"Avez-vous besoin d'une reconversion ?" : sept questions à se poser avant un changement de vie professionnelle

par Sibylle LAURENT
Publié le 3 mai 2019 à 12h52
"Avez-vous besoin d'une reconversion ?" : sept questions à se poser avant un changement de vie professionnelle

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CONSEILS – Parce que la reconversion professionnelle est parfois idéalisée, Yves Deloison, fondateur du blog Toutpourchanger.com et auteur de "Réussir sa reconversion", donne ses conseils.

Vous n’êtes pas satisfait ? Hop, pourquoi ne pas changer, vous reconvertir ? Aujourd’hui, tout le monde veut changer de vie. Mais est-ce vraiment ce qu’il vous faut ? Avant de se lancer, mieux vaut bien réfléchir. La reconversion professionnelle est en effet loin d’être un long fleuve tranquille. Elle pourrait bien ne pas tout à fait correspondre à ce qui était espéré. 

En effet, si l’on parle souvent de ce cadre de la finance devenu ébéniste, ce genre de reconversion est loin d’être représentatif de la réalité. Il en est de même pour ce bibliothécaire qui devient développeur web ou cet ébéniste, justement, qui se lance dans le contrôle de gestion.

Yves Deloison, auteur de "Réussir sa reconversion" (éditions Héliopoles), nous explique les pièges à éviter pour limiter les déconvenues. "Avant tout, il faut bien cerner ce qu’est la réalité de la reconversion", explique-t-il. "Ce qui importe est de construire un projet qui répond vraiment à des aspirations personnelles. Il y a tout un cheminement à opérer en amont, qui passe par de nombreuses étapes, et dont certaines sont clés, pour ne pas prendre le risque de se planter." 

1 • Est-ce une reconversion qu’il vous faut ?

"On peut en effet se méprendre sur les raisons qui font qu’on n’est pas satisfait de sa reconversion : si je suis salarié dans une structure dans laquelle je ne me sens pas bien parce que les relations sont conflictuelles, cela peut entraîner une grosse frustration, mais il se peut qu’un changement d’entreprise ou de statut permette de répondre à cette insatisfaction. Il faut donc bien regarder les raisons qui génèrent l’insatisfaction. Est-ce qu’on a besoin d’une reconversion ? Si oui, il y a tout un processus à enclencher."

2 • Avez-vous bien défini votre projet ?

"Deux choses comptent vraiment dans la décision de se reconvertir et dans son nouveau projet. D’abord, soi : comment je construis un projet à partir de ce que je suis viscéralement ? Mais il faut aussi tenir compte de l’environnement : je peux toujours décider de faire quelque chose qui me convienne parfaitement mais s’il n’y a aucun débouché ou qu’il n’existe pas de formation, cela va remettre en question le projet. "

3 • Vous êtes-vous posé les bonnes questions ?

"Il y a d’abord un travail d’introspection personnel à faire en amont, qui n’est pas forcément accompagné au départ : pour quelles raisons, concrètement, suis-je insatisfait ? Dans l'idéal, dans quel type de contexte j’aimerais travailler, quel environnement ? Mettre tout cela à plat va permettre de s’orienter. Au bout d’un moment, on peut avoir besoin d’un accompagnement (car c’est un univers compliqué) sur les possibilités, les offres de formation ou de financement, avec un choix d’opportunités méconnues.

D'où la nécessité de ne pas s'être posé de questions dans le vide, d'avoir un peu réfléchi. Exemple typique avec un accompagnement approfondi comme le bilan de compétence : si on n’a pas pris le temps d’y réfléchir avant, on risque de courir à l'échec. Car ce n’est pas une prestation magique, où l’on rentre dans une boite et on en sort avec un métier clé en main."

Ils ont réussi leur reconversion professionnelle : leurs conseils pour éviter les erreursSource : Sujet JT LCI

4 • Redoutez-vous l'échec ?

"Il y a des risques d’échec. Mais souvent, on échoue en raison d'un objectif qui était peut-être irréalisable. Mais l'échec n’est pas négatif, au contraire. Il faut réviser ses objectifs pour ne pas s’enferrer dans un objectif irréalisable : si ce n’est pas possible, c’est à nous d’en faire quelque chose de possible, d’aller chercher d’autres pistes. C’est comme pour l’achat d’un bien immobilier : on voudrait acheter un château, on a les moyens d’acheter une cabane. 

Sur quoi joue-t-on pour trouver un compromis ? La vie n’est faite que de cela, de révisions, d’adaptations, d’ajustements. Cela oblige à se creuser la tête et être sûr que ses choix sont en corrélation avec la globalité de ce que l’on est et ce que l’on veut être. Souvent, un échec est un mal pour un bien, et permet d’aller encore plus loin."

5 • Vous laissez-vous (trop) influencer par les autres ?

"Il ne faut pas se laisser influencer par ce que disent les autres, ils ont tendance à projeter leurs propres angoisses sur vous et cela peut changer votre cheminement mais pas forcément pour les bonne raisons. Attention, il est pour autant toujours intéressant d’échanger, surtout avec ceux qui sont concernés directement. Mais il ne faut pas rester sur des impressions, des sensations, des on-dit. Il faut se faire sa propre idée, aller vérifier ce qu’il y a derrière les projections que l’on se fait soi-même, vérifier de manière très objective la véracité des informations, vérifier que ce que l’on a en tête correspond bien à la réalité."

6 • Vous êtes vous plongé dans le concret ?

"Il faut vraiment se poser la question du principe de réalité : vérifier sur le terrain qu’on est fait pour ce statut, cette mission, ou cette activité. Il y a des solutions pour cela : tester un métier, parler avec les gens qui le pratiquent, pour voir ce que cela signifie concrètement au quotidien, quels sont les moments où il va y avoir plus de pression, si on le sent ou pas.  

Il faut bien retenir qu’aucune situation n’est idéale, il faut donc peser le pour et le contre, mettre en balance tout ce qui va nous séduire mais aussi tout ce qui pourrait être plus compliqué au quotidien. Cela permet de faire un choix en connaissance de cause, en anticipant les conséquences, y compris les aspects moins rigolos."

7 • Connaissez-vous vos résistances

"Nous avons tous des résistances au changement, avec lesquelles il faut batailler. Il est intéressant de les connaître pour être conscient de ce qui peut nous bloquer : cela peut-être notamment la peur de l’échec, voire la peur de réussir, la peur d’aller voir d’autres personnes."

> "Réussir sa reconversion", de Yves Deloison, aux éditions Héliopoles, 9,90 euros


Sibylle LAURENT

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