurance, trop chère selon elle. Ses parents l'ont finalement convaincue d'assurer son véhicule, comme elle l'explique dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Beaucoup de jeunes prennent aujourd'hui le risque de se passer d'assurance auto : la moitié des conducteurs qui roulent sans couverture ont moins de 30 ans. 

C'est ce que pointe le "baromètre de la non-assurance routière", publié ce mercredi par le Fonds de garantie des victimes (FGV). C'est une branche de cette institution, le Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO), qui compense le défaut d'assurance des conducteurs impliqués dans des accidents de la route, en indemnisant les victimes. Le FGAO se retourne ensuite contre les conducteurs fautifs, pour récupérer les sommes engagées, parfois très importantes.

L'étude du FGV dessine en creux le portrait-robot du non-assuré type : un homme (à 80%) de moins de 30 ans (à 51%), aux revenus faibles ou nuls. Parmi les jeunes non assurés qui sont à l'origine d'accidents corporels, 41% n'ont pas non plus le permis de conduire, et une proportion importante conduisait sous l'influence de drogue ou d'alcool au moment des faits. Les non-assurés sont aussi surreprésentés en région parisienne (particulièrement en Seine-Saint-Denis), et dans les Bouches-du-Rhône.

Une des premières causes de ce choix de ne pas s'assurer est financière. En moyenne, un jeune conducteur paie environ 1000 euros par an pour assurer son véhicule, soit quasiment le double par rapport aux autres assurés. Un surcoût de l'assurance justifié par le grand nombre de jeunes impliqués dans les accidents corporels : plus de 50% selon le baromètre du FGV. Mais c'est un budget conséquent pour des étudiants ou de jeunes travailleurs, souvent tentés, comme Marine, de faire l'impasse. L'inflation n'a fait qu'aggraver ce comportement, obligeant les conducteurs, jeunes ou non, à faire des arbitrages dans leurs dépenses. 

"Si on se fait arrêter par la police, on est vite embêté, donc je ne le ferais pas", nous explique un autre jeune Lyonnais. Cette analyse semble partagée par beaucoup de jeunes conducteurs, pointe le baromètre du FGV, qui a choisi d'insérer une étude spécifique sur les jeunes conducteurs. Son directeur, Julien Rencki, pointait ce week-end une incompréhension de cette population spécifique à l'égard des assurances, dans une interview accordée au JDD pour présenter le "baromètre". S'ils ont compris que rouler sans assurance est sanctionné par des amendes lourdes, voire une suspension ou annulation de permis, ils paraissent ne pas prendre en compte les conséquences gravissimes que peut avoir un accident sans assurance, comme l'explique l'un d'eux dans cet autre reportage de TF1 ci-dessous. 

Julien Rencki cite ainsi l'exemple d'un jeune homme qui n'avait pas assuré sa vieille guimbarde, mais comptait le faire lorsqu'il aurait une voiture neuve. Or, c'est méconnaître le principe de l'assurance de responsabilité civile, qui vise à couvrir les dommages causés à des tiers - et pas seulement les dégâts que pourrait subir son propre véhicule. C'est précisément le rôle du FGAO de pallier l'absence d'assurance d'un conducteur fautif, pour indemniser des victimes. Mais l'institution se retourne ensuite contre les non-assurés pour récupérer l'argent avancé : 15.000 personnes sont actuellement poursuivies au niveau national. Et les sommes peuvent atteindre des niveaux colossaux, jusqu'à plusieurs millions d'euros, qu'un individu seul peut mettre une vie à rembourser.