Businessman à succès, multimillionnaire et philanthrope : les petits "tips" d’Alexandre Mars pour réussir dans la vie

par Sibylle LAURENT
Publié le 30 janvier 2019 à 16h43, mis à jour le 31 janvier 2019 à 19h08
Businessman à succès, multimillionnaire et philanthrope : les petits "tips" d’Alexandre Mars pour réussir dans la vie

Source : Epic

PORTRAIT – Souvent présenté comme le "Bill Gates" français, Alexandre Mars est un entrepreneur du numérique. Depuis quelques années, il prône l’importance du partage des richesses, via le don. Multimillionnaire et altruiste ? Il explique comment c’est possible.

Il arrive, l’air dégagé, à grandes enjambées, s’excuse d’être en retard, dans une  blague. De toute façon, dans cette salle de région parisienne où il donne une conférence, l’auditoire, nombreux, est déjà acquis, et beaucoup serrent dans leurs mains son livre sorti en mai dernier, "La révolution du partage" (Flammarion/Versilio). 

Alexandre Mars est un homme complexe. A la quarantaine passée, c'est un multimillionnaire. Un homme qui côtoie les grands patrons, qui se balade entre la France et les Etats-Unis. C’est, aussi, dit-il, un homme qui veut "lutter contre les injustices sociales", "démocratiser la philanthropie", ce terme "un peu guindé". C’est, enfin, un homme avenant, sans doute pressé et qui, pourtant, affiche un air détendu, heureux. Bref, un homme qui a réussi dans la vie, qui veut en faire profiter les autres et a envie de partager sa recette.

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J’ai appris qu'en affaires, 'non' n’étais pas une réponse, j’ai travaillé encore plus dur

Alexandre Mars

Son mantra ?  "Le sens. La recherche de sens". C'est l'une des premières choses qu'il dit avant de dérouler son parcours. "Je pense que la plupart des gens ont cette quête de sens, partout dans le monde". Une clé, sans doute, de compréhension pour toute la suite.  Et une autre : à l'origine, un père entrepreneur, une mère engagée dans le social, ce couple qui s’expatrie aux Etats-Unis dans les années 1960. Lorsqu’ils divorcent, Alexandre Mars rentre en France avec sa mère. "Elle a passé sa vie à s'occuper des autres. J’ai grandi en voyant à la maison des gens en difficulté, de toutes origines. J’ai commencé à mon tour à m’occuper de ma communauté en devenant le président des élèves de mon collège puis de mon lycée. Et j’ai vite compris que l’argent était un moyen de changer la vie des autres." Idéaliste, mais pragmatique. 

Et c’est là que tout commence. En créant des entreprises. "J’étais mauvais en foot, je n’avais pas de talent particulier, alors je me suis lancé dans l'entreprenariat. Ma première société (ndlr : fondée à 17 ans) organisait des concerts. Grâce à l’argent gagné, j’ai acheté mes premiers ordinateurs". Quelques années plus tard, au milieu des années 90, il a l'intuition que l'avenir, ce n'est pas le minitel, mais le mobile. Il lance Phonevalley, une agence de marketing mobile. "Pourtant, j’avais 20 ans, ce qui était un vrai défaut en France", souligne-il. "Ajoutez à cela les cheveux longs, une barbe, un baggy, j’avais tout ce qu’il fallait pour que l’on ne me fasse pas confiance", résume-t-il. "Mais j’ai appris qu'en affaires, 'non' n’était pas une réponse, j’ai travaillé encore plus dur." 

Il veut "démocratiser" la philanthropie

Il apprend alors à parler le langage de ceux qu’il veut convaincre. Aujourd’hui, il a le pantalon cintré, l’allure sportive-chic mais discrète de la crédibilité. Parce que tout ça a payé. "Un jour, Steve Jobs a annoncé l’Iphone. En 15 jours, j’avais une quinzaine d’offres de rachats de Phonevalley." Il vend sa société à Publicis. Et il continue comme ça, à flairer l'air du temps. Avant ses 40 ans, il a créé 4 start-up, dans le numérique, développées avec succès, puis revendues. "Il faut toujours sortir d'une vision autocentrée", lance-t-il. 

Et, toujours le guide cette idée : gagner de l’argent, pour aider les autres. "Je voulais protéger les enfants et les femmes battues. Mais pour avoir un réel impact, il fallait d’abord en avoir les moyens", répète-t-il. Et confesse, en un sourire : "Je pensais que ça allait prendre moins de temps !". En 2013, il met fin à "20 ans d’entreprenariat", ou débute plutôt un "entreprenariat social", son but ultime. Cela donne Epic, une plateforme qui vise à "ce que le don devienne la norme".  

Aujourd’hui, les inégalités posent de vrais problèmes. Il faut aller vers le partage

Alexandre Mars

Là encore, Alexandre Mars a mené l'affaire avec un pragmatisme d’entrepreneur, avec une étude de marché. Et identifié les freins aux dons : "Les gens répondent tous la même chose : ils n’ont pas confiance dans les organisations sociales, ou pas le temps ou ont un manque de connaissance des associations existantes." Voilà ce qu’Epic veut révolutionner : la fondation prend notamment la forme d'une agence de notation qui évalue les ONG les plus pertinentes en termes d’impact social, de gestion opérationnelle, de leadership et de gouvernance. Tous les frais structurels sont pris en charge par Alexandre Mars, pour que la totalité des dons soient reversés directement aux organisations.

Plus globalement, l’entrepreneur pose son rapport décomplexé à l’argent. Il ne pense pas noir ou blanc mais explore les 1.000 nuances de gris : "L’argent, c’est un pouvoir et un contre-pouvoir", martèle-t-il. "On a parfois beaucoup plus d’impact en étant dans le système que hors du système. Je ne crois pas en un monde binaire, qu’on est forcément méprisable quand on bosse en entreprise, ou quelqu’un de bien quand on travaille dans le social." L’argent, pour lui, c’est un moyen. "J’ai pris la décision de tout dépenser de mon vivant", dit-il d’ailleurs. "L’argent doit circuler, s’équilibrer. Il parle, en passant, des Gilets jaunes. "Ce mouvement, qui lutte pour une meilleure répartition de ce qu’on a, nous étions nombreux à le voir arriver. Aujourd’hui, les inégalités posent de vrais problèmes. Il faut aller vers le partage." 

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Nous avons oublié le partage, on a oublié les autres

Alexandre Mars

Cette révolution, ce partage, cet optimiste le prêche dans son livre. "Il y a 20 ans, ma génération, c’était oncle Picsou. Il fallait posséder. Nous avons oublié le partage, on a oublié les autres, on voulait notre voiture, notre bureau", analyse l'entrepreneur. "Et les Millenials, les moins de 30 ans, sont arrivés. Ils voient le monde différemment. Aujourd’hui, 20% des jeunes des grandes écoles veulent travailler dans le social. A mon époque c’était 1% !" Et cela peut tout changer. "Cela veut dire que les marques s’adaptent ou vont s’adapter. Nous, en tant que consommateurs, avons aujourd’hui un pouvoir très fort et la capacité de changer la donne !.

AIexandre Mars cite notamment Uber et les désordres du patron, qui ont suscité un hashtag et entraîné un mouvement des consommateurs vers un concurrent. Ou encore "C’est qui le patron", cette marque qui veut changer le monde de l’agroalimentaire, en rémunérant le producteur au juste prix. "Deux ans après, elle représente près de 5% du marché du lait en France  !  Rappelez-vous : on a le choix. On peut changer les choses", redit-il. "L’entreprise, c’est là où l’on passe une majorité de son temps. A un moment, forcément, se pose la question du sens."


Sibylle LAURENT

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