En France, l’égalité homme-femme avance plus qu’elle ne progresse.Si des lois ont permis de faire bondir la représentativité des femmes dans le monde professionnel, l’égalité salariale reste à quai.
40 %. Il s’agit du quota de femmes que les entreprises cotées, les sociétés de plus de 250 salariés ou avec un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros doivent respecter dans leurs conseils d’administration et conseils de surveillance. Une mesure obligatoire en France depuis la loi Copé-Zimmermann votée en 2011. "Grâce à cette loi, la France est sur la première place européenne en matière de féminisation des conseils d’administration de ses grandes entreprises", se réjouit le ministère de l’Économie sur son site. La loi a notamment permis aux femmes de siéger dans les instances de surveillance des entreprises du SBF 120 (indice des plus grosses capitalisations en bourse de sociétés françaises). L’autre face de la médaille montre une réalité moins reluisante : seuls 22 % des femmes sont représentées dans les comités de direction du SBF 120. Même si la part des femmes dans les comités exécutifs et dans les comités de direction progresse, nous restons loin de la parité.
Les assises de la parité homme-femme se tiennent ce mardi 28 juin 2022. L’objectif est d’accélérer l’équilibre et l’égalité homme-femme pour garantir à chacun les mêmes chances professionnelles. "Nous savons que la parité est source de performance, de créativité, d’innovation et de croissance : notre économie en a besoin autant que notre société", écrit l’International Women’s Forum France, organisatrice de l’évènement en ligne.
Que disent les chiffres actualisés de la parité homme-femme dans le monde professionnel en France ? Si la discrimination à l’embauche pénalise beaucoup moins les femmes, sauf exception dans des métiers masculins par exemple, d’autres obstacles se dressent sur leur chemin de la reconnaissance professionnelle.
Les salaires toujours déséquilibrés
Véritable point noir, l’égalité salariale entre hommes et femmes. En moyenne, les Françaises gagnaient 23 % de moins que leurs homologues masculins en 2017, d’après les calculs de l’INSEE. À temps de travail équivalent, elles touchaient 16,8 % de moins. Plus inquiétant, dès que femmes et hommes s’élèvent sur l’échelle des salaires, les écarts s’accroissent. En 2019, la dernière étude du Céreq (Centre d’étude et de recherche sur les qualifications) montre que les inégalités salariales se mettent en place dès le premier emploi, quel que soit le diplôme. Les écarts moyens de salaires entre femmes et hommes peuvent déjà y atteindre 16 %.
En 2021, 70 % des femmes exerçaient une activité. Un chiffre qui tend à légèrement augmenter sans parvenir à rattraper celui des hommes qui grimpe autour de 75 %. Notons néanmoins qu’en 2019, plus de 28 % des femmes actives travaillaient à temps partiel, 20 points de plus que les hommes. Un temps partiel, souvent non choisi, destiné à s’occuper de leurs enfants ou de leurs parents. Une étude, publiée sur le site du ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, reconnaît que les femmes sont plus à risque de devenir des travailleuses pauvres. Elle précise par ailleurs que si elles obtiennent davantage de master que les hommes, les femmes sont moins bien insérées 30 mois après leur diplôme.
Chefs d’entreprises très masculins
Les chiffres divergent nettement en fonction des secteurs. Le sport fait partie des mauvais élèves. Les femmes sportives professionnelles restent largement moins rémunérées que leurs homologues masculins. Prenons l’exemple du football où en ligue 1, le salaire moyen des femmes n’excède pas le vingtième de celui des hommes. Peu représentées et défendues dans les instances dirigeantes des fédérations sportives, une loi vient d’être votée pour y instaurer la parité dès 2024.
À la tête de leurs entreprises, les femmes restent également largement minoritaires. En France, 3,6 millions d’entre elles dirigent leur société, soit une proportion de 32 % seulement sur les 11,2 millions de dirigeants d’entreprises français. Un chiffre en dessous de la part de femmes dirigeantes dans le monde : 36 % de femmes manageaient dans le monde en 2020, d’après le forum économique mondial. À ce rythme, il faudra 257 ans à l'humanité pour atteindre la parité managériale.
Pour améliorer les choses, les femmes nécessitent de meilleures représentations politiques. Nous venons d’élire 215 députées à l’Assemblée nationale, un recul historique par rapport à la précédente mandature (224 en 2017). Les 37,6 % de femmes auront fort à faire pour imposer ces préoccupations qui nous concernent tous.
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