Le groupe Michelin travaille sur un prototype de cargo à voiles, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.En attendant, une voile gonflable de 100 mètres carrés va être testée sur un navire reliant l'Espagne à l'Angleterre.Avec à terme, l'ambition d'équiper tous types de bateaux.
L'avenir du transport maritime se cacherait-il dans la voile ? Le géant mondial Michelin développe un cargo à voiles, pour décarboner les mers et le secteur, l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde. Utiliser les vents pour proposer une énergie plus propre aux géants des mers : c'est le cœur du projet Wisamo.
En attendant de pouvoir équiper des cargos, le groupe Michelin a développé un prototype de navire à voile, beaucoup plus petit, à Bilbao. Cette voile de 17 mètres de hauteur et de 100 m2 a été installée sur le navire Pelican, reliant l'Espagne à l'Angleterre, et va être testée sur une partie des 29 heures de navigation.
Un système autonome
Cette voile entièrement automatisée trouve elle-même l'angle pour bénéficier du vent, et est très facile d'utilisation. Gildas Quemeneur, directeur de Wisamo-Michelin, explique au micro du 20H de TF1 qu'elle est commandée par "un écran ultra simplifié". "Il y a trois boutons et ensuite le système se débrouille tout seul", assure-t-il.
Gonfler cette voile nécessite 1000 fois moins de pression que dans un pneumatique, et trois minutes suffisent. "Elle est gonflée à basse pression. Sa consommation énergétique est ridicule car elle n'a pas besoin de beaucoup d'énergie pour fonctionner et d'être gonflée à trop haute pression. Autre avantage : si elle subit de petites déchirures, ça ne l'empêche pas de fonctionner", ajoute Gildas Quemeneur.
À bord du Pelican, le commandant Xavier Maréchal assure deux fois par semaine la liaison commerciale. "En temps que marins, on a besoin d'un système fiable, qui fonctionne tout seul et avec un minimum d'intervention. Qui marche par tous les temps et capable de pousser des navires de cette taille", explique-t-il.
Conçue à Vannes, dans le Morbihan, par une vingtaine d'ingénieurs qui travaillent quotidiennement sur le projet, cette voile, doit à terme, équiper tous types de navires. Pour cela, le groupe Michelin s'appuie sur des ambassadeurs, dont le navigateur Michel Desjoyeaux, double vainqueur du Vendée Globe. Ce dernier en a équipé son monocoque de 13 mètres. "Le système va mesurer la force du vent, et savoir de combien il peut se déployer et après il y a une manettes des gaz. Tout le reste, c'est la machine qui se débrouille", détaille le navigateur.
Tankers, pétroliers, rouliers, porte-conteneurs... Près de 60.000 navires naviguent chaque année sur les mers du globe, représentant 3% des émissions de gaz à effet de serre. Pour le secteur, le retour de la voile représente à la fois un enjeu écologique et économique. "Aujourd'hui, on table sur des réductions de consommation des navires de 20 à 50%. Ça représente 20 à 50% de carburant en moins", expose Édouard Leveau, directeur technique de la Compagnie maritime nantaise.
Pour que cette voile du futur soit commercialisée, l'aile gonflable devra être huit fois plus grande que le prototype. Les tests grandeur nature débuteront en 2026.